L’Encyclopédie/1re édition/NISIBE

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NISIBE, ou NISIBIS, (Géog. anc.) ville très ancienne & très-célebre dans la partie septentrionale de la Mésopotamie. Elle étoit située sur le Mygdonius, à deux journées du Tigre. Les Grecs l’appelloient Antioche de Mygdonie, à cause de la beauté de son terroir, qu’ils comparoient à celui de l’Antioche de Syrie qui étoit délicieux. Strabon dit que Nisibis étoit située au pié du mont Masius.

Tigranes étoit possesseur de Nisibe du tems de la guerre de Mithridate, & Lucullus la lui enleva. Elle devint alors le boulevard de l’empire d’orient, tant contre les Parthes, que contre les Perses ; mais l’empereur Jovien la rendit à ces derniers.

Dans l’inscription d’une médaille de Julie Paulle, on lit ces mots : ceΚολω Necibi, c’est-à-dire, septimæ coloniæ Nesibitanæ. Le nom moderne de Nisibe est Nesbin, ou Nassibin, ou Naïsibin, car on écrit ce nom très-diversement : c’est un lieu du Diarbek, qui dépend du bacha de Merdin. Mais ce lieu n’est plus qu’un misérable village, éloigné de Moussail de 50 lieues, & de 28 S. O. de Diarbeckir. Le pays est presque par tout désert & inhabité : de l’autre côté, c’est une large campagne où l’on ne voit sur la terre que de la grande pimprenelle, des tulipes, des anemones, des narcisses & autres fleurs. Long. 57. 25. lat. 36.

S. Ephrem, pere de l’Église & diacre d’Edesse, au quatrieme siecle, étoit de Nisibe. Il se fit extrèmement estimer de S. Basile & de S. Grégoire de Nice. Il embrassa d’abord la vie monastique, & dans la suite fut ordonné diacre par S. Jacques de Nisibe. Sozomene rapporte qu’ayant été élu évêque, il feignit d’avoir perdu l’esprit pour éviter d’être ordonné. On sait qu’il écrivit contre les erreurs de Sabellius, d’Arius, d’Apollinaire, des Manichéens, &c. Il mourut en 399. La meilleure édition de ses ouvrages est celle de Rome depuis 1732 jusqu’en 1746, en grec, en syriaque & en latin. 6 vol. in-fol. (D. J.)