L’Encyclopédie/1re édition/PROMENADE

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PROMENADE, PROMENOIR, (Lang. franç.) Le premier mot s’est maintenu pour signifier un lieu où l’on se promene, & le second a vieilli : on auroit dû le conserver, parce qu’il enrichissoit notre langue, & que du tems de Louis XIV. on mettoit une différence entre ces deux mots tirée des choses même. Promenade désignoit quelque chose de plus naturel ; promenoir tenoit plus de l’art. De belles promenades étoient, par exemple, des plaines ou des prairies ; de beaux promenoirs étoient des lieux plantés selon les alignemens de l’art. Le cours de la Reine s’appelloit un beau promenoir, & la plaine de Grenelle une belle promenade. (D. J.)

Promenade à pié, (Médec.) exercice modéré, composé du mouvement alternatif des jambes & des piés, par lequel on se transporte doucement & par récréation d’un lieu à un autre.

A ce mouvement contribuent les articulations des cuisses, conjointement avec celles des jarrets, des talons & des orteils, ce qui rend la promenade un des exercices des plus propres à agir généralement sur tout le corps, parce que ces parties ne peuvent être agitées, que presque toutes les autres ne s’en ressentent. Il arrive de-là que la promenade ne favorise pas seulement les fonctions des extrémités, mais celles de tous les visceres ; elle aide l’expectoration en agissant sur les poumons ; elle fortifie l’estomac par de petites secousses réitérées ; elle détache le sable des reins ; elle dissipe les humeurs catarreuses, en excitant la transpiration ; en un mot elle produit tous les bons effets qui naissent de l’exercice. Voyez Exercice.

La promenade est d’autant plus salutaire, qu’elle est propre à tout âge, à tout sexe, à toutes sortes de tempéramens ; mais elle est sur-tout utile aux enfans & aux vieillards. Dans les vieillards, la chaleur naturelle qui décline, & l’amas de la pituite qui les surcharge, commandent cet exercice pour animer l’un & dissiper l’autre. Dans les enfans, l’abondance des sérosités dont ils sont accablés, requiert le même secours, qui est aussi le plus proportionné à la foiblesse de leur âge. D’ailleurs il faut que les sucs destinés par la nature pour l’accroissement du corps, ne viennent pas à se vicier par la stagnation.

Les eaux minérales que l’on boit pour la guérison de tant de maladies, ne réussissent qu’à l’aide de l’exercice dont on accompagne leur usage : cet exercice est la promenade ; & on en tire de si grands secours dans cette rencontre, qu’il y a souvent lieu de douter si cette promenade n’est point la principale cause de la guérison qu’on attribue à ces eaux.

La promenade, comme tous les autres exercices, demande, pour être salutaire, d’être placée en certains tems, & ne pas passer certaines mesures. Cette mesure doit aller jusqu’à la légere apparence de la sueur, ou jusqu’au commencement de lassitude ; c’est là-dessus qu’on peut régler le repos qu’on doit prendre. Quant au tems, il est à-propos de se promener par préférence avant le repas, plûtôt que d’abord après ; & pour la saison, en été avant que le soleil soit monté sur l’horison, & un peu avant son coucher ; en automne & au printems, environ une heure après le lever du soleil, & deux heures avant qu’il se couche ; en hiver sur le midi. Mais si la promenade à pié est utile, celle qui se fait en voiture rude ou à cheval, l’est encore davantage. On en a donné les raisons aux mots Exercice, Equitation, &c. (D. J.)