L’Encyclopédie/1re édition/HOSPITALIERES

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HOSPITALIERES, s. f. pl. (Hist. ecclés.) on peut comprendre sous ce nom, les sœurs de la sagesse ; ce sont des filles qui se sont mises ensemble pour exercer la charité envers les pauvres, aussi prennent-elles le nom de servantes des pauvres : elles doivent leur établissement au sieur Grignon de Montfort, prêtre missionnaire apostolique, décédé en 1716, au bourg & paroisse de S. Laurent-sur-Sayvre, en bas Poitou ; il les assembla pour avoir soin gratis des pauvres & des petites écoles, dans les villes & villages où on les appelleroit ; leur habillement est fort simple, il est fait d’une grosse étoffe grise, & des coëffures d’une simple toile, elles sont toujours en corps de juppe, & portent au-devant d’elles sous la piece du corps, une croix de bois de la longueur d’un demi-pié ou environ, sur laquelle il y a un Christ de cuivre jaune. Lorsqu’elles sortent ou qu’elles vont à l’église, elles ont une cappe d’étamine noire qui leur couvre tout le corps. Le sieur de Montfort leur donna des régles & constitutions pour leur façon de vivre, de s’habiller, & pour leurs exercices spirituels ; elles sont répandues en différens diocèses, où on les a appellées nones : elles ont formé des établissemens ; elles gouvernent l’hôpital-général de la Rochelle, l’hôpital royal & militaire de l’île d’Oléron, & ont des établissemens dans plusieurs villes, bourgs & paroisses de la Bretagne, Poitou, Saintonge & Aunix, où elles remplissent avec beaucoup de zele & de charité les emplois où leur supérieur les distribue ; leur maison de S. Laurent-sur-Sayvre est celle où ces filles font leur noviciat, elles y ont une supérieure générale qui est une d’entr’elles, & à vie ; elles sont toutes sous les ordres & la conduite d’un prêtre, qui a succedé au sieur de Montfort dans le titre de supérieur des missionnaires de ces cantons-là, & qui demeure aussi à Saint-Laurent-sur-Sayvre. Ces filles n’ont encore pû jusqu’à présent obtenir, ni bulles, ni lettres patentes pour leur établissement ; elles les sollicitent, & si elles les obtiennent, elles feront dans l’Eglise un corps de religieuses, sinon, on ne doit les regarder que comme des filles qui se sont vouées au service des pauvres, sous la régle ou constitution du sieur de Montfort.