L’Encyclopédie/1re édition/CYCLE paschal de S. Hippolite

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Cycle paschal de S. Hippolite, (Chronolog.) cycle de seize ans qui étant redoublé sept fois, régloit la fête de Pâques pour le terme de cent douze années. Ce cycle a pris son nom de son inventeur.

Comme nous n’avons rien de mieux sur le canon paschal de S. Hippolite que la dissertation latine de Bianchini, imprimée à Rome en 1703 in-fol. je vais donner l’analyse de cette piece, & faire d’abord connoître au lecteur de quoi il s’agit.

S. Hippolite a fleuri au commencement du troisieme siecle, vers l’an 228, sous l’empire d’Alexandre Sévere. On ne sait d’où il étoit, ni même de quelle ville il étoit évêque, Eusebe n’en ayant rien dit, & S. Jérôme ayant fait des recherches inutiles sur ce sujet, comme il nous l’apprend lui-même. M. de Tillemond, sans pourtant rien décider, croit qu’il est plus probable qu’il a été évêque en orient ; c’est ce qu’on pourroit conclure de ce qu’il a écrit en grec, & de ce qu’Eusebe le met immédiatement après Berylle évêque de Bostres en Arabie.

Quoi qu’il en soit, Hippolite avoit composé un grand nombre d’ouvrages, entre lesquels Eusebe & S. Jérôme parlent de deux sur la Pâque. Ils ne disent rien de particulier sur le second ; mais pour le premier, Eusebe témoigne qu’Hippolite y faisoit une chronologie qu’il conduisoit jusqu’à la premiere année d’Alexandre, de Jesus-Christ 222, & qu’il y proposoit un canon ou cycle de 16 ans pour regler la fête de Pâques. Il ne nous restoit que le nom de ce cycle, lorsqu’en 1551, en fouillant près de Rome dans les masures d’une ancienne église de S. Hippolite restée dans les champs du côté de S. Laurent, & sur le chemin de Tivoli ; on y trouva une statue de marbre dans une chaise, aux deux côtés de laquelle, il y avoit en lettres grecques des cycles de seize ans qui commençoient à la premiere année d’Alexandre, 222 de Jesus-Christ, & qui étant redoublés sept fois, régloient la fête de Pâques pour cent douze ans, c’est-à-dire jusqu’à l’an 333.

Personne ne douta que ce canon ne fût celui de S. Hippolite, quoique son nom n’y fût pas. Gruter le publia en grec. Scaliger y fit des notes imprimées à Leyde en 1595, & il en parle beaucoup dans son second livre de la correction des tems. Le P. Boucher, jésuite, l’a mis en latin, & l’a aussi expliqué dans son ouvrage des cycles de Pâques. Le cardinal Marcel Cervini qui depuis fut pape, fit transporter la statue dans la bibliotheque du Vatican où elle est encore. C’est ce cycle de cent douze ans, qui fait le sujet de la dissertation de M. Bianchini.

Le savant de Verone pour l’expliquer prouve d’abord qu’il ne faut pas supposer qu’après cent douze ans échus, les mouvemens moyens du soleil & de la lune recommencent le même jour de la semaine de l’an civil ; mais que le jour du renouvellement de la lune doit être renvoyé à la semaine suivante, & différé de huit jours ; que les lettres du calendrier de César le marquent très-commodément : que le cycle de S. Hippolite fut d’autant plus volontiers reçu par les latins, qu’il s’accommode fort bien avec le cycle Julien, les olympiades & les octaétéride ; que l’on employoit en ce tems-là : que la moindre période du même cycle de cent douze ans, s’accorde avec les mouvemens moyens de la lune : que sept de ces périodes en font une plus grande de 784 ans, dans laquelle les phases de la lune retardent de deux jours : mais que cette grande période écoulée quatre fois, & jointe à une seule petite, en fait une très-grande de 3248 ans, qui rétablit les mouvemens constans de la lune en leurs tems : que le cycle divisé par octaétérides, conformément aux guerres civiles des Grecs & des Romains, peut être illustré par les années que l’on nomme grandes & séculaires : que S. Hippolite en adoptant le cycle de César à l’usage des chrétiens, a eu égard aux tems passés & à venir. Il paroît de tout cela que Joseph Scaliger a parlé avec trop de mépris de ce cycle.

M. Bianchini explique ensuite ce qu’il y a dans l’inscription d’un des côtés de la chaise de S. Hippolite touchant la chronologie de l’ancien & du nouveau Testament, depuis la premiere pâque-de Moïse, jusqu’à celle de la mort de Jesus-Christ ; par où l’on peut voir l’usage des trois périodes de ce canon. Il convient néanmoins qu’il y a quelque chose de fautif dans ce côté de l’inscription. Il explique enfin l’autre côté de l’inscription, montre la liaison du cycle de S. Hippolite avec celui de César, & enseigne la méthode de s’en servir pour perfectionner les tables paschales. (D. J.)