L’Encyclopédie/1re édition/EMAILLEUR

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EMAILLEUR, s. m. (Art méch.) ouvrier qui travaille en émail, qui en couvre & orne les métaux, ou qui en fait à la lampe plusieurs sortes d’ouvrages curieux.

Le titre d’Emailleur en général convient à plusieurs sortes de personnes, aux Orfevres & Joailliers, qui montent les pierres précieuses ; aux Lapidaires, qui les contrefont avec les émaux ; & aux Peintres, qui peignent en mignature sur l’émail, & qui font cuire leur ouvrage au feu.

Mais les Emailleurs proprement dits, sont ceux qu’on appelle Patenôtriers & Boutonniers en émail.

Ces derniers ont composé pendant fort long-tems une communauté particuliere ; mais ils font à-présent corps avec les maîtres Verriers-Fayenciers, à qui ils ont été unis.

L’édit de leur érection en corps de jurande a été donné en 1566 par Charles IX. & enregistré la même année. En 1599, Henri IV. confirma leurs statuts, & y ajoûta quelques articles. Enfin Louis XIV. réunit les deux communautés des Emailleurs & des Verriers, pour ne faire à l’avenir qu’un seul & même corps, sans cependant déroger à leurs statuts.

Les statuts de l’édit de Charles IX. contiennent vingt articles, & l’augmentation accordée par les lettres patentes d’Henri IV. trois autres.

Par l’édit, les maîtres n’avoient que la qualité de Patenôtriers & Boutonniers en émail ; les lettres y ajoûterent le verre & le crystallin.

La communauté est régie par quatre jurés, dont deux s’élisent par année.

Pour être reçu maître, il faut avoir fait cinq ans & huit jours d’apprentissage ; & après une information préalable de vie & mœurs, un apprenti est admis au chef-d’œuvre.

Chaque maître ne peut avoir qu’un seul apprenti à la fois.

Les veuves restant en viduité, joüissent du privilége de leur défunt mari ; à l’exception des apprentis qu’elles ne peuvent pas engager, mais bien les continuer.

Les veuves & les filles de maîtres donnent la franchise aux apprentis qu’elles épousent.

Les maîtres de la communauté peuvent faire toute sorte de patenôtres, boutons d’émail, dorures sur verre & émail, pendans d’oreille jolivetés, & autres ouvrages semblables, avec émail, canon, & crystallin passant par le feu & fourneau.

Ils peuvent aussi enfiler toutes ceintures, carcans, chaînes, colliers, brasselets, patenôtres, & chapelets, des mêmes matieres & de pareille fabrique, & même les enrichir & orner d’or & d’argent battu & moulu.

En 1706, les Emailleurs furent unis avec les Verriers ; & il fut reglé que pendant les dix premieres années les quatre jurés seroient élûs avec égalité, c’est-à-dire de façon qu’il y auroit deux émailleurs & deux verriers ; & qu’après les dix ans expirés, l’élection seroit entierement libre, & se feroit à la pluralité des voix.

Au moyen de cette union, ils ont tous également la qualité de maîtres Emailleurs, Patenôtriers, Boutonniers en émail, verre, & crystallin, marchands Verriers, Couvreurs de flacons & bouteilles en osier, fayence, & autres especes de verres de la ville & fauxbourgs de Paris. Voyez les réglemens de communautés, & le dictionn. de Comm.