L’Encyclopédie/1re édition/INTENTION

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 812).
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* INTENTION, s. f. (Gramm.) c’est la fin qu’un homme se propose en agissant. Elle peut être bonne ou mauvaise ; exprimée ou secrette. Il n’est permis qu’à Dieu de connoître des intentions secrettes. Souvent c’est l’intention qui excuse ou qui aggrave l’action. La loi des hommes, nécessairement imparfaite, néglige souvent l’intention, & présume que celui qui a voulu l’action, en a voulu aussi toutes les suites. Nous devons de la reconnoissance à celui qui étoit bien intentionné, sans aucun égard au succès. Il ne faut pas perdre de vûe la fable de l’ours & de l’homme qui dort. Un sot de la meilleure intention nous casse la tête, pour nous délivrer de l’importunité d’une mouche. Il y a des casuistes qui ont imaginé une certaine direction d’intention, à l’aide de laquelle ils peuvent mentir, médire, calomnier, en sureté de conscience.

Les Logiciens de l’école distinguent une intention objective & une intention formelle. Celle-ci est la connoissance de l’objet ; la premiere est l’objet connu.

Ils distribuent l’une & l’autre en intention premiere, & en intention seconde. L’intention premiere est des attributs essentiels ; l’intention seconde est des attributs accidentels. Il est inutile de s’étendre sur ce ramage vuide de sens.