L’Encyclopédie/1re édition/GENOU

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GENOU, s. m. (Anat.) partie du corps humain située antérieurement entre la partie supérieure de la jambe & la partie inférieure de la cuisse, l’os du genou ou la rotule. Voyez Rotule. (L)

Genou, (Manége, Maréchal.) partie des jambes antérieures du cheval. Elle est formée principalement de sept os d’un très-petit volume, & qui lui sont propres & particuliers. Ces os par lesquels le cubitus ou l’avant-bras se trouve joint au canon, sont disposés de maniere qu’ils composent deux rangs ; il en est quatre au premier, & trois au second ; ils semblent néanmoins, attendu l’intimité de leur union qui est affermie par de forts ligamens, ne faire ensemble qu’un seul corps, à l’exception de l’un de ceux du premier rang qui paroît être détaché des autres, & d’où résulte une éminence en-arriere. Il sert d’attache à un ligament considérable qui se fixe encore & d’une autre part, à la partie supérieure du canon & aux petits osselets opposés à ce dernier os. De-là l’arcade ligamenteuse qui livre passage aux tendons fléchisseurs du pié, & à laquelle le petit os détaché dont il s’agit contribue, vû une sinuosité considérable que l’on observe à sa parttie interne. Cet assemblage de petites pieces osseuses ne peut que rendre cette articulation extrèmement libre & mobile.

En la considérant extérieurement, on doit observer d’abord que la beauté de sa conformation dépend de la régularité de sa proportion avec la jambe. Il faut encore remarquer que la rondeur & l’enflure de cette partie annoncent presque toujours des jambes travaillées ; il en est de même lorsqu’elle se trouve dénuée de poils dans sa partie antérieure. Si néanmoins l’animal s’est couronné en tombant, & si la chûte du poil ne peut point être attribuée à quelques accidens extraordinaires, ou à quelques heurts dans l’écurie, contre l’auge, ou ailleurs, contre un corps dur quelconque.

Souvent aussi on apperçoit une sorte d’inégalité dans l’une des portions latérales du genou, plus communément en-dedans qu’en-dehors, & à mesure de son union avec le canon. Cette inégalité est une tumeur du canon même désignée par le nom d’osselet, & dont les suites & les progrès ne peuvent être que funestes, puisqu’elle tend à détruire le mouvement articulaire, & à mettre le cheval hors d’état de servir.

Tout genou qui n’est pas effacé, c’est-à-dire, sur lequel l’os de l’avant-bras ne tombe pas perpendiculairement, est véritablement défectueux. Dans cet état l’animal est dit arqué ou brassicourt ; arque, lorsque sa jambe n’est en quelque façon courbée en arc, que conséquemment à un travail excessif, annoncé d’ailleurs par son âge, & par une infinité de maux qu’un exercice violent & outré peut attirer & produire ; brassicourt, lorsque cette difformité lui est naturelle. Ce défaut est plus essentiel dans le premier que dans le second ; car l’un est entierement ruiné, mais il faut convenir aussi à l’égard de l’autre, que vû cette fausse position du genou, la jambe perd considérablement de la force qu’elle auroit dans une situation perpendiculaire.

Il est de plus des chevaux dont les genoux se rapprochent, & sont extrèmement serrés l’un contre l’autre, tandis que leurs piés demeurent écartés. Ces sortes de genoux sont appellés genoux de bœuf, & ce vice doit toûjours être imputé à la nature.

Enfin il n’arrive que trop fréquemment en-arriere & dans le plis de cette articulation, des especes de crevasses que l’on nomme tantôt malandres, tantôt rapes. Quelquefois la partie la plus subtile de l’humeur qui y donne lieu s’étant évaporée & dissipée par la voie de la suppuration, la partie la plus grossiere se durcit, & forme une espece de tumeur capable d’embarrasser & de gêner le mouvement, & assez douloureuse pour occasionner une claudication. Voyez Malandres & Rapes. (e)

Genou, (Manége.) Expression par laquelle nous désignons le pli ou la courbure que l’on donne quelquefois aux branches du mors en-avant, & entre le coude & la gargouille. C’est ordinairement dans la partie la plus éminente de cette courbure, que l’œil destiné à recevoir par un touret la chainette la plus élevée, se trouve placé. Voyez Mors. (e)

Genou, (Marine.) ce sont des pieces de bois très courbes qui s’empatent sur les varangues & fourcats, c’est-à-dire, que le genou est placé à la moitié de sa longueur sur le côté de la varangue, où il est assujetti par de forts clous rivés qui percent toute l’épaisseur de la varangue & des genous ; ainsi la varangue est alongée de la moitié de la longueur du genou, qui prolonge verticalement le contour du vaisseau.

On distingue ces pieces en genoux de fond & genoux de revers.

Les genoux de fond s’assemblent sur les varangues de fond, de façon qu’ayant leur convexité au-dehors du vaisseau, ils en augmentent les capacités.

Les genoux de revers sont assemblés sur les varangues acculées & sur les fourcats ; mais comme leur convexité est en-dedans du vaisseau, ils en diminuent la capacité. Voyez Pl. V. fig. 1. les genoux cotés 27. & dans la Pl. IV. fig. 1. cotés 27. Voyez aussi Pl. VI. fig. 65. la forme de cette piece de bois qui dans les vaisseaux du premier rang doit avoir un pié deux ou trois pouces d’épaisseur sur le droit. (Z)

Genou, s. m. (Hydr.) est la partie au-dessous d’un niveau qui le soûtient, & qui sert à le monter au moyen des douilles où se forment de longs bâtons ferrés. Voyez Douilles & Genou (Arts.) (K)

Genou, (Econom. rustiq.) se dit en parlant des grains tels que le blé, l’avoine & autres ; ce sont des nœuds qui se voyent le long de leurs tiges, & qui servent beaucoup à les faire croître, & à leur donner assez de force pour se soûtenir. (K)

* Genou, s. m. (Arts méchaniques.) espece d’assemblage de pieces de fer, de cuivre, de bois, &c. dont le nom a été pris de la nature du mouvement des pieces assemblées. Si un corps concave est fixe & se meut sur un corps convexe emboîté dans sa cavité, ces corps sont assemblés & se meuvent à genou. Quelquefois on limite ce mouvement ; en d’autres occasions on lui laisse toute l’étendue qu’il peut avoir. Le mouvement à genou est très-doux, & l’arrêt en est solide, parce qu’il dépend de l’application exacte de deux surfaces.