L’Encyclopédie/1re édition/PRUNELLIER

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PRUNELLIER, s. m. (Jardinage.) arbrisseau épineux qui est l’espece sauvage du genre des pruniers. On lui donne le nom d’épine noire. Il vient communément dans les bois, dans les haies, & dans tous les lieux incultes ; il s’éleve à six ou huit piés. Son écorce est noire. Ses fleurs, qui sont blanches, précedent celles des autres pruniers. Ses fruits, que l’on nomme prunelles, sont ronds, petits, & couverts d’une fleur bleuâtre ; mais ils sont si âpres & si stiptiques, qu’il n’est guere possible de les manger cruds. Cet arbrisseau, qui est extremement commun, qui croît très-promptement, qui se multiplie plus qu’on ne veut, & qui réussit dans les plus mauvais terreins, seroit tout-à-fait convenable pour former des haies de défense, s’il n’avoit le plus grand défaut ; il trace en pullulant sur ses racines, & envahit peu-à-peu le terrein circonvoisin : ce qui fait qu’on le redoute, qu’on cherche au contraire à s’en débarrasser, & qu’on ne l’emploie tout au plus qu’à former des haies seches, où il est plus durable que l’aubépin. La Pharmacie tire quelques secours de ce vil arbrisseau ; le suc de son fruit exprimé & épaissi en consistance d’extrait, est ce que l’on appelle l’acacia nostras, que l’on substitue quelquefois au vrai acacia. On tire des prunelles encore vertes un vinaigre très-fort, par la distillation au bain-marie. Les prunelles vertes pilées dans un mortier, sont une ressource immanquable pour rétablir le vin tourné. On peut aussi les manger comme les olives, après les avoir fait passer par la saumûre ; & en les faisant fermenter après qu’elles ont été séchées au four lorsqu’elles sont mûres, on en tire une boisson qu’on prétend être agréable. Tant il est vrai qu’on peut tirer du service des productions de la nature qui paroissent les plus abjectes.