L’Encyclopédie/1re édition/HEPTARCHIE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 138-139).
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HEPTARCHIE, s. f. (Hist. mod.) gouvernement des sept royaumes des Anglo-Saxons, considérés comme ne faisant qu’un seul corps & un seul état.

Les Anglo-Saxons établirent en Angleterre un gouvernement à-peu-près semblable à celui sous lequel ils avoient vécu en Allemagne : c’est-à-dire que se considérant comme freres & compatriotes, & ayant un égal intérêt à se maintenir dans leurs conquêtes, ils conçurent qu’il leur étoit nécessaire de se secourir mutuellement & d’agir en commun pour le bien de tous. Ce fut dans cette vûe qu’ils jugerent à-propos de se nommer un général, un chef, ou, si l’on veut, un monarque auquel ils accorderent certaines prérogatives dont nous ne sommes pas bien informés. Après la mort de ce général ou monarque, on en élisoit un autre du consentement unanime des sept royaumes : mais il y avoit quelquefois d’assez longs interregnes causés par les guerres ou par les divisions entre les souverains, qui ne pouvoient s’assembler ou s’accorder sur un choix.

Outre ce monarque, qui lioit ensemble les Anglo-Saxons, ils avoient encore une assemblée générale composée des principaux membres des sept royaumes ou de leurs députés. Cette assemblée étoit comme le centre du gouvernement heptarchique ; on l’appelloit le Wittena-gémot, ou le parlement général, & on n’y délibéroit que sur les choses auxquelles toute la nation prenoit intérêt. Voyez Wittena-gémot.

Chaque royaume avoit d’ailleurs un parlement particulier, formé à-peu-près de la même maniere qu’on le voit pratiqué dans les sept provinces-unies des Pays-Bas. Chaque royaume étoit souverain, & néanmoins ils délibéroient en commun sur les affaires qui regardoient l’intérêt commun de l’heptarchie. Ce qui étoit ordonné dans l’assemblée générale devoit être exactement observé, puisque chaque roi & chaque royaume y avoit donné son consentement. C’étoit-là la forme du gouvernement heptarchique en général.

L’heptarchie dura 378 ans. Si l’on vouloit rechercher les causes de sa dissolution, il ne seroit pas difficile de les trouver dans l’inégalité qu’il y avoit entre les sept royaumes, dans le manque de princes du sang royal, dans l’ambition des souverains, & dans le concours de certaines circonstances qui ne se rencontrerent qu’au tems d’Ecbert en 828. (D. J.)