L’Encyclopédie/1re édition/MUCILAGE

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MUCILAGE, s. m. (Chim. Pharmac. Mat. med.) espece de corps muqueux, végétal, qui se distingue par la propriété de s’assimiler l’eau de maniere à constituer avec elle une espece de gelée tenace, lenta, & visqueuse, par la parfaite insipidité, & par le moindre degré d’aptitude à la fermentation vineuse. Cette substance est exactement analogue à la gomme. Voyez Muqueux, Vin & Gomme

Le mucilage réside principalement dans plusieurs racines, comme dans celles de toutes les mauves, de la guimauve, du nenuphar, de la grande consoude, le bulbe de lis blanc, &c. & dans les écorces ou enveloppes lisses & épaisses de plusieurs semences émulsives, comme dans celles des pepins des fruits, principalement des coings, dans celles des semences de psyllium, de lin, &c. l’herbe & les fleurs de malvacées en contiennent aussi une certaine quantité, mais il y est moins nud que dans les racines & les semences dont nous venons de parler.

Cette substance est employée à titre de remede, tant intérieurement qu’extérieurement, & elle est regardée comme l’émollient, relâchant, lubréfiant par excellence. On ordonne donc pour l’intérieur les décoctions ou les infusions des substances mucilagineuses, dans les inflammations du bas-ventre, des reins, de la vessie, les premiers tems des gonorrhées virulentes, le crachement de sang, les pertes des femmes, le tenesme, la dissenterie, les diarrhées par irritation, les coliques bilieuses & inflammatoires, la passion iliaque, l’ardeur d’urine, la colique néphrétique, la fievre hectique & le marasme, le scorbut, le rhumatisme, les érésipeles, contre les venins corrosifs, &c. excepté dans ce dernier cas la dissolution de mucilage ne doit point être trop chargée ; car elle est très-dégoutante lorsqu’elle est trop chargée.

Quant à l’usage extérieur on emploie aussi la décoction des substances mucilagineuses qu’il est permis de rendre plus saturée pour cet usage ; on en imbibe des linges ou des flanelles que l’on applique sur les tumeurs inflammatoires, ou bien on applique quelques-unes des substances mucilagineuses ; l’oignon de lis par exemple, convenablement préparé. Voyez Lis, Mat. med. On fait avec les décoctions mucilagineuses des injections qu’on porte dans l’uretre, dans le vagin, contre l’inflammation ou les ulceres de ces parties ; on en bassine la vulve dans les démangeaisons qui s’y font sentir quelquefois, & qui sont ordinairement très incommodes : on les donne en lavement dans le ténesme & la constipation ; on en bassine les gersures des mamelles, de l’anus, &c. les hémorrhoides douloureuses : on les emploie en demi-bain, en pédiluve, &c.

Le mucilage réduit sous consistence de gelée est employé en Pharmacie comme excipient dans quelques préparations officinales solides, telles que les trochisques, les tablettes, &c. Retirer un mucilage & le réduire sous cette consistence, c’est ce qu’on appelle dans les boutiques faire l’extraction d’un mucilage. Pour cette opération on prend une des semences ci dessus mentionnées, celle du lin par exemple ; on la fait infuser à chaud, en agitant souvent avec une spatule de bois, dans cinq ou six fois son poids d’eau commune, jusqu’à ce qu’il en résulte une liqueur un peu plus épaisse & visqueuse que le blanc d’œuf. C’est le mucilage de graine de lin. On dit aussi dans le même sens, qui est alors très-impropre, extraire le mucilage d’une gomme. Voyez Gomme. (b)

Mucilage, (Conchyl.) partie épaisse & gluante de l’intérieur d’un coquillage.