L’Encyclopédie/1re édition/HIÉROPHANTE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 207).

HIÉROPHANTE, s. m. (Antiq.) ἱεροφάντης, sacrorum antistes, souverain prêtre de Cérès chez les Athéniens.

L’hiérophante étoit à Athènes un prêtre d’un ordre très-distingué ; car il étoit préposé pour enseigner les choses sacrées & les mysteres de Cérès, à ceux qui vouloient y être initiés ; & c’est de-là qu’il prenoit son nom. On lui donnoit aussi le titre de prophete ; il faisoit les sacrifices de Cérès, ou uniquement par rapport à elle ; il étoit encore le maître d’orner les statues des autres dieux, & de les porter dans les cérémonies religieuses. Il avoit sous lui plusieurs officiers qui l’aidoient dans son ministere, & qu’on nommoit exégetes, c’est-à-dire, explicateurs des choses sacrées.

Eumolpe fut le premier hiérophante que Cérès se choisit elle-même pour la célébration de ses mysteres, c’est-à-dire, que ce fut lui qui le premier y présida & les enseigna. Cet Eumolpe, selon Athénée, fut le chef d’une des plus célebres familles d’Athènes, qui seule eut la gloire de donner sans discontinuation un hiérophante aux Eleusiniens, tant que le temple de Cérès subsista parmi eux. La durée de ce sacerdoce a été de douze cens ans ; & ce qui le rend encore plus mémorable dans la seule famille des Eumolpides, c’est que celui qui étoit une fois revêtu de la dignité d’hiérophante, étoit obligé de passer toute sa vie dans le célibat, comme nous l’apprenons de Pausanias dans les Corinthiaques, de l’ancien Scholiaste de Perse sur la cinquieme satyre de ce poëte, & finalement de S. Jérome.

Ce mot hiérophante, est composé de ἱερὸς, sacré, & de φαίνω, je montre, je mets en lumiere. (D. J.)