L’Encyclopédie/1re édition/SASSO-FERRATO

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SASSO-FERRATO, (Géogr. mod.) petite ville de la marche d’Ancone, ou pour mieux dire, bourgade d’Italie, dans l’état de l’Eglise, & dans la marche d’Ancone, près de la riviere Sentino, vers les confins du duché d’Urbin ; je parle de cette bourgade, parce qu’elle a produit d’illustres savans, entre autres barthole & Perroti.

Barthole, né l’an 1310, a été l’un des plus doctes jurisconsultes de son tems. Ses écrits se ressentent de la barbarie de son siecle ; cependant ils contiennent des choses assez singulieres pour le sujet. Il mourut en 1355, âgé de 46 ans.

Perroti (Nicolo), archevêque de Siponte, dans le royaume de Naples, parut avec honneur entre les savans personnages du quinzieme siecle. Il a mis au jour un ouvrage sur la versification latine, & des commentaires sur Stace & sur Martial. Il a le premier traduit en latin les cinq premiers livres de Polybe, qui est tout ce qu’on en avoit alors. Sa traduction n’est pas toujours fidelle, & est pleine de libertés inexcusables ; mais sa latinité pourroit être avouée des siecles où l’on écrivoit le plus purement. Le cardinal Bessarion l’aima, & le choisit pour son conclaviste après la mort de Paul II. & Perroti lui fit innocemment manquer le pontificat, en refusant, par l’ignorance des usages, l’entrée de la chambre de son maître à trois cardinaux qui venoient le saluer pape. Bessarion en ayant été instruit, ne s’en émut pas davantage, & dit tranquillement à Perroti : « Par votre soin à contre-tems vous m’avez ôté la tiare, & à vous le chapeau ». Perroti mourut en 1480. Son article est dans les mémoires du pere Nicéron, t. IX. & en effet il ne devoit pas oublier ce savant homme, un des habiles grammairiens de l’Italie. (D. J.)