L’Encyclopédie/1re édition/FRANCA (complément)

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FRANCA, (Botan.) plante dont Micheli a fait le premier un genre particulier, & dont M. Guettard a donné une description très exacte dans les mémoires de l’académie royale des Sciences, année 1744. comme cette plante n’est d’aucun usage ni en médecine, ni dans les arts, il suffira d’établir ici son caractere générique.

Le calice est en cloche à plusieurs nervures, découpé à sa partie supérieure en plusieurs parties ; il sert d’enveloppe au fruit ; les pétales sont posés circulairement ; ils sont larges à leurs parties supérieures, étroits à leur partie inférieure, qui est de la longueur du calice, & renfermés dedans. Le nectarium ou alvéole, est une petite gouttiere saillante, angulaire, posée sur la surface intérieure de la partie étroite du pétale. Les étamines sont inégales, cinq, six ou sept en nombre, dont les filets forment une gaine au pistil ; les sommets sont oblongs, à deux bourses ; le pistil est composé d’un embryon posé dans le milieu de la fleur & sur le fond du calice ; il porte une stile qui diminue jusqu’à sa pointe, divisée en trois parties égales ; cet embryon devient un fruit ou capsule qui s’ouvre par le haut en plusieurs parties, n’a qu’une loge remplie de semences plates d’un côté, & convexes de l’autre.

Le nom de franca a été imposé à cette plante par Micheli, en faveur d’un médecin de Lucques de ses amis, nommé Franchi ; M. Linnæus ne devoit donc pas le changer en celui de frankenia, qu’il a tiré du nom d’un botaniste allemand appellé Frankenius, lequel n’avoit rien à prétendre à cette politesse.

La franca n’aime que les bords de la mer. Micheli rapporte qu’il ne l’a trouvée dans toute l’Italie que sur le rivage du port de Livourne ; elle est indiquée en Espagne par Barrelier. Ray, Parkinson, Gerard, Dillenius, la marquent en Angleterre. M. de Tournefort l’a trouvée dans plusieurs îles de l’Archipel, comme on l’apprend par ses manuscrits. M. Magnol l’indique autour de Montpellier. M. Guettard l’a vue sur les côtes du bas-Poitou & de l’Aunis, où elle est commune dans les marais salans, ou dans ceux qui sont desséchés. Elle varie dans les divers lieux de sa naissance par le plus ou le moins de fleurs, son duvet & son tissu ligneux. Les meilleures figures de cette plante, sont celles de Micheli & de M. Guettard. (D. J.)