L’Encyclopédie/1re édition/ETUVE

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ETUVE, s. f. en Architecture, c’est la piece de l’appartement du bain échauffée par des poëles. Les anciens appelloient hypocaustes, les fourneaux soûterrains qui servoient à échauffer leurs bains. Voyez Bains.

Palladio parle de la coûtume que les anciens avoient d’échauffer leurs appartemens par des tuyaux non-apperçûs, qui partant d’un même foyer, passoient à-travers des murs, & portoient la chaleur dans les différentes pieces d’un bâtiment : on ne sçait trop si c’étoit un usage ordinaire chez eux, ou seulement une curiosité ; mais quelques auteurs prétendent que cette maniere de pratiquer les étuves étoit bien au-dessus de celle d’Allemagne, pour le profit & pour l’usage. (P)

Etuve d’Office, Voyez Office. (P)

Etuve, (Chapelier.) lieu fermé que l’on échauffe afin d’y faire sécher quelque chose.

Les Chapeliers font secher leurs chapeaux dans des étuves, à deux reprises différentes ; sçavoir, la premiere fois, après qu’ils ont été dressés & mis en forme en sortant de la foulerie ; & la seconde, après qu’ils les ont tirés de la teinture. Voyez Chapeau.

Etuve, en Confiserie, est un ustensile en forme de petit cabinet, où il y a, par étage, diverses tablettes de même fil d’archal, pour soûtenir ce qu’on y veut faire sécher. Voyez la Planche du Confiseur.

Etuve, en terme de Raffinerie en sucre, est une piece de fonte de trois piés de long sur deux de large, vuide sur une surface & par un bout : on la renverse, ce bout sans bords tourné du côté de la cheminée. Elle est scellée sur des grillons ou supports de fer, au-dessus des grillons où l’on fait le feu. Il y a plusieurs de ces étuves dans une raffinerie, destinées à communiquer de la chaleur dans les greniers où elle est nécessaire. Celle qui sert à échauffer l’étuve où l’on fait sécher les pains, est couverte de plusieurs lits de tole, pour rallentir la chaleur qui seroit excessive, seulement aux environs du foyer. Voyez Sucre & Raffinerie.

Etuve, s’entend encore, en terme de Raffineur de sucre, de l’endroit où l’on met étuver le sucre en pains ; c’est une espece de chambre à-peu-près quarrée, où il y a des solives d’étage en étage, à deux piés l’une de l’autre. Ces solives sont couvertes de lattes attachées par les deux bouts à la distance environ de quatre pouces : il n’y a que celles du milieu qui ne tiennent point sur les solives, parce qu’il est plus facile d’arranger les pains dans les coins de l’étuve. A mesure que l’on emplit les étages, on place, en venant des deux côtés, au milieu, où l’on laisse un espace vuide de sept à 8 pouces, qui sert à faire monter la chaleur jusqu’au haut de l’étuve, afin que les pains soient tous étuvés dans le même tems. Il faut faire un feu toujours égal. Si dans les premiers jours on en faisoit, il seroit à craindre que l’eau du pain ne tombât dans la pâte ; ce qui le feroit fouler, & donneroit beaucoup de peine à refaire : si on en fait trop, une grande quantité de pains rougiront au lieu de blanchir.