L’Encyclopédie/1re édition/PROCONNESE

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PROCONNESE, Proconnesus, (Géogr. anc.) île de la Propontide, vis-à-vis de Cyzique. Pline, l. V. c. xxxij. dit qu’on l’appelloit aussi Elaphonnesus & Nevris. C’est de cette île qu’on tiroit le marbre appellé le marbre de Cizique.

C’est dans cette île que nâquit Aristée, en latin Aristeus, personnage qui joue un grand rôle dans les légendes du Paganisme. On peut voir dans Hérodote, l. IV. c. xiij. & xiv. le détail des prodiges qu’on lui attribuoit. Après avoir disparu subitement de Proconnese sa patrie, il y reparut, disoit-on, sept ans après ; assura ses concytoyens que pendant son absence, il avoit accompagné Apollon chez les Hyperboréens, & leur récita son poëme sur ces peuples ; après quoi il disparut encore. Les habitans de Métaponte en Italie ajoutoient que 370 ans après cette apparition, dans la place de Proconnese, Aristée se remontra dans leur ville, & leur ordonna d’élever un autel en l’honneur d’Apollon, parce qu’ils étoient les seuls grecs d’Italie que ce Dieu eût daigné visiter, quoique sans se rendre visible.

Plutarque s’est mocqué de tous ces contes, & Strabon nous donne Aristée pour un des plus grands enchanteurs qui furent jamais ; c’est pour cela qu’on lui a attribué un ouvrage rempli de fables sur l’origine des dieux, & un poëme contenant l’histoire des Arimaspes, peuples fabuleux, dont on debitoit d’étranges absurdités. On ne sait point quand a vécu cet homme singulier ; Suidas le met au tems de Cyrus & de Cresus, mais il devoit être encore plus ancien, suivant Hérodote.