L’Encyclopédie/1re édition/ETANÇON

La bibliothèque libre.
◄  ETANCES

ETANÇON, s. m. (Archit.) grosse piece de bois qu’on met, soit au-dedans, soit au-dehors d’une maison, pour soûtenir un plancher, un mur qu’on sappe ou qu’on reprend par-dessous œuvre.

Lorsqu’on bâtit des maisons, les charpentiers mettent souvent au-dessous des greniers & des façades quelques appuis ou étançons, qu’ils posent alors non perpendiculairement, mais un peu de biais. Cependant c’est une chose certaine, qu’un étançon posé obliquement ne sauroit supporter une aussi pesante charge que celui à qui on donneroit une situation perpendiculaire. Tout le monde comprend aisément cette vérité ; mais M. Musschenbrock a calculé géométriquement dans ses essais de Physique, combien un appui peut moins supporter lorsqu’il est posé de biais, que perpendiculairement.

Il suffit pour cela de concevoir que cet appui oblique est l’hypoténuse d’un triangle rectangle, dont l’autre côté est la perpendiculaire, & le troisieme côté la ligne de la perpendiculaire jusqu’à l’hypoténuse ou la base : on peut donc comparer la force, qui seroit dans l’appui posé perpendiculairement, avec celle de l’hypoténuse ; car la force du poids se résoud en deux autres, l’une qui presse dans la direction de l’étançon, l’autre qui est perpendiculaire à l’étançon, & n’agit point sur lui : or par les propriétés du triangle rectangle, la force totale sera à la premiere de ces deux forces comme l’hypoténuse est à la perpendiculaire ; de sorte que la force d’un appui posé perpendiculairement sera à celle de l’appui oblique dans ce même rapport ; & puisque dans les petites obliquités l’hypoténuse ne differe pas beaucoup de la ligne perpendiculaire, les forces des appuis qui ne sont qu’un peu obliques, ne seront pas non plus fort différentes de celles des appuis perpendiculaires. C’est aussi ce que les expériences ont confirmé au physicien hollandois. Voyez tome I. de ses essais de Physiq.

Mais comme il est bon de savoir quelle est la force des étançons ou des poutres posées perpendiculairement, & jusqu’à quel point on peut les charger avant qu’elles se rompent ; voici deux regles que donne M. Musschenbroek, & qu’il a apprises par un grand nombre d’expériences.

1°. La force d’un seul & même bois posé perpendiculairement qui a la même épaisseur, mais une longueur différente & qui se trouve comprimée par un fardeau dont il est chargé par en-haut, est en raison inverse des quarrés des longueurs. De cette maniere, la force d’un étançon long de 10 piés est à la force d’un autre appui de même épaisseur, mais qui n’a que cinq piés de long, comme un est à quatre.

2°. Les bois qui ont la même hauteur, mais dont l’épaisseur est différente, se trouvant chargés de pesans fardeaux, se courbent par leurs côtés les plus minces. Les forces de ces sortes de bois sont les unes aux autres, comme l’épaisseur des côtés qui ne se plient pas, & comme le quarré de l’épaisseur des côtés qui se courbent. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Etançons, s. m. pl. (Marine.) ce sont des pieces de bois posées debout, qu’on met quelquefois sous les baux pendant que les vaisseaux demeurent amarrés dans le port, pour les soûtenir & faire qu’ils fatiguent moins. (Z)

Etançons de presse d’Imprimerie, ce sont des pieces de bois plus ou moins longues & par proportion de dix, de quinze, ou dix-huit pouces de perimetre, & posées par une des extrémités sur le haut des jumelles, & appuyées par l’autre, soit aux solives du plancher, soit aux murs du bâtiment, & disposées de façon que chaque étançon a presque toujours son antagoniste, c’est-à-dire un autre étançon qui lui est directement opposé. Ils servent à maintenir une presse dans un état stable & inébranlable.

Etançon, en terme de Vergetier, est un morceau de bois qu’on met au manche d’une raquette, pour remplir le vuide qu’y laissent les deux bouts du cercle de la raquette, qui ne sont pas encore réunis dans cet endroit.