L’Encyclopédie/1re édition/GERMINATION

La bibliothèque libre.
GERMOIR  ►

GERMINATION, s. f. (Econom. rustiq.) est l’action que fait une graine de sortir de terre, ce qui s’appelle germer.

Il est vraissemblable que les principales parties de la germination des plantes sont contenues dans leurs semences : ces parties sont disposées à former des fibres propres à la filtration du suc nourricier qui y passe comme par des filieres ou des moules qui forment ensuite les branches, les feuilles, les fleurs, les fruits, & enfin les semences.

On peut développer dans une graine qui germe, les parties similaires & les dissimilaires ; on les découvre dans une grosse féve de marais, ou dans une graine de lupin coupée en-travers.

Les parties similaires sont la cuticule, le parenchyme, & la racine séminale.

Les parties dissimilaires sont la racine, le tronc, les bourgeons, les feuilles, les fleurs & les fruits.

Toutes ces parties seront expliquées à leurs noms.

Malpighi & Grew sont les auteurs qui ont le mieux parlé de l’anatomie des plantes ; leurs découvertes ont détruit plusieurs réflexions de la Quintinie sur l’Agriculture.

Si l’on veut suivre Grew (Anat. des plantes, pag. 19 & suivantes.) dans la végétation d’une graine, on trouvera qu’étant semée en terre, elle se partage en deux lobes & a trois parties essentielles ou organiques ; le corps qui est les lobes mêmes est la premiere ; la radicule qui forme la racine de la plante fait la seconde ; la troisieme est la plume, qui étant faite comme un petit bouquet de plumes ou de feuilles déjà formées, devient la tige de la plante ; elle s’enfle, ensuite elle se remplit d’une humeur qui fermente. Comme il se forme sous la pellicule un corps qui ne peut plus y être contenu, à cause de la substance que la terre lui fournit, la graine est forcée de grossir, de s’ouvrir, de pousser en haut une tige formée par le plus subtil de la séve, & de pousser par-en-bas des racines que produit ce qu’il y a de plus grossier dans la matiere. Ce suc ayant passé par trois peaux dont la cuticule est la troisieme, s’y purifie, s’y fermente, & entre dans le parenchyme, qui est une partie du véritable corps de la graine ; il prend ensuite sa derniere qualité dans les branches de la racine séminale, & devient très-propre à faire croître la radicule qui reçoit ce qui lui est nécessaire avant la plume qui pousse la derniere. Cette radicule reçoit ensuite de la terre un nouveau suc plus abondant qui se fermente avec l’autre, repousse peu-à-peu ce suc primitif, & l’oblige à prendre un mouvement contraire à celui qu’il avoit auparavant, & à retourner de la racine vers la plume, qui par ce moyen se nourrit & se déploye peu-à-peu ; ce suc nourrit encore les lobes, le parenchyme, & la racine séminale, de maniere que les lobes grossissent & sortent de la terre pour former les feuilles qui garantissent de la chaleur la plume lorsqu’elle est encore jeune, jusqu’à ce qu’elle ait formé une belle tige qui devient boiseuse, & pousse ensuite des bourgeons d’où partent des branches, des feuilles, des fleurs, des fruits, enfin d’autres graines qui en perpétuent l’espece. (K)