L’Encyclopédie/1re édition/JACTATION

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 431).
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JACTATION, s. f. (Medec.) c’est un symptome de maladie ; il consiste en ce que les malades étant extrèmement inquiets, ne peuvent rester au lit dans une même attitude, & en changent continuellement, parce que, comme on dit communément, ils ne trouvent point de bonne place : ils se jettent d’un côté du lit à l’autre ; ils se tournent souvent ; ils s’agitent, s’étendent, se courbent ; ils promenent leurs membres çà & là, & ne discontinuent point ces différens mouvemens du corps entier ou de ses parties, ayant la physionomie triste, & poussant souvent des soupirs, des gémissemens.

Cet état accompagne souvent les embarras douloureux d’estomac, les nausées fatiguantes, la disposition au vomissement prochain, les douleurs vives, comme convulsives, qui viennent par tranchées, par redoublemens, comme dans certaines coliques, dans le travail de l’enfantement & dans les cas où les humeurs morbifiques d’un caractere délétere, portent des impressions irritantes dans le genre nerveux ; quoiqu’il y ait d’ailleurs beaucoup de foiblesse.

La jactation est toûjours un mauvais signe dans les maladies, sur-tout lorsqu’elle survient à l’abattement des forces constant & considérable ; lorsque le vice morbifique a son siége dans quelques parties nobles ; lorsqu’elle est accompagnée de sueurs de mauvaise qualité, de froid aux extrémités ; mais elle est de moindre conséquence, lorsqu’elle arrive dans les tems de crise ; qu’elle ne se trouve avec aucun autre mauvais symptome, & qu’elle n’est point suivie de défaillance, de délire ou de phrénésie.

La jactation est à-peu-près la même chose que l’anxiété, l’inquiétude : on peut consulter sur ce qui y a rapport, les traités de Séméiotïque dans la partie qui roule sur les prognostics : mais on trouve le précis très-bien circonstancié de tout ce qu’ont observé les anciens sur le sujet dont il s’agit, dans l’excellent ouvrage de Prosper Alpin, de præsagiendâ vitâ & morte ægrotantium, lib. III. cap. iv. &c. dans celui de Duret, in coacas prænotiones Hippocratis passim, &c.