L’Encyclopédie/1re édition/BATTERIE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 148-154).
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BATTERIE (Art milit.) on appelle ainsi dans l’Art militaire tous les endroits où l’on place du canon & des mortiers, soit pour tirer sur l’ennemi, soit pour la destruction ou l’attaque des places de guerre : ainsi une batterie de canon est une batterie qui ne contient que des canons, & une batterie de mortiers est celle qui est destinée au service des mortiers.

Dans un combat, on tire le canon à découvert sans qu’il y ait aucune élévation de terre qui couvre ceux qui le chargent, & qui le font maneuvrer. Comme il n’a pas ordinairement alors de position fixe, & qu’il en change, suivant que le général le croit nécessaire, on ne peut lui pratiquer d’épaulement. Il n’en est pas de même dans l’attaque des places ; le canon s’établit fixement dans les lieux où on le juge utile ; & il est absolument nécessaire, pour qu’on puisse le servir sûrement, qu’il soit derriere un parapet assez épais pour résister à l’effort du canon de la place.

La construction de ce parapet, qu’on appelle ordinairement épaulement, est proprement celle de la batterie. On en donnera ici le détail tel que M. de Vauban le donne dans son traité de l’attaque des places.

Il faut, autant que l’on peut, que le lit du canon, c’est-à-dire, l’endroit ou le terrein sur lequel il est placé, soit élevé de quelques piés au-dessus du niveau de la campagne.

Il faut donner au parapet trois toises d’épaisseur, & sept piés & demi de hauteur.

On construit ces parapets de terre & de fascines, ou saucissons.

On les trace avec un cordeau, ou avec de la meche, parallelement aux parties de la fortification qu’on veut détruire. Cela fait, on prend de la terre sur le devant de la batterie, en y pratiquant pour cet effet, un petit fossé. On fait alternativement un lit de terre bien foulé, & un lit de fascines mises en boutisses, c’est-à-dire couchées, selon leur longueur, dans la largeur du parapet ; on les attache bien solidement ensemble par des piquets qui les lient de maniere que tous ces différens lits ne font qu’un seul & même corps. On pose des fascines en parement, c’est-à-dire, couchées, selon leur longueur, le long de tous les côtés du parapet ; elles sont attachées fortement avec des piquets à l’intérieur du parapet.

On éleve d’abord ce parapet jusqu’à la hauteur de deux piés & demi ou trois piés, & l’on commence ensuite les embrasures du côté intérieur de la batterie. Elles se font de dix-huit piés en dix-huit piés, afin que le merlon, ou la partie de l’épaulement qui est entre les embrasures, ait assez de solidité pour résister à l’effort du canon. Ces embrasures ont trois piés d’ouverture du côté intérieur de la batterie, & neuf du côté extérieur.

Les embrasures étant ainsi tracées, on acheve d’élever le reste de l’épaulement, & l’on donne à la partie du parapet plus élevée que les embrasures, la pente ou le talud convenable pour que les merlons ne s’éboulent pas dedans.

On appelle genouilliere de la batterie, la partie du parapet depuis le niveau de la campagne, jusqu’à l’ouverture des embrasures, dont les joues sont les deux côtés de l’épaisseur de l’épaulement qui terminent l’embrasure de part & d’autre.

Le parapet, ou l’épaulement, étant achevé, on prépare les plattes-formes vis-à-vis les embrasures. (Voyez Platte-forme. ) Lorsqu’elles sont achevées, on y fait conduire le canon.

La fig. 10. de la Planche VIII. de l’Art milit. mettra au fait de tout ce qui concerne les batteries de canon.

Elle représente le plan d’une batterie avec les plattes-formes, & le canon posé dessus vis-à-vis les embrasures ; & la fig. premiere de la Planche IX. fait voir le profil d’une batterie avec une piece de canon dans son embrasure, & prête à tirer.

On ajoûtera ici, pour plus de détail, la maniere suivante de construire une batterie de canon devant une place assiégée ; elle est tirée des Mémoires d’Artillerie de M. de Saint-Remy.

Le commissaire qui doit commander la batterie, commence par reconnoître le terrein avec quelques officiers de ceux qui doivent y servir, & ensuite il fait provision de toutes les choses nécessaires, comme des outils à pionniers de toutes sortes, le double de ce qu’il y aura de travailleurs ; il doit en prendre des qualités qu’il jugera à propos, selon le terrein, c’est-à-dire, pour une terre grasse & de gason, beaucoup de bêches.

Dans du sable, beaucoup de pelles de bois ferrées.

Dans des pierres, ou dans la terre ferme, des hoyaux ou pics-hoyaux.

Des serpes, masses, haches & demoiselles, deux de chaque façon par piece ; des fascines & des piquets. Les fascines doivent être de cinq à six piés de longueur, & environ dix pouces de diametre, à chacune trois bons liens.

Les piquets doivent être de trois piés & demi de longueur, & un pouce & demi de diametre par le gros bout.

Lorsque le commissaire sera sur le terrein destiné pour la batterie, il la tracera avec de la meche & des fascines, & observera qu’elle soit parallele à ce qu’on lui aura marqué de battre. Il donnera dix-huit ou vingt piés d’épaisseur à l’épaulement, suivant les bonnes ou méchantes terres ; & supposé que la batterie soit de six pieces, il faudra prendre vingt toises de terrein ; & pour diligenter la batterie, il faudra du moins quatre-vingts travailleurs, qui seront partagés moitié d’un côté, moitié de l’autre, & environ à trois piés l’un de l’autre.

A l’égard des commissaires & officiers qui seront destinés pour la batterie, il les postera de distance en distance d’un & d’autre côté, afin de faire travailler les soldats avec diligence ; après quoi il faudra jetter la terre pour faire l’épaulement : ceux qui seront dans le dedans de la batterie tireront de la terre de loin pour ne pas s’enfoncer ; & ceux du dehors & du côté de la place feront un fossé d’environ dix piés de large & six piés de profondeur, afin de trouver beaucoup de terre, tant pour se mettre à couvert du feu de la place, que pour faire l’épaulement.

Il fera laisser entre le fossé & la fascine qui aura servi à tracer la batterie, une berme d’environ trois ou quatre piés, afin d’avoir plus de facilité à jetter la terre sur l’épaulement pour raccommoder la batterie lorsqu’elle sera éboulée par le soufle du canon de la batterie même, & par le canon de la place.

Lorsqu’on aura assez jetté de terre du fossé sur l’épaulement, ou que le jour commencera à faire voir de la place les travailleurs, alors le commissaire les fera retirer de derriere, & les fera passer devant pour toûjours jetter de la terre sur l’épaulement avec les autres, & ensuite fasciner le devant de la batterie, aussi-bien que les deux extrémités qu’il faut faire en petit épaulement ; & pour cet effet, il fera faire un petit fossé de côté & d’autre, afin d’avoir de la terre, tant pour se couvrir des pieces de la place, qui peuvent battre en roüage, que pour empêcher la communication & les passages, qui sont incommodes, des tranchées à la batterie ; & cette terre servira aussi pour emplir & fortifier les merlons des deux bouts.

Lorsque le parement de la batterie sera fasciné de trois piés de hauteur, qui doit être celle de la genouilliere, il partagera les vingt toises de terrein, qui font cent vingt piés, en treize parties.

La premiere sera de neuf piés, pour le premier merlon.

La seconde, de deux piés, pour une embrasure.

La troisieme, de dix-huit piés, pour le merlon d’entre deux pieces, & tout le reste de même.

Ce sera encore pour le dernier merlon, neuf piés.

Il donnera de l’ouverture à l’embrasure en dehors de neuf piés, après quoi il partagera les embrasures aux commissaires & aux officiers qui seront avec lui, suivant qu’il se pratique ordinairement, afin que les commissaires fassent fasciner & piqueter avec soin leurs embrasures ; on observera de mettre toûjours trois bons piquets par chacune fascine contre les liens. Il prerdra garde, de tems à autre, que les commissaires ouvrent & dégorgent les embrasures, de maniere qu’elles puissent battre en ligne directe, ce qui leur aura été marqué ; après quoi il fera toûjours fasciner & jetter de la terre à hauteur de six piés ; & en cas que la batterie soit battue de quelque cavalier ou bastion élevé, il la fera hausser de sept à huit piés, autant qu’il en sera besoin.

Quand les embrasures seront bien fascinées & dégorgées, & qu’il ne restera plus de terre que pour s’empêcher d’être vû de la place, on travaillera aux plattes-formes, & l’on commencera à mettre le terrein de niveau, ensorte qu’il n’y reste aucunes pierres, s’il se peut ; après quoi l’on doit poser le heurtoir qui sera de neuf pieds de longeur, sur neuf à dix pouces en quarré, & ensuite le premier madrier qui sera de neuf piés & de longueur, sur un pié de large & deux pouces d’épaisseur.

Le second sera de dix piés de longueur.

Le troisieme de dix piés & .

Et tous les autres en suivant jusqu’au nombre de dix-huit, & toûjours un demi-pié de plus les uns que les autres, pour rendre la platte-forme depuis les heurtoirs jusqu’au dernier madrier de recul, de dix-huit piés de long, & dix-huit piés de large au recul.

La platte-forme sera relevée depuis le heurtoir jusqu’au dernier madrier de recul de neuf à dix pouces, & bien arrêtée au recul par deux gros piquets de bois de charpente ; après quoi il pourra demander à faire marcher le canon du grand parc, qui doit être armé pour chaque piece de deux lanternes & deux refouloirs, autant d’écouvillons & de coins de mire, & de huit leviers.

Les canoniers ordonnés pour mettre le feu au canon, doivent avoir chacun deux dégorgeoirs, deux fournimens, deux boute-feux ; & pour toute la batterie, quelques tireboures du calibre des pieces.

Il faudra choisir un endroit pour un grand magasin à poudre pour toute la batterie, derriere un fossé relevé, ou redan de terre, & s’il n’y en a point, faire un épaulement à cinquante pas de la batterie. Quelques-uns même sont d’avis de porter ce magasin à cent pas, pour mettre à couvert une cinquantaine de barrils de poudre, & la sentinelle pour les garder.

Il faudra aussi avoir un petit magasin à poudre de deux pieces en deux pieces, qui puisse contenir deux tonneaux de poudre, éloigné du recul des pieces d’environ dix à douze pas, & couvert de fascines, avec un petit boyau de chaque côté pour y entrer, en cas que l’on soit vû de la place.

Il est nécessaire que le canon arrive à nuit fermante à la batterie avec toutes les munitions, & qu’il y ait au moins de quoi tirer cent coups de chaque piece. Ces munitions seront mises dans le grand magasin près la batterie, & dans les petits que l’on aura faits à dix pas des platte-formes ; & l’on ne perdra aucun temps pour faire placer les pieces, afin qu’elles puissent être logées & en état de tirer la nuit même, si le général l’ordonne, ou à l’ordinaire à la pointe du jour.

Le commissaire doit avoir soin, sur toutes choses, de visiter de temps en temps les grands & petits magasins ; afin qu’en prenant des mesures justes, il ne lui manque rien, ni poudre, ni boulets, ni fourrage. Il faut même qu’il ait toûjours des fascines & des piquets pour raccommoder le soir les épaulemens & les embrasures ; & sur tout, que les platte-formes soient bien nettes, & qu’il ne s’y répande point de poudre, non plus que dans les magasins, afin de ne point courir le risque du feu qui arrive souvent sans toutes ces précautions.

Lorsque le canon est prêt à tirer, on fait détruire le côté extérieur des embrasures qu’on a laissé exprès d’une très-petite épaisseur, & seulement pour cacher ou masquer la batterie ou les embrasures : ou bien l’on tire le canon qui détruit bientôt cette espece de petit tideau. C’est ce qu’on appelle démasquer une batterie.

Pour tout ce qui concerne le service d’une batterie de canon, voyez Charge & Canon.

La table suivante qui est aussi tirée des mémoires d’artillerie de M. de Saint-Remy, peut être fort utile pour donner une connoissance éxacte de toutes les choses nécessaires à la construction & au service des batterries de canon.

Batteries du chemin couvert, sont celles qu’on établit sur la partie supérieure du glacis pour battre en breche, lorsqu’on est maître du chemin couvert.

Ce qu’il y a d’essentiel à observer dans ces batteries, c’est d’en ouvrir les embrasures, ensorte qu’elles découvrent bien toutes les parties de la place qu’elles doivent battre, & qu’elles ayent une assez grande pente du derriere au devant pour plonger jusqu’au-bas des revêtemens que l’on veut ruiner. Comme leur construction est fort dangereuse, parce qu’elle se fait sous le feu du rempart de la place, on les masque quelquefois, c’est-à-dire, qu’on met devant les endroits où elles s’établissent, des sacs à laine, ou quelqu’autre chose qui cache les travailleurs à l’ennemi. Voyez Batterie à ricochet, voyez aussi Pl. XII. de l’Art milit. le plan des batteries du chemin couvert.

Batterie de Mortier ; c’est un lieu préparé pour tirer les mortiers sur une place assiégée. Ces batteries ne different de celles du canon, qu’en ce qu’on ne fait point d’embrasures à leur épaulement.

Les plattes-formes de ces batteries ont un pié de longueur & six de largeur : le devant se pose à deux piés de l’épaulement de la batterie.

Le magasin à poudre pour le service de la batterie, doit être derriere à quinze ou vingt pas, comme aux batteries de canon, avec un boyau de communication pour y aller en sûreté. On met des planches ou des fascines avec de la terre dessus pour le garantir du feu.

Les bombes chargées se mettent à côté du même magasin à cinq ou six pas de distance.

Pour ce qui concerne la maniere de charger le mortier & de le pointer, voyez Mortier & Bombe.

Instruction de M. Camus des Touches, pour le service d’un mortier de douze pouces, à un siége. Lorsque la batterie est construite, & que les mortiers y sont logés, on assemble tout ce qui est nécessaire pour l’exécution. Savoir : une provision de bombes chargées ; une botte de fourrage ; de la terre douce ; deux couteaux de bois ou spatules ; une bêche ; un pic-hoyau ; un balai ; quatre leviers ; une demoiselle ; un crochet ; une curette ou racloir ; un quart de cercle ; deux boute-feux ; deux coins de mire : chaque mortier doit être aussi fourni, & avoir à portée de quoi remplacer dans le besoin. Le Magasin à poudre sera dans le milieu de la batterie, vingt ou vingt-cinq pas derriere ; & s’il faut un boyau pour y communiquer sans être vû, on le tirera du milieu de la batterie, ou de quatre mortiers en quatre mortiers, si la batterie est considérable ; observant de laisser un terre-plein entre le mortier & le commencement du boyau, afin qu’on puisse se remuer dans la batterie.

Les bombes chargées seront à côté du magasin à quelques pas de distance, la fusée renversée en terre. Les armes du mortier seront couchées à droite & à gauche.

Pour servir un mortier de douze pouces, il faut un cadet bombardier, & quatrè servans. Le cadet & ces quatre servans doivent être placés comme il suit, avec ce qui sert au service du mortier.

A la gauche du mortier. A la droite du mortier.
 
Deux servans. Le cadet.
Une botte de fourrage. Deux servans.
De la terre douce. Une demoiselle.
Un couteau ou spatule. Un crochet.
Une bêche. Une curette ou racloir.
Un balai. Un couteau ou spatule.
Deux leviers. Un sac à poudre.
Un picq-boyau.
Deux leviers.

Les deux boutefeux seront mis derriere le mortier. Le cadet bombardier doit avoir un quart de cercle & un dégorgeoir. Il a soin d’aller chercher la poudre dans un sac au petit magasin. Il charge le mortier avec une mesure, après avoir mis son dégorgeoir dans la lumiere, & demande à l’officier qui commande, à combien de poudre il veut qu’on charge ; il la met dans la chambre du mortier, & l’égale bien avec la main. Le premier servant de la gauche lui fournit un bouchon de fourrage ; le premier de la droite lui donne la demoiselle : le cadet refoule un petit coup le fourrage qu’il a mis sur la poudre. Le premier soldat de la gauche lui fournit de la terre douce sur la bêche, pour mettre dans la chambre, & achever de la remplir.

Le cadet, après avoir placé cette terre, la refoule à petits coups, puis de plus fort en plus fort, jusqu’à ce que la chambre soit pleine, & fait sur la superficie un lit pour asseoir la bombe. Le premier soldat de la droite remet la demoiselle en son lieu. Le second servant de la droite, & celui de la gauche, prennent un levier & le crochet, & apportent la bombe chargée ; ils aident le cadet à la placer : le cadet pose la bombe bien droite dans l’ame du mortier. Le premier servant de la gauche lui fournit de la terre pour mettre autour de la bombe avec le couteau ou spatule, que le premier de la droite lui donne. Le cadet place la terre autour de la bombe, de maniere que son centre se trouve, s’il est possible, dans l’axe de l’ame du mortier, que les anses soient en haut & tournées suivant l’alignement des tourillons.

Lorsque la bombe est placée dans le mortier, le cadet pointe en s’alignant sur le piquet planté au haut de l’épaulement, & qui sert à s’ajuster : & pour cela les quatre servans ensemble prennent chacun un levier ; le premier de la droite & celui de la gauche, embarrent devant, & les deux autres derriere : tous ensemble poussent le mortier en batterie, suivant le commandement de l’officier ou du cadet ; ensuite les deux premiers servans lui passent un levier sous le ventre, pour le baisser & le hausser suivant les degrés de hauteur que l’officier ou le cadet veulent lui donner ; & le second servant de la gauche pousse ou retire le coin de mire pour cet effet, au commandement qu’il en reçoit. Ce deuxieme servant avec son camarade de la droite, prennent chacun un levier pour donner du flasque. Le mortier pointé, le cadet retire son dégorgeoir de la lumiere, il amorce avec de la poudre fine, & met un peu de poulverin sur le bassinet, & sur la fusée de la bombe, après avoir graté la composition avec la pointe de son dégorgeoir, afin que le feu y prenne promptement. Le premier servant de la droite prend le boutefeu, met le feu à la fusée. Le premier servant de la gauche, met le feu au mortier au commandement de l’officier ou du cadet, qui ne se donne que quand la fusée est bien allumée. Lorsque son coup n’a pas beaucoup de portée, il laisse brûler quelque tems la fusée, & ordonne le feu au mortier suivant l’estimation du tems qu’elle doit encore durer, ensorte qu’elle puisse crever au moment après qu’elle est tombée ; la longueur de la fusée se connoît en comptant 1, 2, 3, &c. également depuis son commencement jusqu’à sa fin. Le cadet ou l’officier, en donnant le commandement, se tiennent à portée de pouvoir observer leur coup, pour se corriger, & mieux ajuster dans la suite. Quand la bombe est partie, le premier servant de la droite nettoye le mortier avec la curette ou racloir, & un bouchon de fourrage, que celui de sa gauche lui donne. Le second servant de la gauche, a le soin de balayer toûjours pendant qu’on sert la piece, afin qu’il ne reste point de poudre qui puisse mettre le feu à la batterie. Les deux seconds servans prennent chacun un levier, les placent sous le ventre du mortier pour le mettre debout, & en état d’être rechargé. Le cadet va à la poudre avec un sac, charge le mortier avec la mesure, &c. chacun reprend le même poste & ses mêmes fonctions enseignées ci-dessus. Pour charger les bombes, on les emplit de poudre avec un entonnoir, on fait ensuite entrer la fusée par le petit bout dans la lumiere de la bombe, & on l’enfonce avec un repoussoir de bois à coups de maillet de bois, & jamais de fer.

Les petits mortiers se servent à proportion comme celui de douze pouces. Ceux à grenades sont servis par un seul homme ; à l’égard du pierrier, il ne faut que trois hommes. La différence qu’il y a de son service à celui du mortier, est qu’au lieu de la bombe, on met des pierres dans l’ame, sous lesquelles on place un plateau ou une pierre platte, lesquels couvrent la chambre. Ces pierres sont arrangées jusqu’à la bouche ; quelquefois on les met dans un panier. Il faut faire un amas de pierres à portée de la batterie, & dans la batterie même, & sur-tout en avoir quelques-unes de larges pour mettre au fond du pierrier : ces pierres tiennent lieu de plateaux, il faut aussi que chaque pierrier soit muni d’une bonne civiere pour aller chercher les pierres.

Le pierrier se met en batterie, & se pointe comme un mortier : le principal Bombardier a soin de bien arranger les pierres ; & soit qu’on se serve du panier ou qu’on ne s’en serve pas, il faut qu’il y ait de la terre autour pour ajuster la charge, ainsi qu’on en use autour de la bombe. Chacun de messieurs les commandans de l’école peuvent réduire l’exercice du mortier à la voix ou au tambour : mais il faut observer que chacune des fonctions soit dans l’ordre de la présente instruction.

Les soldats servans qui se trouveront le plus d’intelligence, seront quelquefois employés aux fonctions de cadets ; on les changera de place de tems en tems, afin qu’ils sachent servir également dans les postes de droite ou de gauche, de premier ou de second servant. Les officiers & les sergens tiendront chacun dans leur devoir, & surtout veilleront à la propreté de la batterie ; ensorte qu’il n’y ait point de poudre à terre, ou sur la plate-forme qui puisse causer aucun danger ; le feu est bien plus à craindre dans une batterie de mortiers, à cause des bombes chargées qui s’y trouvent : les plus exactes précautions y sont nécessaires.

Il est à remarquer qu’une platte-forme de mortiers ne peut avoir trop de solidité : de-là dépend la justesse du mortier ; il faut que les lambourdes ayent au moins six pouces en quarré.

Recapitulation des différentes fonctions des cadets bombardiers & soldats, dans l’exécution du mortier de douze pouces.

Le cadet va chercher la poudre ; met le dégorgeoir dans la lumiere ; charge le mortier ; met le fourrage sur la poudre, refoule avec la demoiselle sur le fourrage ; refoule la terre douce ; pose la bombe, & met de la terre à l’entour ; s’aligne sur ce qu’il veut battre ; donne l’élévation avec le quart de cerclz ; retire le dégorgeoir de la lumiere ; amorce & gratte la composition de la fusée ; ordonne le feu au mortier ; observe le coup.

Premier servant de la gauche : donne le fourrage au cadet, fournit la terre douce pour la chambre, donne la terre pour mettre autour de la bombe, embarre sur le devant de l’affut pour l’alignement du mortier sur le piquet, passe un levier sous le ventre du mortier pour l’élevation, met le feu au mortier, donne du fourrage à son camarade pour nettoyer.

Premier servant de la gauche : donne la demoiselle au cadet, la remet en sa place, donne le couteau ou spatule, embarre au-devant de l’affut pour l’alignement sur le piquet, passe un levier sous le ventre du mortier pour l’élevation, prend le boute-feu, & met le feu à la fusée, nettoye le mortier avec la curette.

Deuxieme servant à la gauche : va chercher la bombe chargée, aide au cadet à la placer, embarre au derriere de l’affut pour l’alignement, pousse ou retire le coin derriere pour l’élevation, prend un levier & met le mortier debout.

Deuxieme servant de la droite : va chercher la bombe chargée, aide au cadet à la placer, embarre au derriere de l’affut pour l’alignement, prend un levier, & met le mortier debout, balaye la batterie. Mém. d’Artillerie de S. Remy, troisieme édition.

Batterie à ricochet, c’est celle qui est destinée à tirer le canon à ricochet.

On dit qu’on tire le canon à ricochet, lorsqu’on le charge d’une quantité de poudre capable seulement de chasser ou porter le boulet vers le commencement des faces des pieces attaquées. Il faut pour cela que le canon soit posté dans le prolongement de ces faces. Le boulet tiré de cette maniere va en roulant & en bondissant, & il tue ou estropie tous ceux qu’il rencontre dans le cours de son mouvement. Il fait bien plus de desordre en allant ainsi mollement, que s’il étoit chassé avec force ou roideur.

Les batteries à ricochet ont été inventées par M. le maréchal de Vauban : il commença à les employer au siege d’Ath en 1697. Voici ce qu’il prescrit touchant ces batteries, dans son traité de l’Attaque des places.

Pour tirer à ricochet il faut mettre les pieces sur la semelle, c’est-à-dire à toute volée, & charger avec des mesures remplies & raclées avec exactitude, versant la charge dans la lanterne, & la conduisant doucement au fond de la piece, sur laquelle on coule la bourre, appuyant dessus avec le refouloir sans battre. La piece étant chargée de la sorte, pointée & posée sur la semelle, comme il est dit ci-dessus, il n’y aura plus que le trop ou le trop peu de charge qui puisse empêcher le coup d’aller où l’on veut. Mais on a bien-tôt trouvé la véritable charge qu’il lui faut ; car en chargeant toûjours de même poudre & de mesure, on l’augmente ou diminue jusqu’à ce qu’on voie le boulet entrer dans l’ouvrage, effleurant le sommet du parapet, ce qui se voit aisément, parce qu’on conduit le boulet à l’œil. Quand on a une fois trouvé la vraie charge, il n’y a qu’à continuer : comme la piece ne recule pas, au moins sensiblement, à cause de cette charge qui est beaucoup plus petite que la charge ordinaire, tant que la même poudre dure, le boulet se porte toûjours où il doit aller.

Observez aussi que quand on change de poudre, il faut prendre garde au ricochet, & le régler de nouveau ; & quand il est trop fort, c’est-à-dire quand il éleve considérablement, il sera bon de l’abaisser & d’employer pour cet effet le coin de mire, & augmenter la charge afin de le roidir un peu davantage ; il en devient plus dangereux : mais il faut prendre garde à deux choses ; l’une, de ne pas trop roidir, parce qu’il pourroit passer sans plonger ; & l’autre, qu’il rase toûjours les paniers dont les soldats assiégés se couvrent ; & quand il en abat quelqu’un, il n’est que meilleur ; car c’est la perfection de bien tirer que de raser toûjours le sommet du parapet le plus près qu’il est possible, sans le toucher ; un peu d’expérience & d’attention l’ont bientôt reglé.

Il faut encore bien prendre garde à une chose, c’est que le ricochet ne doit pas faire bond sur le parapet des faces prolongées, mais sur le rempart qui est derriere ; c’est pourquoi il faut toûjours laisser quatre toises ou environ, depuis le devant des pieces que l’on bat jusqu’à l’endroit où l’on pointe. Quand il y a lieu de changer d’objet & de battre en revers sur le chemin couvert, ou dans le fossé ou sur l’arriere des bastions, il n’y a qu’à donner un peu de flasque à la piece, la repointer, & toûjours l’abattre sur la semelle, & remonter ensuite le ricochet jusqu’à ce qu’on soit ajusté, après quoi il n’est plus nécessaire d’y retoucher. Quand les pieces sont dirigées sur ce qu’on veut battre, comme elles ne reculent point, on peut les affermir pour la nuit & le jour, & quand même il faudroit les contenir par des tringles cloüées sur les plattes-formes pour mieux s’en assûrer, cela n’en seroit que mieux.

Le nombre des pieces aux batteries à ricochets doit être depuis cinq jusqu’à huit ou dix ; si l’on en mettoit moins, le ricochet seroit trop lent, & laisseroit du tems à l’ennemi, dont il pourroit se prévaloir pour travailler à ses retranchemens.

Par cette raison on ne doit jamais permettre de tirer en salve, mais toûjours un coup après l’autre par intervalles égaux.

On ne doit jamais non plus tirer à ricochet qu’on ne charge avec des mesures, c’est de quoi on doit être abondamment fourni.

Les mesures nécessaires doivent être de fer-blanc, comme celles dont on mesure le sel ; savoir, d’une once, de deux, de trois, de quatre, de huit qui font la demi-livre, & de seize onces qui font la livre.

Cette quantité par chaque piece doit suffire, & même on pourroit se contenter de moins ; car s’il s’agit de charger d’une once, vous en aurez la mesure, si de deux, vous l’avez aussi ; si de trois, de même ; si de quatre, vous l’avez encore ; si de cinq, ajoûtez un à quatre ; si de six, ajoûtez deux à quatre ; si de sept, ajoûtez trois à quatre ; la huitieme fait la demi-livre, qui repetée deux fois fait la livre ; trois fois fait la livre & demie ; quatre fois font deux livres.

Il vaut mieux néanmoins avoir quelques mesures de plus pour ne point tâtonner, & les faire toutes numéroter avec bien de l’exactitude. On est bientôt accoûtumé au ricochet, qui est la meilleure & la plus excellente maniere d’employer utilement le canon dans les siéges.

Les propriétés de ces batteries dans les commencemens d’un siége, sont,

1°. De démonter promptement les barbettes & toutes les autres pieces montées le long des faces des bastions & demi-lunes, qui peuvent incommoder la tranchée, en battant à pleine charge.

2°. De plonger les fossés, y couper les communications de la place aux demi-lunes, principalement s’ils sont pleins d’eau.

3°. De chasser l’ennemi des défenses de la place opposées aux attaques, en battant à ricochet.

4°. De chasser l’ennemi des chemins couverts, & de l’y tourmenter tellement par la rupture des pallissades, en les plongeant d’un bout à l’autre, qu’il soit obligé de les abandonner.

5°. De prendre le derriere des flancs & des courtines qui peuvent s’opposer aux passages des fossés, & les rendre inutiles.

6°. D’être d’une grande œconomie, en ce qu’elles peuvent servir tant que le siége dure, sans qu’on soit obligé de changer les batteries.

7°. De consommer sept ou huit fois moins de poudre, & de ne tirer jamais inutilement.

8°. De tirer plus juste & plus promptement, & bien plus efficacement que par toutes les autres manieres de battre.

Après les batteries à ricochet, il n’en faut pas d’autres que celles du chemin couvert ; car pour ce qui est de rompre les défenses, outre qu’elles sont de longue discussion, c’est une erreur, on ne le fait jamais ; & il n’arrive point qu’un parapet à l’épreuve soit assez rasé pour que l’on ne s’en puisse plus servir. D’ailleurs cela est inutile quand le ricochet est bien placé & qu’il fait son devoir : ainsi toutes les autres batteries nécessaires doivent s’établir sur le haut du parapet du chemin couvert, & se doivent border ; elles sont toutes de même espece, mais elles ont différens usages.

Les premieres en ordre doivent être les deux d, d, (Planche XVII. de l’Art milit. fig. 1.) quatre pieces chacune destinées à l’ouverture de la demi-lune C ; on les place de part & d’autre de son angle, à peu près dans les endroits marqués d, d ; & quand la demi-lune est prise, on les peut changer de place, en les mettant un peu à droite & un peu à gauche, pour enfiler son fossé, afin de pouvoir battre en breche les épaules des bastions, comme on le voit en e, e.

Après que les breches sont faites, soit à la demi-lune, soit aux bastions, & bien éboulées, on tient ces batteries en leur premier état, toûjours prêtes à battre le haut jusqu’à ce qu’on en soit le maître ; on biaise même les embrasures pour aggrandir les breches, observant que pour faire breche avec le canon, il faut toûjours battre en salve, & le plus bas qu’on peut, mais jamais le plus haut, parce que cela attire des ruines au pié qui rompent l’effet du canon. Pour bien faire, il ne faut pas que la sape ait plus de six à sept piés de haut. On ne doit jamais quitter le trou qu’on bat, qu’on ne l’ait enfoncé de 8 à 10 piés au moins, après quoi on leur fait élargir la breche, comme on l’a dit ci-dessus, ce qui est une affaire de vingt-quatre heures au plus : on peut donc dire que les batteries des demi-lunes ont trois usages :

Le premier, est celui d’ouvrir la piece attaquée.

Le second, de battre le haut de la breche.

Et le troisieme, d’ouvrir le corps de la place par des orillons.

Les secondes batteries en ordre sont celles marquées h, h, (Planche XVII. de l’Art milit. fig. 1.), qui s’établissent sur le haut du chemin couvert, devant les faces des bastions AB qu’on veut ouvrir.

Les bombes peuvent aussi se tirer à ricochet. M M. les commandans de l’école d’artillerie de Strasbourg ont fait en 1723 des expériences à ce sujet, rapportées de cette maniere dans le Bombardier François. « Pour tirer les bombes à ricochet, on se sert de mortiers de huit pouces montés sur des affuts de canon. Les batteries que l’on fait pour cela, se placent sur le prolongement des branches du chemin couvert, ou de tout autre ouvrage, mais principalement du chemin couvert, parce que les bombes y font un si grand ravage, qu’il n’est presque pas possible de pouvoir y tenir. Elles rompent les pallissades, les tambours & réduits que l’on fait dans des places d’armes rentrantes, & causent bien plus de desordre que les boulets ; car non-seulement elles sont plus grosses & plus pesantes, mais après avoir fait plusieurs bonds, elles crevent à l’endroit où elles viennent se terminer & ne s’enterrent point. Leurs éclats sont toûjours meurtriers ; d’autre part ces mortiers peuvent être servis avec beaucoup plus de célérité que les canons ; car il n’est question que de mettre la poudre dans sa chambre, la bombe dessus, & tirer ; & comme cela peut se faire en 3 ou 4 minutes, une batterie de deux mortiers servie de cette façon, pourra jetter trente ou quarante bombes par heure. Je laisse à penser, ajoûte M. Belidor, si un chemin couvert étoit croisé par de semblables batteries, quelle est la garnison qui pourroit s’y maintenir, l’avantage qu’on auroit de l’attaquer de vive force, & combien on auroit de facilité pour avancer les travaux.

Comme il faut éviter que les bombes ne s’enterrent en tombant, parce qu’elles ne feroient point le ricochet, les mortiers ne doivent jamais être pointés au-dessus de 12 degrés : mais on peut se servir de tous les angles que le mortier peut faire avec l’horison entre 8 & 12 degrés, & choisir le plus convenable à la charge dont on se servira, relativement à la distance dont on sera de l’endroit où les bombes doivent commencer à bondir. Les épreuves faites à Strasbourg peuvent servir de regle à ce sujet. Voici en quoi elles consistent.

On a construit une batterie à 70 toises de l’angle saillant du chemin couvert de la demi-lune du polygone de cette école : un mortier pointé à 9 degrés au-dessus de la ligne horisontale, & chargé de 13 quarterons de poudre, a jetté les bombes sur le glacis, à 2, 4, 6, 8 toises du parapet du chemin couvert, d’où elles se relevoient & alloient plonger dans la branche entre les deux traverses, & de-là dans la place d’armes rentrante contre un petit réduit qu’on y avoit fait.

L’on a pointé ensuite à 10 degrés avec la même charge, & après 5 ou 6 coups répétés de cette maniere, l’on a observé que les bombes tomboient dans la place d’armes saillante, d’où elles se relevoient & alloient plonger, comme les précédentes, dans la branche entre les deux traverses, & de-là dans la place d’armes rentrante. Enfin on a pointé le mortier à 11 degrés toûjours avec la même charge, & après 5 ou 6 coups réitérés, on a observé que les bombes tomboient encore dans la branche, entre les deux traverses ; d’où elles se relevoient & alloient passer par-dessus le reste du chemin couvert : ce qui a fait conclurre que la maniere la plus avantageuse & la plus convenable de faire agir ce ricochet, étoit de ménager la direction du mortier ; de sorte que les bombes pûssent tomber sur la crête du chemin couvert, ou dans la place d’armes saillante, moyennant quoi elles faisoient toûjours un grand effet.

On a éprouvé si la fusée ne s’éteindroit point, soit par la chûte des bombes, ou par le frottement du ricochet en roulant ; & pour cela on en a fait tirer plusieurs avec des fusées allumées, qui ont toutes réussi, ayant été entierement consumées. »

Batteries en rouage, sont celles qu’on destine à démonter les pieces de l’ennemi.

Batteries enterrées, sont celles dont les plattes-formes sont enfoncées dans le terrein de la campagne ; de maniere que ce terrein sert de parapet ou d’épaulement à la batterie, & qu’on peut y pratiquer des embrasures.

Batteries directes, sont celles qui battent à peu près perpendiculairement les côtes des ouvrages devant lesquels elles sont placées.

Batterie meurtriere. Voyez Batteries de revers.

Batteries de revers, sont celles qui battent le derriere d’un ouvrage, & qui voyent le dos de ceux qui le défendent. Elles sont aussi appellées batteries meurtrieres, à cause qu’elles sont les plus dangereuses, & qu’il est fort difficile de se parer ou mettre à couvert de leur canon.

Batteries en écharpe, sont celles dont les tirs font un angle au plus de 20 degrés avec les faces, ou les côtés des pieces qu’elles battent. On les appelle aussi quelquefois batteries de bricole ; parce que le boulet ne faisant, pour ainsi dire, qu’effleurer la partie sur laquelle il est tiré, se réfléchit dans les environs, à peu près comme le fait une balle de billard, qui a frappé la bande obliquement.

Batterie d’enfilade, est celle qui découvre toute la longueur de quelque partie d’un ouvrage de fortification ; ensorte que le boulet peut prendre par le flanc ou le côté, tous ceux qui sont placés sur ce côté, & qui font face au parapet.

Batteries en croix, ou Batteries croisées, ou encore en chapelet, sont dans l’Art militaire des batteries qui se croisent pour battre la même face ; ensorte que l’une acheve ce que l’autre a commencé d’ébranler. (Q)

Batteries (Marine.) c’est une quantité de canons placés des deux côtés du vaisseau, à son avant & à son arriere.

Les gros vaisseaux de guerre ont trois batteries ; la premiere qui est la plus basse, porte les canons du plus fort calibre. La seconde est au-dessus de la premiere, c’est-à-dire au second pont, & porte des canons d’un moindre calibre. La troisieme est sur le dernier pont, ou pont d’en-haut ; chaque rang étant ordinairement de quinze sabords, sans y comprendre ceux de la sainte barbe, & les batteries qui sont sur les châteaux. La premiere batterie, qui est la plus basse, doit être pratiquée assez haut, pour que dans le gros tems elle ne soit pas noyée, c’est-à-dire qu’elle ne se trouve pas sous l’eau, ce qui la rendroit inutile.

Voyez à la Pl. I. Mar. la maniere dont les batteries sont disposées dans un vaisseau du premier rang.

Batterie trop basse ou Batterie noyée, se dit d’un vaisseau qui a son premier pont, & ses sabords trop près de l’eau.

Batterie basse, se dit de la batterie du premier pont.

Batterie haute, se dit de la batterie du pont d’en-haut.

Batterie entre deux ponts ou seconde Batterie.

Mettez la batterie dehors, c’est-à-dire, mettez les canons aux sabords.

Mettez la batterie dedans, c’est-à-dire, ôtez les canons des sabords pour les remettre dans le vaisseau. (Z)

Batterie (terme d’Arquebusier) c’est un morceau de fer large d’un bon pouce, qui est reployé en équerre plate, dont les faces extérieures sont un peu arrondies ; les intérieures sont exactement plates : la face de dessous sert pour couvrir le bassinet & empêcher l’amorce de sortir : celle qui la surmonte sert pour faire sortir du feu de la pierre & allumer l’amorce. La partie qui couvre le bassinet a une petite oreille plate, qui est percée d’un trou ou se place une vis qui assujettit la batterie au corps de platine, & qui ne l’empêche point de se mouvoir en tournant dessus la vis. Le bout de cette oreille forme un petit talon qui est fait en rond, & qui pese sur le ressort de la batterie.

Batterie (en Boissellerie) c’est le pié, ou le dessous, ou fond du tamis. On l’appelle peut-être ainsi, parce que l’on remue le tamis en le battant par en bas sur une table, &c. pour mieux faire passer ce qui est dedans.

Batterie (terme de Chapelier) qui signifie l’endroit où on foule les chapeaux, & où sont établis le fourneau, la chaudiere & les fouloirs. On dit une batterie à deux, à quatre, à huit, &c. pour désigner une foulerie où deux, quatre, huit, &c. ouvriers peuvent travailler à la fois. Voyez Foulerie. Voyez aussi Chapeau.

Batterie, se dit dans les Manufactures à papier, à poudre, & autres, de la chûte des pilons dans les mortiers. Ainsi arrêter la batterie, c’est empêcher les pilons de tomber dans les mortiers. Voyez Moulin à Papier, Moulin à Poudre.

Batterie (chez les Chapeliers & Bonnetiers) est synonyme à soulerie. Voyez Chapelerie & Bonneterie.