L’Encyclopédie/1re édition/HYSSOPE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 419-420).
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HYSSOPE, s. m. (Hist. nat. Bot.) hyssopus, genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre supérieure est relevée, arrondie & échancrée, & l’inférieure est divisée en trois pieces, dont celle du milieu est creusée en cuiller, & terminée par deux pointes en forme d’ailes. Il sort du calice un pistil, attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & environné de quatre embryons, qui deviennent dans la suite autant de semences oblongues & renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Miller en compte cinq ou six especes ; décrivons la plus commune, hyssopus officinarum, cærulea, spicata, C. B. P.

Sa racine est ligneuse, dure, fibrée, de la grosseur du doigt ; ses tiges sont hautes d’une coudée, ligneuses, cassantes, branchues ; ses feuilles naissent deux à deux & opposées ; elles sont longues d’un pouce ou d’un pouce & demi, larges de deux lignes, pointues, lisses, d’un verd foncé, âcres, & d’une bonne odeur. Ses fleurs sont en grand nombre au sommet des branches, disposées en maniere d’anneaux sur de longs épis, tournées presque toutes d’un même côté ; elles sortent de longs calices, cannelés, partagés en cinq segmens, pointus ; elles sont grandes, d’une seule piece, bleues, & en gueule, la levre supérieure est redressée, arrondie, partagée en deux, & l’inférieure en trois, dont celle du milieu est creusée en cueilleron, échancré, & terminé par deux pointes.

Chaque fleur a quatre étamines, oblongues, bleues, garnies de petits sommets d’un bleu foncé. Il s’éleve du calice un pistil, attaché en maniere de clou à la partie postérieure de la fleur, & comme accompagné de quatre embryons, qui se changent ensuite en autant de petites graines arrondies, brunes, cachées dans une capsule qui servoit de calice à la fleur.

On cultive communément cette plante dans les jardins ; elle est toute d’usage, & a les qualités d’inciser, d’atténuer ; & de discuter ; elle est surtout destinée aux maladies tartareuses des poumons, & passe pour très-utile dans l’asthme humoral. Elle contient un sel ammoniacal uni avec une huile, soit subtile essentielle aromatique, soit épaisse & bitumineuse.

Nous ne connoissons point l’hyssope des anciens, mais ce n’étoit pas le même que le nôtre ; Dioscoride. en parlant d’une plante appellée Chrysocomé, dit que c’est un petit arbrisseau qui a la fleur en raisin comme l’hyssope ; dans un autre endroit, où il décrit l’origan héracléotique, il remarque qu’il a la feuille semblable à celle de l’hyssope, disposée en ombelle : or notre hyssope n’a point la feuille en forme de parassol, mais étroite & pointue, ni la fleur en raisin, mais en épi.

Il paroît d’ailleurs par l’histoire de la passion de Notre-Seigneur, rapportée dans les évangélistes, que l’hyssope des anciens devoit être un petit arbrisseau qui fournissoit du bois assez long. On emplit, dit S. Jean, chap. xix. v. 29. une éponge de vinaigre, & l’ayant mise au bout d’un bâton d’hyssope, on la porta à la bouche de Jesus-Christ en croix ; à la vérité le grec dit seulement, l’ayant mise autour d’un hyssope ; mais ce qui prouve que cet hyssope étoit un espece de bâton, c’est que S. Matthieu, racontant le même fait, dit qu’on attacha cette éponge autour d’un bâton.

Enfin, on peut tirer la même conséquence d’un passage de Josephe, ou il dit de Salomon, d’après le vieux testament, que ce prince avoit décrit chaque espece d’arbre, depuis le cedre jusqu’à l’hyssope. L’hyssope des anciens étoit donc un arbre, un arbrisseau, & par conséquent ce n’étoit point l’hyssope des modernes. Quelques commentateurs, comme le P. Calmet, répondent qu’en Judée l’hyssope s’élevoit à une assez grande hauteur ; mais cette supposition est gratuite, & n’est point appuyée du témoignage des Botanistes modernes qui ont herborisé dans ces pays-là. (D. J.)

Hyssope, (Diete & Mat. med.) l’hyssope est une Plante aromatique d’une odeur forte ; elle a une saveur vive & un peu âcre.

On s’en sert dans quelques provinces à titre d’assaisonnement, dans quelques ragoûts & dans les salades, mais son goût & son odeur ne plaisent qu’à peu de personnes.

Elle est destinée principalement dans l’usage medicinal, à diviser les glaires épaisses retenues dans les vésicules du poumon, & à en faciliter l’expectoration ; ou bien, ce qui est la même chose, on l’emploie comme un béchique incisif très-puissant. C’est à ce titre qu’elle passe pour spécifique dans l’asthme humide, prise en infusion dans de l’eau ou dans du vin : on l’a employée aussi quelquefois avec succès dans l’aphonie ; dans ce dernier cas on mêle ordinairement son infusion avec du lait ; dans l’un & dans l’autre on peut employer le syrop simple & la conserve d’hyssope. L’eau distillée de cette plante passe encore pour utile dans les mêmes maladies ; on peut assurer au moins que cette eau est du nombre de celles qui ne sont pas sans vertu. Voyez Eaux distillées.

L’infusion d’hyssope prise habituellement le matin à jeun, est encore un bon remede pour fortifier l’estomac, & pour donner de l’appétit. Elle est analogue en ceci aux feuilles de mélisse & à celles de petite sauge, qui sont plus en usage que celles-ci.

Les feuilles & les sommités d’hyssope entrent dans plusieurs compositions pharmaceutiques. (b)