L’Encyclopédie/1re édition/FLUTE

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FLÛTE, s. f. (Littér.) L’invention de la flûte, que les Poëtes attribuent à Apollon, à Pallas, à Mercure, à Pan, fait assez voir que son usage est de la plus ancienne antiquité. Alexandre Polihystor assûre que Hyagnis fut le plus ancien joüeur de flûte, & qu’il fut succédé par Marsyas, & par Olympe premier du nom, lequel apprit aux Grecs l’art de toucher les instrumens à cordes. Selon Athénée, un certain Seiritès, Numide, inventa la flûte à une seule tige, Silene celle qui en a plusieurs, & Marsyas la flûte de roseau, qui s’unit avec la lyre.

Quoi qu’il en soit, la passion de la musique répandue par-tout, fut non-seulement cause qu’on goûta beaucoup le jeu de la flûte, mais de plus qu’on en multiplia singulierement la forme. Il y en avoit de courbes, de longues, de petites, de moyennes, de simples, de doubles, de gauches, de droites, d’égales, d’inégales, &c. On fit de ces instrumens de tout bois & de toute matiere. Enfin les mêmes flûtes avoient différens noms chez divers peuples. Par exemple, la flûte courbe de Phrygie étoit la même que le titytion des Grecs d’Italie, ou que le pheution des Egyptiens, qu’on appelloit aussi monaule.

Les flûtes courbes sont au rang des plus anciennes ; telles sont celles de la table d’Isis : la gyngrine lugubre ou la phénicienne, longue d’une palme mesurée dans toute son étendue, étoit encore de ce genre. Parmi les flûtes moyennes, Aristide le musicien met la pythique & les flûtes de chœur. Pausanias parle des flûtes argiennes & béotiennes. Il est encore fait mention dans quelques auteurs de la flûte hermiope, qu’Anacréon appelle tendre ; de la lysiade, de la cytharistrie ; des flûtes précentoriennes, corynthiennes, égyptiennes, virginales, milvines, & de tant d’autres dont nous ne pouvons nous former d’idée juste, & qu’il faudroit avoir vûes pour en parler pertinemment. On sait que M. le Fevre desespérant d’y rien débrouiller, couronna ses veilles pénibles sur cette matiere, par faire des vers latins pour loüer Minerve de ce qu’elle avoit jetté la flûte dans l’eau, & pour maudire ceux qui l’en avoient retirée.

Mais loin d’imiter M. le Fevre, je crois qu’on doit au moins tâcher d’expliquer ce que les anciens entendoient par les flûtes égales & inégales, les flûtes droites & gauches, les flûtes sarranes, phrygiennes, lydiennes, tibia pares & impares, tibiæ dextræ & sinistræ, tibiæ sarranæ, phrygiæ, lydicæ, &c. dont il est souvent fait mention dans les comiques, parce que la connoissance de ce point de Littérature est nécessaire pour entendre les titres des pieces dramatiques qui se joüoient à Rome. Voici donc ce qu’on a dit peut-être de plus vraissemblable & de plus ingénieux pour éclaircir ce point d’antiquité.

Dans les comédies romaines qu’on représentoit sur le théatre public, les joüeurs de flûte joüoient toûjours de deux flûtes à-la-fois. Celle qu’ils touchoient de la main droite, étoit appellée droite par cette raison ; & celle qu’ils touchoient de la gauche, étoit appellée gauche par conséquent. La premiere n’avoit que peu de trous, & rendoit un son grave ; la gauche en avoit plusieurs, & rendoit un son plus clair & plus aigu. Quand les musiciens joüoient de ces deux flûtes de différent son, on disoit que la piece avoit été joüée tibiis imparibus, avec les flûtes inégales ; ou tibiis dextris & sinistris, avec les flûtes droites & gauches : & quand ils joüoient de deux flûtes de même son, de deux droites ou de deux gauches, comme cela arrivoit souvent, on disoit que la piece avoit été joüée tibiis paribus dextris, avec des flûtes égales droites, si c’étoit avec celles du son grave ; ou tibiis paribus sinistris, avec des flûtes égales gauches, si c’étoit avec des flûtes de son aigu.

Une même piece n’étoit pas toûjours joüée avec les mêmes flûtes, ni avec les mêmes modes ; cela changeoit fort souvent. Il arrivoit peut-être aussi que ce changement se faisoit quelquefois dans la même représentation, & qu’à chaque intermede on changeoit de flûte ; qu’à l’un on prenoit les flûtes droites, & à l’autre les gauches successivement. Donat prétend que quand le sujet de la piece étoit grave & sérieux, on ne se servoit que des flûtes égales droites, que l’on appelloit aussi lydiennes, & qui avoient le son grave ; que quand le sujet étoit fort enjoüé, on ne se servoit que des flûtes égales gauches, qui étoient appellées tyriennes ou sarranes, qui avoient le son aigu, & par conséquent plus propre à la joie ; enfin que quand le sujet étoit mêlé de l’enjoüé & du sérieux, on prenoit les flûtes inégales, c’est-à-dire la droite & la gauche, qu’on nommoit phrygiennes.

Madame Dacier est au contraire persuadée que ce n’étoit point du tout le sujet des pieces qui regloit la musique, mais l’occasion où elles étoient représentées. En effet, il auroit été impertinent qu’une piece faite pour honorer des funérailles, eût eu une musique enjoüée ; c’est pourquoi quand les Adelphes de Térence furent joüés la premiere fois, ils le furent tibiis lydiis, avec les flûtes lydiennes, c’est-à-dire avec deux flûtes droites ; & quand ils furent joüés pour des occasions de joie & de divertissement, ce fut tibiis sarranis, avec les deux flûtes gauches. Ainsi quand une piece étoit joüée pendant les grandes fêtes, comme la joie & la religion s’y trouvoient mêlées, c’étoit ordinairement avec les flûtes inégales ; ou une fois avec deux droites, & ensuite avec deux gauches, ou bien en les prenant alternativement à chaque intermede.

Au reste, ceux qui joüoient de la flûte pour le théatre, se mettoient autour de la bouche une espece de ligature ou bandage composé de plusieurs courroies qu’ils lioient derriere la tête, afin que leurs joues ne parussent pas enflées, & qu’ils pûssent mieux gouverner leur haleine & la rendre plus douce. C’est cette ligature que les Grecs appelloient φορϐειὰν ; Sophocle en parle, quand il dit :

Φυσᾷ γὰρ οὐ, σμικροῖσιν αὐλίσκοις ἔτι,
Ἀλλ᾽ ἀγρίαις φύσαισι φορϐειᾶς ἄτερ
.


« Il ne souffle plus dans de petites flûtes, mais dans des soufflets épouvantables, & sans bandage ». que Cicéron applique heureusement à Pompée, pour marquer qu’il ne gardoit plus de mesures, & qu’il ne songeoit plus à modérer son ambition. Il est parlé du bandage φορβειὰ, autrement appellé περιστόμιον dans Plutarque, dans le scholiaste d’Aristophane & ailleurs, & l’on en voit la figure sur quelques anciens monumens.

La flûte n’étoit pas bornée au seul théatre, elle entroit dans la plû part des autres spectacles & des céremonies publiques greques & romaines ; dans celles des nôces, des expiations, des sacrifices, & sur-tout dans celles des funérailles. Accoûtumée de tout tems aux sanglots de ces femmes gagées qui possedoient l’art de pleurer sans affliction, elle ne pouvoit manquer de former la principale musique des pompes funebres. A celle du jeune Archémore fils de Lycurgue, c’est la flûte qui donne le signal, & ce ton des lamentations. Dans les fêtes d’Adonis on se servoit aussi de la flûte, & l’on y ajoûtoit ces mots lugubres, αἴ, αἲ τὸν Ἄδωνιν ; hélas, hélas, Adonis ! mots qui convenoient parfaitement à la tristesse de ces fetes.

Les Romains, en vertu d’une loi très-ancienne, & que Cicéron nous a conservée, employerent la flûte au même usage. Elle se faisoit entendre dans les pompes funebres des empereurs, des grands, & des particuliers de quelque âge & de quelque qualité qu’ils fussent ; car dans toutes leurs funérailles on chantoit de ces chants lugubres appellés næniæ, qui demandoient nécessairement l’accompagnement des flûtes ; c’est encore par la même raison qu’on disoit en proverbe, jari licet ad tibicines mittas, envoyez chercher les joüeurs de flûte, pour marquer qu’un malade étoit desespéré, & qu’il n’avoit plus qu’un moment à vivre ; expression proverbiale, que Circé employe assez plaisamment dans les reproches qu’elle fait à Polyenos sur son impuissance.

Puisque la flûte servoit à des cérémonies de différente nature, il falloit bien qu’on eût trouvé l’art d’en ajuster les sons à ces diverses cérémonies, & cet art fut imaginé de très-bonne heure. Nous lisons dans Plutarque que Clonas est le premier auteur des nomes ou des airs de flûte. Les principaux qu’il inventa, & qui furent extrèmement perfectionnés après lui, sont l’apothétos, le schoénion, le trimelès, Pélégiaque, le comarchios, le cépionien, & le déios. Expliquons tous ces mots énigmatiques, qu’on trouve si souvent dans les anciens auteurs.

L’air apothétos étoit un air majestueux, réservé pour les grandes fêtes & les cérémonies d’éclat.

L’air schoénion, dont Pollux & Hésychius parlent beaucoup, devoit ce nom au caractere de musique & de poésie, dans lequel il étoit composé ; caractere qui, selon Casaubon, avoit quelque chose de mou, de flexible, & pour ainsi dire d’efféminé.

L’air trimelès étoit partagé en trois strophes ou couplets : la premiere strophe se joüoit sur le mode dorien ; la seconde sur le phrygien ; la troisieme sur le lydien, & c’est de ces trois changemens de modes que cet air tiroit son nom, comme qui diroit air à trois modes : c’est à quoi répondroit précisément dans notre musique un air à trois couplets, dont le premier seroit composé en c sol ut, le second en d la ré, le troisieme en e si mi.

L’air élégiaque ou plaintif s’entend assez.

L’air comarchios ou bacchique avoit le premier rang parmi ceux que l’on joüoit dans les festins & dans les assemblées de débauches, auxquelles présidoit le dieu Comus.

L’air cépion empruntoit son nom de son auteur, eleve de Terpandre, qui s’étoit signalé dans les airs pour la flûte & pour la cithare ; mais on ignore quel étoit le caractere distinctif de l’air cépionien.

L’air déios semble signifier un air craintif & timide.

Outre les airs de flûte que nous venons de donner, Olympe phrygien d’origine, composa sur cet instrument, à l’honneur d’Apollon, l’air appellé polycéphale ou à plusieurs têtes. Pindare en fait Pallas l’inventrice pour imiter les gémissemens des sœurs de Méduse, après que Persée lui eut coupé la tête. Comme les serpens qui couvroient la tête de Méduse étoient censés siffler sur differens tons, la flûte imitoit cette variété de sifflemens.

Les auteurs parlent aussi de l’air pharmatios, c’est-à-dire du char. Hésychius prétend que cet air prit ce nom de son jeu, qui lui faisoit imiter la rapidité ou le son aigu du mouvement des roues d’un char.

L’air orthien est célebre dans Homere, dans Aristophane, dans Hérodote, dans Plutarque, & autres. La modulation en étoit élevée, & le rythme plein de vivacité, ce qui le rendoit d’un grand usage dans la guerre, pour encourager les troupes. C’est sur ce haut ton que crie la discorde dans Homere, pour exciter les Grecs au combat. C’étoit, comme nous le dirons bien-tôt, en joüant ce même air sur la flûte, que Timothée le thébain faisoit courir Alexandre aux armes. C’étoit, au rapport d’Hérodote, le nome orthien que chantoit Arion sur la poupe du vaisseau, d’où il se précipita dans la mer.

Enfin l’on met au nombre des principaux airs de flûte le cradias, c’est-à-dire l’air du figuier, qu’on joüoit pendant la marche des victimes expiatoires dans les thargélies d’Athenes ; il y avoit dans ces fêtes deux victimes expiatoires qu’on frappoit pendant la marche avec des branches de figuier sauvage. Ainsi le nom de cradias est tiré de κράδη, branche de figuier.

Comme il n’étoit plus permis de rien changer dans le jeu des airs de flûte, soit pour l’harmonie, soit pour la cadence, & que les musiciens avoient grand soin de conserver à chacun de ces airs, le ton qui lui étoit propre ; de-là vient qu’on appelloit leurs chants nomes, c’est-à-dire loi, modele, parce qu’ils avoient tous différens tons qui leur étoient affectés, & qui servoient de regles invariables, dont on ne devoit point s’écarter.

On eut d’autant plus de soin de s’y conformer, qu’on ne manqua pas d’attribuer à l’excellence de quelques-uns de ces airs, des effets surprenans pour animer ou calmer les passions des hommes. L’histoire nous en fournit quelques exemples, dont nous discuterons la valeur.

Pythagore, selon le témoignage de Boece, voyant un jeune étranger échauffé des vapeurs du vin, transporté de colere, & sur le point de mettre le feu à la maison de sa maîtresse, à cause d’un rival préféré, animé de plus par le son d’une flûte, dont on joüoit sur le mode phrygien ; Pythagore, dis-je, rendit à ce jeune homme la tranquillité & son bon sens, en ordonnant seulement au musicien de changer de mode, & de joüer gravement, suivant la cadence marquée par le pié appellé spondée, comme qui diroit aujourd’hui sur la mesure dont l’on compose dans nos opéra les symphonies connues sous le nom de sommeils, si propres à tranquilliser & à endormir.

Galien raconte une histoire presque toute pareille, à l’honneur d’un musicien de Milet, nommé Damon. Ce sont de jeunes gens ivres, qu’une joüeuse de flûte a rendus furieux, en joüant sur le mode phrygien, & qu’elle radoucit, par l’avis de ce Damon, en passant du mode phrygien au mode dorien.

Nous apprenons de S. Chrysostome, qui Timothée joüant un jour de la flûte devant Alexandre le-Grand sur le mode orthien, ce prince courut aux armes aussi-tôt. Plutarque dit presque la même chose du joüeur de flûte Antigénide, qui, dans un repas, agita de telle maniere ce même prince, que s’étant levé de table comme un forcené, il se jetta sur ses armes, & mêlant leur cliquetis au son de la flûte, peu s’en fallut qu’il ne chargeât les convives.

Voilà ce que l’histoire nous a conservé de plus mémorable en faveur de la flûte des anciens : mais sans vouloir ternir sa gloire, comme ce n’est que sur des gens agités par les fumées du vin, que roulent presque tous les exemples qu’on allegue de ses effets, ils semblent par-là déroger beaucoup au merveilleux qu’on voudroit y trouver. Il ne faut aujourd’hui que le son aigu & la cadence animée d’un mauvais hautbois, soûtenu d’un tambour de basque, pour achever de rendre furieux des gens ivres, & qui commencent à se harceler. Cependant lorsque leur premier feu est passé, pour peu que le hautbois joue sur un ton plus grave, & ralentisse la mesure, on les verra tomber insensiblement dans le sommeil, auquel les vapeurs du vin ne les ont que trop disposés. Quelqu’un s’aviseroit-il, pour un semblable effet, de se recrier sur le charme & sur la perfection d’une telle musique ? On me permettra de ne concevoir pas une idée beaucoup plus avantageuse de la flûte, ou, si l’on veut, du hautbois, dont Pythagore & Damon se servirent en pareils cas.

Les effets de la flûte de Timothée ou de celle d’Antigénide sur Alexandre, qu’ont-ils de si surprenant ? N’est-il pas naturel qu’un prince jeune & belliqueux, extrèmement sensible à l’harmonie, & que le vin commence à échauffer, se leve brusquement de table, entendant sonner un bruit de guerre, prenne ses armes & se mette à danser la pyrrhique, qui étoit une danse impétueuse, où l’on faisoit tous les mouvemens militaires, soit pour l’attaque, soit pour la défense ? Est-il nécessaire pour cela de supposer dans ces musiciens un art extraordinaire, ou dans leur flûte un si haut degré de perfection ? On voit dans le festin de Seuthe, prince de Thrace, décrit par Xénophon, des Cérasontins sonner la charge avec des flûtes & des trompettes de cuir de bœuf crud ; & Seuthe lui-même sortir de table en poussant un cri de guerre, & danser avec autant de vîtesse & de legereté, que s’il eût été question d’éviter un dard. Jugera-t-on de-là que ces Cérasontins étoient d’excellens maîtres en Musique ?

L’histoire parle d’un joüeur de harpe qui vivoit sous Eric II. roi de Danemark, & qui, au rapport de Saxon le grammairien, conduisoit ses auditeurs par degré, jusqu’à la fureur. Il s’agit maintenant d’un siecle d’ignorance & de barbarie, où la Musique extrèmement dégénérée, ne laissoit pas néanmoins, toute imparfaite qu’elle étoit, d’exciter les passions avec la même vivacité que dans le siecle d’Alexandre. Concluons que les effets attribués à la flûte des anciens, ne prouvent point seuls l’extrème supériorité de son jeu, parce que la musique la plus simple, la plus informe, & la plus barbare, comme la plus composée, la plus réguliere & la mieux concertée, peut opérer dans certaines conjonctures, les prétendues merveilles dont il s’agit ici.

C’est assez parler des flûtes anciennes, de leurs dénominations, de la variété de leurs airs, de leurs usages, & de leurs effets : on trouvera cette matiere discutée plus à fond dans les ouvrages de Meursius & de Gaspard Bartholin, de tibiis veterum, & dans le dialogue de Plutarque sur la Musique, traduit en françois avec les savantes remarques de M. Burette, qui ornent les mémoires de l’académie royale des Inscriptions. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Flûte double, (instrum. de Musiq.) La double flûte ou la flûte à deux tiges étoit un instrument domestique en usage chez les anciens, & sur laquelle le musicien seul pouvoit exécuter une sorte de concert.

La double flûte étoit composée de deux flûtes unies, de maniere qu’elles n’avoient ordinairement qu’une embouchure commune pour les deux tuyaux. Ces flûtes étoient ou égales ou inégales, soit pour la longueur, soit pour le diametre ou la grosseur. Les flûtes égales rendoient un même son : les inégales rendoient des sons différens, l’un grave, l’autre aigu. La symphonie qui résultoit de l’union des deux flûtes égales, étoit ou l’unisson, lorsque les deux mains du joüeur touchoient en même tems les mêmes trous sur chaque flûte, ou la tierce, lorsque les deux mains touchoient différens trous. La diversité des sons, produite par l’inégalité des flûtes, ne pouvoit être que de deux especes, suivant que ces flûtes étoient à l’octave, ou seulement à la tierce ; & dans l’un & l’autre cas, les mains du joüeur touchoient en même tems les mêmes trous sur chaque flûte, & formoient par conséquent un concert ou à l’octave ou à la tierce.

Au reste Apulée dans ses florides attribue à Hyagnis l’invention de la double flûte. Cet Hyagnis étoit pere de Marsias, & passe généralement pour l’inventeur de l’harmonie phrygienne. Il florissoit à Célenes ville de Phrygie, la 1242e année de la chronique de Paros, 1506 ans avant J. C. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Flûte des Sacrifices ; il y en avoit une infinité de différentes sortes : on prétend qu’elles étoient de boüis ; au lieu que celles qui servoient aux jeux ou aux spectacles, étoient d’argent, d’ivoire, ou de l’os de la jambe de l’âne. Nous ne savons de ces flûtes, que ce que le coup-d’œil en apprend par l’inspection des monumens anciens. Voyez-en une dans nos Planches de Lutherie.

Flute d’accords, instrument de Musique composé de deux flûtes paralleles, & pratiquées dans le même morceau de bois ; on touche la flûte droite de la main droite, & la gauche de la main gauche. Voyez nos Planches de Lutherie.

Flute Allemande ou Traversiere, instrument de Musique à vent, est un tuyau de bois de quatre pieces, percées & arrondies sur le tour, qui s’assemblent les unes aux autres par le moyen des noix. Voyez Noix des instruments à vent, dans lesquelles les parties menues des autres pieces doivent entrer. Voyez la figure de cet instrument, dans nos Planches de Lutherie.

A la premiere partie ou tête de la flûte qui est comme la flûte-à-bec, percée d’un trou rond dans toute sa longueur AE, comme on peut le voir dans la seconde figure, est un trou rond O, qui est l’embouchure. Ce trou, comme tous les autres de cet instrument, est évasé en-dedans. L’extrémité A de la flûte est fermée avec un tampon de liége a, qui s’ajuste exactement dans le tuyau de la flûte. Ce tampon est recouvert par un bouchon A, qui est de la même matiere que la flûte que l’on fait de bois ou d’ivoire, ou de tout autre bois dur & précieux, comme l’ébene, le bois de violette, & dont on garnit ordinairement les noix avec des frettes d’ivoire. Pour les empêcher de se fendre, on met dessous l’ivoire quelques brins de filasse, que l’on enduit de colle-forte, & par-dessus lesquels on enfile les fretes. Voyez l’article Noix des instruments à vent. Pour perforer & tourner les morceaux qui composent la flûte traversiere, on se sert des mêmes outils & des mêmes moyens que ceux dont on se sert pour travailler ceux qui composent la flûte douce ou à-bec. Voyez Flute douce ou a-bec. On pratique une entaille dans la derniere noix D, pour y loger la clé bc & son ressort de laiton élastique, par le moyen duquel sa palette ou soûpape c qui est garnie de peau de mouton, est tenue appliquée sur le septieme trou auquel le petit doigt ne sauroit atteindre, & qui se trouve fermé par ce moyen. Cette clé est d’argent ou de cuivre.

Pour bien joüer de cet instrument, il faut commencer par bien posséder l’embouchure, ce qui est plus difficile que l’on ne pense. Toutes sortes de personnes font parler les flûtes à-bec ; mais peu peuvent sans l’avoir appris, tirer quelque son de la flûte traversiere ; ainsi nommée, parce que pour en joüer on la met en-travers du visage, ensorte que la longueur de la flûte soit parallele à la longueur de la bouche avec laquelle on souffle, en ajustant les levres sur le trou O, ensorte que la lame d’air qui sort de la bouche, entre en partie dans la flûte par cette ouverture.

Soit que l’on joue debout ou assis, il faut tenir le corps droit, la tête plus haute que basse, un peu tournée vers l’épaule gauche, les mains hautes sans lever les coudes ni les épaules, le poignet gauche ployé en-dehors, & le même bras près du corps. Si on est debout, il faut être bien campé sur ses jambes, le pié gauche avancé, le corps posé sur la hanche droite, le tout sans aucune contrainte. On doit surtout observer de ne faire aucun mouvement du corps ni de la tête, comme plusieurs font, en battant la mesure. Cette attitude étant bien prise, est fort agréable, & ne prévient pas moins les yeux que le son de l’instrument flate agréablement l’oreille.

A l’égard de la position des mains, la gauche doit être au haut de la flûte que l’on tient entre le pouce de cette main & le doigt indicateur qui doit boucher le premier trou marqué 1 dans la figure ; le second trou est bouché par le doigt medium, & le troisieme par le doigt annulaire. La main droite tient la flûte par sa partie inférieure : le pouce de cette main qui est une peu ployée en-dedans, soûtient la flûte par-dessous, & les trois doigts de cette main, savoir, l’indicateur, le moyen & l’annulaire, bouchent les trous 4, 5, 6 ; le petit doigt sert à toucher sur la clé bc faite en bascule, ensorte que lorsque l’on abaisse l’extrémité b, la soûpape ou palette c débouche le septieme trou. Il faut tenir la flûte presque horisontalement.

Pour bien emboucher la flûte traversiere & les instrumens semblables, il faut joindre les levres l’une contre l’autre, ensorte qu’il ne reste qu’une petite ouverture dans le milieu, large environ d’une demi-ligne, & longue de trois ou quatre ; on n’avancera point les levres en-devant, comme lorsque l’on veut souffler une chandelle pour l’éteindre : au contraire, on les retirera vers les coins de la bouche, afin qu’elles soient unies & applaties. Il faut placer l’embouchure O de la flûte vis-à-vis de cette petite ouverture, souffler d’un vent modéré, appuyer la flûte contre les levres, & la tourner en-dedans ou en-dehors, jusqu’à ce qu’on ait trouvé le sens de la faire parler.

Lorsqu’on sera parvenu à faire parler la flûte, & qu’on sera bien assûré de l’embouchure, on posera les doigts de la main gauche les uns après les autres, & on restera sur chaque ton en réitérant le souffle, jusqu’à ce qu’on en soit bien assûré ; on placera de même les doigts de la main droite, en commençant par le doigt indicateur, qui est aussi le doigt de la main gauche, que l’on a posé le premier. Le ton le plus grand se fait en bouchant tous les trous, comme on peut voir dans la tablature qui est à la fin de cet article.

Cette tablature contient sept rangées de zéros noirs ou blancs ; chacune de ces rangées répond au trou de la flûte, qui a le même chiffre que cette rangée. Une colonne de sept zéros noirs ou blancs, represente les sept trous de la flûte : le zéro supérieur répond au premier trou de cet instrument, qui est le plus près de l’embouchure ; & les autres en descendant, répondent successivement aux autres trous de la flûte, selon les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, fig. Les blancs marquent quels trous de la flûte doivent être ouverts, & les noirs quels trous doivent être fermés, pour tirer de la flûte le ton de la note qui est au-dessus de la colonne de zéro ou d’étoiles dans la portée de musique qui est au-dessus.

L’étendue de la flûte est de trois octaves, qui répondent aux colonnes de zéros de la tablature.

Le son le plus grave de la flûte, non compris l’ut ♯, est le qui sonne l’unisson du qui suit immédiatement après la clé de c-sol-ut des clavecins, lesquels sont à l’octave au-dessous du prestant de l’orgue. Voyez Clavecin, & la table du rapport & de l’étendue des instrumens de musique. Ce son, de même que l’ut ♯ au dessous, se fait en bouchant tous les trous exactement & soufflant très-doucement, observant par l’ut ♯ de tourner l’embouchure en-dedans. Il faut remarquer que plus on monte sur cet instrument, plus on doit augmenter le vent : ensorte que par le à l’octave du plus grave son de la flûte, il puisse la faire monter à l’octave.

Il faut observer que lorsque l’on descend de l’ut naturel de la seconde octave au si bémol, ou que du si ♭ on monte à l’ut, le si ♭ doit se faire comme il est marqué à la seconde position de ce si, qui outre qu’elle est plus juste, conduit plus facilement à celle de l’ut naturel.

Les sons aigus si, ut, ré de la troisieme octave, ne peuvent pas se faire sur toutes les flûtes ; plus elles sont basses, plus il est facile de les en tirer. On les obtient avec un corps d’amour, & plus facilement encore avec une basse de flûte traversiere.

On adapte quelquefois à une flûte jusqu’à 7 corps de la main gauche de différentes longueurs, & que l’on peut substituer les uns aux autres pour baisser le son total de la flûte avec les longs, & le hausser avec les plus courts. La différence des sons produits par le plus long & le plus court de ces corps, est d’environ un ton, ensorte que par ce moyen la flûte peut s’accorder avec quelqu’instrument fixe que ce soit, à l’unisson duquel elle ne pourroit pas se mettre, si elle n’avoit qu’un seul corps.

Il y a d’autres flûtes plus grandes ou plus petites que celles-ci, qui n’en different ni par la structure ni le doigter, mais seulement par la partie qu’elles exécutent ; telles sont les tierces, quintes, octaves & basses de flûtes.

Comme il ne suffit pas pour bien joüer de cet instrument, de faire facilement tous les tons qu’on en peut tirer, mais qu’il faut encore pouvoir faire les cadences sur tous ces tons, c’est pour les enseigner que nous avons ajoûté une suite à la tablature, par laquelle on connoît par les zéros noirs & blancs conjoints par une accolade, de quel trou la cadence est prise, & sur lequel il faut frapper avec le doigt ; le premier trou compris sous l’accolade, marque où se fait le port de voix, & la seconde de ces deux choses qui est suivie d’une virgule, marque le trou sur lequel il faut trembler. On doit passer le port de voix & la cadence d’un seul coup de langue. Voyez la tablature. Il y a quelques cadences qui se frappent de deux doigts, comme par exemple, celle de l’ut ♯, prise du naturel, & quelques autres finissent en levant les doigts, ce qu’on peut connoître par les zéros blancs accompagnés de la virgule.

Outre la connoissance des tons, semi-tons, & des cadences, il faut encore avoir celle des coups-de-langue, des ports-de-voix, accents, doubles-cadences, flatemens, battemens, &c. Les coups-de-langue articulés sont l’explosion subtile de l’air que l’on souffle dans la flûte, en faisant le mouvement de langue que l’on feroit pour prononcer tout bas la syllabe tu ou ru. On donne un coup-de-langue sur chaque note, ce qui les détache les unes des autres ; lorsque les notes sont coulées, on donne un coup-de-langue sur la premiere, qui sert pour toutes les autres que l’on passe du même vent. Les coups-de-langue qui se font sur tous les instrumens à-vent, doivent être plus ou moins marqués sur les uns que sur les autres ; par exemple, on les adoucit sur la flûte traversiere, on les marque davantage sur la flûte-à-bec, & on les prononce beaucoup plus fortement sur le hautbois.

Le port-de-voix est un coup-de-langue anticipé d’un degré au-dessous de la note sur laquelle on le veut faire ; le coulement au contraire est pris d’un ton au-dessus, & ne se pratique guere que dans les intervalles de tierces en descendant.

L’accent est un son que l’on emprunte sur l’extrémité de quelques tons, pour leur donner plus d’expression ; la double cadence est un tremblement ordinaire, suivi de deux doubles croches, coulées ou articulées.

Pour les flatemens ou tremblemens mineurs & les battemens, voyez les principes de la flûte traversiere du sieur Hotterre le Romain, flûte de la chambre du Roi, imprimées à Paris, chez J. B. Christophe Ballard ; ouvrage dont nous avons tiré une partie de cet article.

TABLATURE DE LA FLUTE ALLEMANDE OU TRAVERSIERE.
CADENCES DE LA FLUTE ALLEMANDE.

Flute allemande, (Jeu d’orgue.) ce jeu qui est de plomb, n’a ordinairement que les deux octaves des tailles & du dessus, & sonne l’unisson du huit piés, dont il ne differe que parce qu’il est de plus grosse taille. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue.

Flute, (Jeu d’orgue.) ce jeu qui a quatre octaves, sonne l’unisson du prestant ou du quatre-piés. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue. La flûte est de plomb ; les basses sont bouchées à raz & à oreilles ; les tailles sont à cheminées & à oreilles, & les dessus ouverts. Voyez la fig. 35, Pl. d’orgue. A est un tuyau des basses, B un tuyau des tailles, C un tuyau des dessus. Ce jeu doit être de plus grosse taille que le prestant, quoiqu’il lui soit à l’unisson.

Flute douce ou à Bec. Il y a deux especes de flûtes ; savoir, les flûtes douces ou à bec, & les flûtes traversieres. Les flûtes douces représentées dans nos Planches de Lutherie, sont composées de trois parties : la premiere marquée A dans la Planche, & qu’on appelle la tête, est percée d’un trou, ainsi que les autres parties, dans toute sa longueur ; ce trou qui est rond, va en diminuant vers la partie B qu’on appelle le pié ; en sorte qu’il n’a vers l’extrémité B, que la moitié de diametre de l’ouverture A ; on perce ces trous avec des perces, voyez Perces, qui sont des especes de tarieres pointues. Après que chaque morceau est perforé dans toute sa longueur, & que le trou est agrandi autant qu’il convient, on enfile dedans un mandrin cylindrique, par le moyen duquel on monte les pieces de la flûte sur le tour à deux pointes, pour les arrondir extérieurement & les orner de moulures. Quelques facteurs se servent pour la même opération, du tour à lunette. Voyez Tour à lunette. On observe en tournant la piece C, qu’on appelle le corps de ménage, deux parties, a, b, d’un moindre diametre, pour qu’elles entrent dans les trous DE, d’un plus grand diametre que le trou intérieur, qui sont pratiquées dans les grosseurs ou renflemens DE qu’on appelle noix, voyez Noix. A la partie supérieure de la piece A, est un trou quarré qu’on appelle bouche : ce trou quarré est évuidé, ensorte qu’il reste une languette, levre, ou biseau, dont la tête se présente vis-à-vis de l’ouverture appellée lumiere : cette lumiere est l’ouverture ou le vuide que laisse le bouchon, avec lequel on ferme l’ouverture supérieure de la flûte ; ce bouchon n’est point entierement cylindrique, comme il faudroit qu’il fût, pour serrer exactement le tuyau ; mais après avoir été fait cylindrique, on en a ôté une tranche sur toute sa longueur ; en sorte que la base du bouchon est un grand segment de cercle : la partie supérieure du bouchon & de la flûte est luthée en biseau du côté opposé à la lumiere. Ce biseau que l’on fait pour que l’on puisse mettre la flûte entre les levres, doit être tourné vers le menton de celui qui joue.

Pour joüer de cet instrument, il faut tenir la flûte droite devant soi ; placer le bout d’en-haut A entre les levres, le moins avant que l’on pourra, & la tenir ensorte que le bout d’en-bas, ou la patte B, soit éloignée du corps d’environ un pié : il ne faut point lever les coudes, mais les laisser tomber négligemment près du corps. On posera la main gauche en haut, & la droite on bas de l’instrument, ensorte que le pouce de la main gauche bouche le trou de dessous la flûte marquée I, & les doigts indicateur, moyen, & annulaire de la même main, les trous marqués 2, 3, 4 ; le doigt indicateur de la main droite doit boucher le trou 5 ; le doigt moyen, le trou 6 ; le doigt annulaire, le trou 7 ; & le petit doigt de la même main, le trou 8. Le pouce de la main droite, comme celui de la main gauche, doit être par-dessous la flûte ; il sert seulement à la tenir en état.

Pour apprendre à faire tous les sons & les cadences de cet instrument qui a deux octaves & un ton d’étendue, il faut boucher ou ouvrir les trous, comme il est marqué dans la tablature qui suit, dont les notes de musique marquent les tons, & les zéro blancs & noirs, la disposition des doigts. On conçoit aisément que les zéro blancs marquent les trous ouverts, & que les noirs marquent les trous bouchés : ainsi pour faire le ton fa, premiere note de la tablature, & sous lequel on voit huit zéro noirs, il faut boucher tous les trous ; pour faire le sol, note troisieme, il faut boucher tous les trous, excepté le huitieme ; ainsi des autres.

On doit observer que plus on monte sur cet instrument, plus on doit augmenter le vent ; & que les zéro à demi-fermés qui répondent au premier trou, marquent un pincé ; le pincé se fait en faisant entrer l’ongle du pouce de la main gauche dans le trou 1, afin de le fermer à moitié ; ce qui se pratique pour tous les trous hauts, comme on peut le voir dans la tablature.

Il ne suffit pas, pour bien joüer de cet instrument, de faire tous les tons de la tablature, il faut encore pouvoir faire les cadences sur tous ces tons ; c’est ce qui est enseigné par la suite de la tablature intitulée cadences de la flûte à bec, où les zéro conjoints par une accolade, comme on le voit dans les figures, marquent, le premier, le trou d’où est prise la cadence ; & le second, celui sur lequel il faut frapper avec le doigt : lorsque le trou est ouvert, il faut finir la cadence en levant : telle est celle du fa ♯, du , &c.

Au contraire, lorsque le zéro est noir, on doit finir la cadence en fermant le trou qui lui répond avec le doigt.

Pour ce qui est des coups-de-langue, des coulés, ports-de-voix, accens, &c. voyez l’article Flute traversiere, & les principes pour joüer de cet instrument, du sieur Hottere le Romain, flûte de la chambre du Roi, imprimés à Paris chez J. B. Christophe Ballard.

TABLATURE DE LA FLUTE DOUCE OU A BEC.


CADENCES

* Flute de Tambourin, ou à trois trous, (Lutherie.) cette flûte n’a effectivement que trois trous, deux du côté de la lumiere, & un du côté opposé. Malgré ce petit nombre d’ouvertures, elle a l’étendue d’une dix-septieme : voici sa tablature ordinaire.

Les trous que nous avons marqués comme bouchés, ne le sont pas tous exactement ; c’est le plus ou moins qu’on y laisse d’ouverture, avec la quantité de vent, qui donne la différence des sons. Sur cet instrument, on saute de l’ut de la premiere octave au sol, parce que cette premiere octave ne peut s’exécuter en entier ; au lieu qu’on exécute sans interruption tous les tons compris depuis le sol de la premiere octave jusqu’au sol de la seconde, & depuis ce sol jusqu’à l’ut. Il y a des hommes qui se servent de cette flûte si habilement, & qui en connoissent si bien les différens sauts, qu’ils en tirent sans peine jusqu’à l’étendue d’une vingt-deuxieme.

Flute, (Marine.) bâtiment de charge appareillé en vaisseau, dont la varangue est plate & les façons peu taillées, pour ménager beaucoup de place dans la cale.

La flûte est fort plate de varangues ; & les ceintes vont de telle sorte depuis l’étrave jusqu’à l’étambord, qu’elle est aussi ronde à l’arriere qu’à l’avant, avant le ventre si gros qu’elle à une fois plus de bouchin vers le franc tillac, qu’au dernier pont. Voyez Marine, Planche XV. fig. 22. le dessein d’une fiûte.

Nous donnons en France le nom de flûte, ou de vaisseau armé en flûte, à tous les bâtimens qu’on fait servir de magasin ou d’hôpital, à la suite d’une armée navale, ou qui sont employés au transport des troupes, quoiqu’ils soient bâtis à poupée quarrée, & qu’ils ayent servi autrefois comme vaisseaux de guerre.

La grandeur la plus ordinaire des flûtes est d’environ 130 piés de long de l’étrave à l’étambord ; vingt-six piés & demi de large, & treize piés & demi de creux environ. Quelquefois on prend pour leur largeur la cinquieme partie de leur longueur.

Les proportions des différentes pieces qui entrent dans la construction de ce bâtiment, varient suivant sa grandeur, ainsi que pour les vaisseaux. (Z)

Flute, (Tapissier.) espece de navette dont se servent les basse-lissiers, & sur laquelle sont devidées les laines ou autres matieres qu’ils employent à leurs tapisseries. La flûte est un bâton fait au tour, en forme de petit cylindre, mais dont, vers le milieu, le diametre est moins grand qu’aux deux bouts. Il a ordinairement trois ou quatre pouces de long, & quatre ou cinq lignes d’épaisseur. Voyez Tapisserie.

Flute, (greffer en) Jardinage, voyez Greffer.