L’Encyclopédie/1re édition/MORGUE

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MORGUE, s. f. (Gramm.) Si vous joignez la dureté & la fierté à la gravité & à la sottise, vous aurez la morgue. Elle est de tous les états ; mais on en accuse particulierement la robe, & la raison en est simple. Il y a dans la robe, tout autant de gens sots & fiers que dans l’église & le militaire, ni plus ni moins ; mais la gravité est particulierement attachée à la magistrature ; dépositaire des lois qu’elle fait parler ou taire à son gré, c’est une tentation bien naturelle que d’en promener partout avec soi la menace. Les gens de lettres ont aussi leur morgue, mais elle ne se montrera dans aucun plus fortement que dans le poete satyrique.

Morgue ; (Hist. mod.) c’est dans les prisons, l’intervalle du second guichet au troisieme. On donne le même nom à un endroit du châtelet, où l’on expose à la vue du public les corps morts dont la justice se saisit : ils y restent plusieurs jours afin de donner aux passans le tems de les reconnoître.