L’Encyclopédie/1re édition/SÉBASTE

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SÉBASTE, (Géographie ancienne.) ville de la Palestine, dans la Samaritide. Hérodote augmenta & embellit la ville de Samarie, & lui donna le nom de Sébaste ou d’Augusta, en l’honneur de l’empereur Auguste, le nom de Sébaste voulant dire Auguste en grec.

2°. Sébaste, ville & île de la Sicile propre, selon Ptolomée, l. V. c. viij. qui la marque après le promontoire de Coryens. Cette ville n’est autre chose que celle d’Eleusa, dont Archélaüs, comme nous l’apprend Strabon, l. XIV. p. 671. fit sa résidence, lorsqu’Auguste lui eut donné la Cilicie.

3°. Sébaste, ville de l’Asie mineure, dans la Galatie. On voit dans une ancienne inscription rapportée par Gruter, p. 427. n°. 8. que cette ville de Sébaste, étoit le pays des Tectosages.

4°. Sébaste est aussi le nom d’une ville du Pont, sur le penchant du mont Paryadrès. C’étoit originairement un lieu bien peuplé, où Mithridate avoit bâti un palais. Pompée en fit une ville qu’il nomma Diopolis, & la reine Pythodoris qui l’augmenta, l’appella Sébaste, & y établit sa résidence. C’est de cette ville dont il est parlé dans les martyrologes.

5°. Sébaste est enfin un siége épiscopal de l’Asie mineure où naquit, au commencement du v. siecle, Atticus, patriarche de Constantinople. Les anciens parlent fort diversement de son savoir, & le grand nombre s’accorde à lui donner plus de naturel que d’étude ; ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il n’étoit pas superstitieux, & qu’il prit soin d’étouffer en particulier la superstition, qui consiste dans l’adoration des morts.

Sa charité s’étendoit également aux hérétiques comme aux catholiques. Il écrivit à Calliopius : « J’ai appris qu’il y a dans votre ville un grand nombre de personnes qui ont besoin du secours des gens de bien : recevez ces trois cens pieces d’or, pour les distribuer selon votre prudence, à ceux qui sont dans la nécessité. Je ne doute point que vous ne choisissiez les honnêtes gens que la honte empêche de demander, plutôt que ceux qui ne demandent que pour se nourrir dans l’oisiveté. La seule chose que je vous recommande, c’est que vous n’ayez point d’égard à la différence de réligion, je veux dire, que vous nourrissiez ceux qui ont besoin, sans considérer s’ils sont de notre sentiment ou non ». Socrate, hist. ecclés. l. VII. c. xxv.

Il m’importe peu de savoir à présent, si le patriarche Atticus étoit savant : dès que je vois en lui des sentimens si nobles, si judicieux, & si dignes d’un chrétien, je m’embarrasse peu de sa science. Il mourut en 425, dans la dix-neuvieme année de son patriarchat. (D. J.)