L’Encyclopédie/1re édition/INTERLIGNES

La bibliothèque libre.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 830).

INTERLIGNES. f. f. (Imprim.) ce sont des parties minces, de bois ou de métal, que l’on met entre chaque lignes, pour leur donner plus de blanc. On s’est servi long-tems d’interlignes de bois, faute d’autres ; ce sont de minces reglettes de bois que l’on coupe à la longueur des lignes : mais l’eau qui les pénétre lorsqu’on lave les formes, les fait bomber en différens sens, ce qui produit de mauvais effets, & les rend, en peu de tems, hors d’usage. On y a d’abord suppléé par des petites parties de métal dites interlignes brisées, parce qu’elles sont en forme d’espaces fondues sur différens corps pour les avoir de plusieurs largeurs, afin de les faire servir à différens formats de livres. Ces secondes sortes d’interlignes ont un grand inconvénient, c’est qu’il arrive souvent qu’elles ne sont pas justes d’épaisseur entr’elles ; comme elles se font sur quatre ou cinq moules différens, pour peu qu’un d’eux péche en tête, en pié, ou à une des extrémités du corps, il en résulte un défaut général. Enfin on a inventé des moules pour en faire d’une seule piece pour chaque format, ce qui rend l’ouvrage plus prompt, plus solide & plus propre. Voyez la fig. de ce moule dans les Planches de la Fonderie en Caracteres.

L’épaisseur des interlignes est de deux sortes ; la plus usitée, & celle qui donne plus de grace à l’impression, est de trois points, mesure de l’échelle pour la proportion des caracteres, c’est-à-dire que les deux font l’épaisseur de la nompareille ; l’autre est de deux points ou trois interlignes pour le corps de ladite nompareille. Celle-ci donne la distance juste qu’il y a d’un caractere à celui qui le suit dans l’ordre des corps, c’est-à-dire qu’un petit-romain & une de ces interlignes font ensemble le corps du cicéro ; ou unie au cicéro font le saint-augustin.