L’Encyclopédie/1re édition/PRÊLE

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PRÊLE, queue de cheval, s. f. (Histoire nat. Botan.) equisetum, genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle est composée de plusieurs étamines qui ont un sommet en forme de champignon ; elle est disposée en épi & stérile. Les fruits naissent sur des especes de prêle qui n’ont point de fleurs ; ce sont des grains noirs, rudes & pleins. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles ne sont autre chose que des articulations unies ensemble par des nœuds, de façon qu’elles s’inserent l’une dans l’autre comme un tuyau dans un autre tuyau. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort en compte huit especes, entre lesquelles se distingue la grande prêle nommée equisetum palustre longioribus setis, I. R. H. 553 ; en anglois the marsh-horsetail.

Ses racines consistent en un grand nombre de fibres longues, menues, déliées, noirâtres, qui partent des nœuds de l’extrémité inférieure des tiges. Lorsque ces tiges sortent de terre, elles ressemblent à l’asperge, & sont hautes d’une palme ou d’une coudée, composées de plusieurs tuyaux emboités les uns dans les autres, & formant des nœuds d’espace en espace, & entourés d’une frange noirâtre. Ces tiges sont striées, creuses, & terminées par une tête en maniere de châton ou colonne renflée vers le milieu, formé par un grand nombre de petites étamines, chargées chacune d’un sommet brun en champignon ; les semences naissent sur des piés qui ne portent point d’étamines : ce sont des grains noirs & durs.

Dans la suite ses tiges s’élevent à la hauteur de deux coudées, quelquefois plus, presque de la grosseur du petit doigt, cylindriques, creuses, blanchâtres, le plus souvent lisses ou marquées de petites cannelures que l’on a peine à voir, entrecoupées de beaucoup de nœuds qui s’emboîtent les uns dans les autres ; chaque nœud est environné de feuilles ou de filets longs, rudes, striés, verds, sans branches, au nombre de huit, neuf, quelquefois jusqu’à trente, composés de tuyaux plus ou moins nombreux, articulés & rassemblés bout-à-bout. Quand la tige commence à vieillir, elle devient couleur de châtaigne, ou d’un rouge foncé du côté qu’elle est exposée au soleil ; cette plante croît dans les marais.

Prêle, (Mat. méd.) grande prêle & petite prêle : l’une & l’autre prêle sont d’usage en Médecine, mais la petite passe pour avoir plus de vertus.

La prêle est comptée parmi les astringens les plus forts, & elle est par-conséquent un très-bon remede pour les hémorrhagies, les pertes de sang des femmes, le pissement de sang, les dyssenteries, & les autres flux de ventre. Il me semble que Geoffroi de qui ceci est tiré, devoit ajouter, lorsque les astringens étoient indiqués dans ces cas. On fait prendre, continue Geoffroi, dans de l’eau ou dans du vin à la dose d’un gros en poudre, & à la dose de quatre onces en décoction, que l’on fait boire matin & soir ; on donne encore son suc à la dose de deux onces. Les auteurs ont remarqué qu’elle guérit les exulcérations & les plaies des reins, de la vessie, des intestins grêles & des poumons, qu’elle fait des merveilles dans les fievres opiniâtres & dans les fievres malignes, qu’elle est utile pour la gonorrhée, & qu’elle corrige beaucoup le relâchement des prostates. Geoffroi, Matiere médic. (b)

Prêle, en terme de Doreur sur bois, c’est un paquet de branches de la plante de ce nom, qu’on passe sur les parties blanchies, & qui doivent être brunies, pour les adoucir encore davantage. Voyez Adoucir & Prêler.