L’Encyclopédie/1re édition/CORRELATIF

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* CORRELATIF, (Gramm. & Logiq.) Ce terme désigne de deux choses qui ont rapport entr’elles & qu’on considere par ce rapport, celle qui n’est pas à l’instant présente à l’esprit, ou dont on ne fait pas premierement & spécialement mention, soit dans le discours, soit dans un écrit. Exemple. Si je pense, je parle ou j’écris de l’homme comme pere, l’homme considéré comme fils, sera son correlatif ; si je pense, je parle ou j’écris de l’homme comme fils, l’homme considéré comme pere, sera son correlatif. Cette définition me paroît si juste, que dans la pensée, la conversation & l’écrit, on voit en un instant deux êtres qui ont rapport entr’eux, prendre & perdre alternativement la dénomination de correlatif, selon que l’un est rappellé à l’occasion de l’autre. C’est toûjours celui qui est rappellé, & qui entre, qui prend le nom de correlatif. Mais si ce correlatif devient l’objet principal de la pensée, ou de l’entretien, ou de l’écrit, il cede sur le champ cette dénomination de correlatif, à celui dont on a cessé & dont on recommence de s’occuper. Correlatif se prend aussi en un autre sens ; comme quand on dit, vieux & jeune sont des correlatifs, alors correlatif est appliqué aux deux objets de la correlation, & l’on assûre qu’ils ont entr’eux cette espece de rapport, sans avoir l’un plus présent à l’esprit que l’autre : il semble que ce soit seulement dans ce seul sens qu’il faut entendre le terme correlation, voyez le mot Correlation. Au reste ces définitions ne sont pas particulieres à correlatif ; elles conviennent aussi à tous les autres termes de la même nature, tels que corrival & corrivaux. Qu’est-ce qu’un corrival ? c’est de deux hommes qui se disputent la même maîtresse, le même honneur, &c. celui qui n’a été que le second présent, soit à ma pensée, soit à ma bouche, soit à ma plume. Qu’est-ce que des corrivaux ? ce sont deux hommes que je considere indistinctement, par la prétention qu’ils ont tous les deux à un bien qui ne peut appartenir qu’à l’un des deux, sans que l’un soit le premier présent à ma pensée, & l’autre le second, sans que j’institue entr’eux une comparaison dans laquelle l’un seroit présent & l’autre rappellé : c’est sous un point de vûe qui leur est commun que je les envisage ; & en tant que ce point de vûe leur est commun.