L’Encyclopédie/1re édition/HÉREDITAIRE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 156-157).
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HÉREDITAIRE, adj. m. & f. (Jurisprud.) se dit de ce qui a rapport à une succession, comme les biens héréditaires, la part héréditaire. (A)

Héréditaire, adj. (Médec.) Ce terme est employé pour désigner l’espece de différence accidentelle d’une maladie, en tant qu’elle dépend d’un vice contracté par la qualité de la liqueur séminale & des humeurs maternelles, qui concourent à donner à l’embryon le principe de vie, & à le former.

Tous les hommes mâles ont acquis dans le corps de leur mere la disposition à ce que la barbe leur croisse à l’âge de puberté, & les femelles à ce qu’elles deviennent sujettes au flux menstruel : cette disposition peut donc être regardée comme héréditaire, en tant qu’elle est transmise des peres & meres aux enfans ; il en est de même de certaines maladies : on observe que les individus de certaines familles éprouvent tous qu’ils y deviennent sujets à certain âge ; telle sont par exemple, l’épilepsie, la goutte : il est aussi difficile de pouvoir détruire cette disposition, que celle qui fait croître la barbe à un jeune homme qui est en bonne santé.

On range parmi les maladies héréditaires, les cancers, la pierre des voies urinaires, la phthisie, qui surviennent respectivement à un certain âge marqué, dans toute une famille, jusqu’à ce qu’elle soit absolument éteinte ; de sorte cependant que si quelqu’un de ceux qui la forment, peut éviter d’en être atteint au tems ordinaire, il en devient exempt pour le reste de sa vie.

On doit distinguer les maladies héréditaires de celles que les Pathologistes appellent connées, morbi connati, c’est-à-dire que le fœtus a contractées accidentellement dans le ventre de sa mere, que l’on apporte en naissant, par conséquent sans qu’elles soient l’effet d’un vice de la santé des parens, antérieur à la conception, transmis aux enfans, comme dans le cas des maladies héréditaires : telle est l’idée que donne Boerrhaave, de ces sortes de maladies, dans le Commentaire de ses Institutions. Pathol. §. 738.

Toutes sortes de maladies ne sont pas susceptibles de devenir héréditaires : selon Neuter, ce sont principalement celles qui ont rapport à la pléthore, aux congestions, aux dispositions hémorrhagiques, telles que l’apoplexie, les hémorrhagies de différens âges. Voyez Hémorrhoides & les maladies qui ont été mentionnées ci-devant.

Il n’est pas facile de déterminer en quoi consiste la disposition aux maladies héréditaires ; mais on peut dire en général qu’elle paroît dépendre d’une sorte de rapport entre les enfans & les peres, dans le système des solides, dans leur degre habituel d’action sur les fluides (vis vitæ) : d’où, comme en résulte vraissemblablement une ressemblance de figure, de caractere, suit aussi celle du tempérament, de la complexion. Voyez Génération. En effet on observe que les enfans qui sont le plus ressemblans à leurs auteurs, sont aussi, tout étant égal, le plus sujets aux maladies héréditaires, s’il y en a dans la famille. Voila ce semble, ce qu’on peut dire de plus raisonnable sur ce sujet, qui de sa nature n’est pas susceptible d’être approfondi.

Mais pour un plus grand détail sur tout ce qui regarde les maladies considérées comme héréditaires, on peut trouver beaucoup d’instruction dans le traité qu’a donné sur ce sujet Dermutius de Meara, intitulé Pathologia hereditaria, annexé à son examen de febribus : on peut aussi consulter fort utilement la dissertation de Zellerus de morbis hereditariis, & celle de Sthaal de hereditariâ dispositione ad varios affectus.