L’Encyclopédie/1re édition/ISTRIE

La bibliothèque libre.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 931-932).
◄  ISTHMION
ISTROPOLIS  ►

ISTRIE, l’(Géog.) presqu’île d’Italie dans l’état de Venise, entre le golfe de Trieste & le golfe de Quarner. Les Colques y fonderent autrefois le fameux port de Pola, si connu depuis chez les Romains sous le nom de Julia pietas ; & d’autres colonies greques qui s’y etablirent, y porterent le culte d’Isis.

L’air y est mal-sain, & le pays dépeuplé ; la plus grande partie de l’Istrie est aux Vénitiens ; la maison d’Autriche y possede seulement la principauté & le port de Trieste : il ne faut pas dire avec Magin, que l’Istrie répond à la Japidie des anciens, cela n’est vrai que d’une partie de l’Istrie & de la Japidie.

Capo d’Istria est la capitale de cette contrée. Voyez Capo-d’Istria. J’ajouterai qu’elle est sur une petite île nommée. Ægida par les anciens, & que le P. Coronelli met à 36. 36. de long. & à 45. 31 de lat. septen. Elle quitta le nom d’Ægida & de Copraria qu’elle avoit eu depuis, pour celui de Justinopolis qu’elle garde encore dans les actes publics. L’évêché de Capo-d’Istria fut fondé en 756 ; elle a d’assez belles églises ; sa maison de ville étoit un temple de Pallas ; son principal revenu consiste en salines qui produisent par an plus de sept mille muids de sel ; la mer lui fournit du poisson en abondance, & la terre ferme d’alentour est couverte d’oliviers & de vignes qui donnent d’excellent vin.

Mathias Francowitz plus connu sous le nom de Mathias Flaccus Illyricus, l’un des plus savans & des plus turbulens théologiens de la confession d’Ausgbourg, nâquit dans l’Istrie le 3 de Mars 1520 ; il s’éleva avec force contre l’interim de Charles-Quint, eut des démêlés très-vifs avec les Catholiques, & mourut le 11 Mars 1575, à 55 ans. Il tira de la poussiere des bibliotheques, une vieille messe qu’il fit imprimer en 1557, & compila l’ouvrage fameux intitulé, Catalogus testium veritatis, Basileæ 1556, premiere édition, suivie de celles de 1597 & 1608, & à Francfort 1666 in-4°. & 1672. Le plus considérable de ses travaux, fut sans doute cette histoire ecclésiastique latine, qu’on a nommée les Centuries de Magdebourg, dont il eut la principale direction ; il y a 13 centuries. Les trois premieres parurent en 1559, & la derniere en 1574. L’édition de Basle en 1624, 3 vol. in-fol. est la bonne de ce grand ouvrage ; mais le clavis sacræ scripturæ d’Illyricus, est un de ses meilleurs livres : Bayle a donné un excellent article critique de ce célebre auteur. (D. J.)