L’Encyclopédie/1re édition/PSYCHOLOGIE

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PSYCHOLOGIE[1], s. f. (Métaphysique.) partie de la Philosophie, qui traite de l’ame humaine, qui en définit l’essence, & qui rend raison de ses opérations. On peut la diviser en Phychologie empirique, ou expérimentale, & Psychologie raisonnée. La premiere tire de l’expérience les principes, par lesquels elle explique ce qui se passe dans l’ame, & la Psychologie raisonnée, tirant de ces principes d’expérience une définition de l’ame, déduit, ensuite de cette définition, les diverses facultés & opérations qui conviennent a l’ame. C’est la double méthode à posteriori & à priori, dont l’accord produit la démonstration la plus exacte que l’on puisse prétendre. La Psychologie fournit des principes à diverses autres parties de la Philosophie, au droit naturel[2], à la Théologie naturelle[3], à la Philosophie pratique[4], & à la Logique[5]. Rien de plus propre que l’étude de la Psychologie, pour remplir des plaisirs les plus vifs, un esprit qui aime les connoissances solides & utiles. C’est le plus grand bonheur dont l’homme soit susceptible ici bas, consistant dans la connoissance de la vérité, en tant qu’elle est liée avec la pratique de la vertu, on ne sauroit y arriver sans une connoissance préalable à l’ame, qui est appellée à acquérir ces connoissances, & à pratiquer ces vertus.


  1. PSYCHOLOGIE, dans les cours ordinaires, la doctrine de l’ame n’est qu’une partie de la Pneumatologie ou doctrine des esprits, qui n’est elle même qu’une partie de la Métaphysique. Mais M. Wolff dans la disposition philosophique de son cours, a fait de la Psychologie une partie distincte de la Philosophie, à laquelle il a consacré deux volumes ; l’un pour la Psychologie empyrique ; l’autre pour la Psychologie raisonnée, & il a placé cette tractation immédiatement après sa Cosmologie, parce qu’il en découle des principes pour presque toutes les autres parties, comme les notes suivantes le justifient.
  2. Au droit naturel. On démontre dans le droit naturel, quelles sont les bonnes & les mauvaises actions. Or la raison de cette qualification des actions, ne peut se deduire que de la nature humaine, & en particulier des propriétés de l’ame. La connoissance de l’ame doit précéder l’étude du droit naturel.
  3. A la Théologie naturelle. Nous ne pouvons arriver à la notion des attributs divins, qu’en dégageant la notion des propriétés de notre ame, de ses imperfections & de ses limitations. Il faut donc commencer par acquérir dans la Psychologie, des idées distinctes de ce qui convient à notre ame, pour en abstraire les principes généraux, qui déterminent ce qui convient à tous les esprits, & par conséquent à Dieu.
  4. A la Philosophie pratique. L’Etique ou la Morale a pour objet principal d’engager les hommes à pratiquer les vertus, & à fuir les vices, c’est-à-dire, de déterminer en général les appétits de l’ame d’une maniere convenable. Qui ne voit donc que cette détermination des appétits demande qu’on se représente distinctement la substance dans laquelle ils résident ?
  5. A la Logique. Quoique par des raisons particulieres, on ait conservé à la Logique le premier rang entre les parties de la Philosophie, elle ne laisse pas d’être subordonnée à la Psychologie, entant qu’elle lui emprunte des principes sans lesquels elle ne pourroit faire sentir la différence des idées, ni établir les regles du raisonnement qui sont fondées sur la nature & les opérations de l’ame.