L’Encyclopédie/1re édition/INTERRUPTION

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 837).
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INTERRUPTION, s. f. (Jurisprud.) est l’effet de quelque acte ou circonstance qui arrête le cours de la prescription, ou qui trouble quelqu’un dans sa possession.

Il y a certaines circonstances, telles que la minorité, qui interrompent la prescription sans aucun acte judiciaire ni extra-judiciaire.

Le trouble de fait ne forme pas une interruption de la possession & prescription, mais bien le trouble de droit, c’est-à-dire lorsqu’il y a une demande judiciaire ; car un simple acte extra-judiciaire ne forme pas une interruption civile.

L’action en déclaration d’hypotheque est aussi appellée interruption. Voyez Hypotheque, Possession, Prescription, Trouble. (A)

* Interruption, (Belles-Lettres.) figure de Rhétorique, dans laquelle l’orateur ou distrait par un sentiment plus violent, qui s’éleve subitement au fond de son ame, ou honteux de ce qui lui reste à dire, s’interrompt lui-même & se livre à d’autres idées.

Tu veux que je le fuie ; hé bien, rien ne m’arrête ;
Allons, n’envions plus son indigne conquête :
Que sur lui sa captive étende son pouvoir ;
Fuyons : mais si l’ingrat instruit dans son devoir,

Si la foi dans son cœur retrouvoit quelque place,
S’il venoit à mes piés me demander sa grace,
Si sous mes lois, amour, tu pouvois l’engager,
S’il vouloit… mais l’ingrat ne veut que m’outrager.

Ces interruptions ont beaucoup de vérité & de force ; il est impossible à la passion, lorsqu’elle est extrème, de suivre un long enchaînement d’idées : le trouble de l’ame passe dans le discours, & il se brise & se décout.