L’Encyclopédie/1re édition/PROFANE

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PROFANE, (Critiq. sacrée.) en grec Βέβηλος, en latin profanus, qui vient de fanum, comme qui diroit procul à fano ; mot opposé à initié. Βέβηλος καὶ ἀτέλεστος τῷ θεῷ, dit Ælien, Var. hist. lib. VIII. ch. ix. c’est un profane qui n’est pas initié aux mysteres de la divinité. Dans les sacrifices & dans les cultes publics qu’on rendoit aux dieux, les Grecs avoient coutume de crier, ἑκάς, ἑκὰς ἔστε βέβηλοι, εὐφημεῖτε ; & les Latins procul este profani, favete linguis : éloignez-vous, profanes ; & vous initiés, soyez attentifs, ou ne prononcez que des paroles convenables au jour & à la cérémonie que l’on célebre. Profane est donc celui qui n’est pas initié aux choses saintes, mais souvent dans l’Ecriture, ce mot se prend pour celui qui méprise les choses saintes, & qui leur préfere les plaisirs & les biens temporels. Esaü étoit un profane, coupable d’impiété vis-à-vis de son propre pere, en dédaignant ses tendres supplications, & en en faisant moins de cas que d’un potage de lentilles. Josephe voulant peindre la piété des Esséniens, observe qu’avant le lever du soleil, ils ne proferent aucune parole profane ; cela signifie qu’ils ne s’entretiennent point des choses de la terre. Le mot profane dans le vieux Testament, signifie presque toujours un homme impur, ou celui qui viole les cérémonies de la loi ; si quelqu’un mange des sacrifices le troisieme jour, il sera profane & coupable d’impiété, dit le Lévitique, xix. 7. (D. J.)