L’Encyclopédie/1re édition/SATYRES

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SATYRES, s. m. (Mythol.) les satyres étoient selon la fable des divinités champêtres, qu’elle représente comme de petits hommes fort velus, avec des cornes & des oreilles de chevres ; la queue, les cuisses, & les jambes du même animal ; quelquefois ils n’ont que les piés de chevre. On fait naître les satyres de Mercure & de la nymphe Yphtimé, ou bien de Bacchus & de la nayade Nicée, qu’il avoit ennivrée, en changeant en vin l’eau d’une fontaine où elle buvoit ordinairement. Le poëte Nonnus dit qu’originairement les satyres avoient la forme toute humaine ; ils gardoient Bacchus, mais comme Bacchus malgré toutes ses gardes, se changeoit tantôt en bouc, tantôt en fille, Junon irritée de ces changemens, donna aux satyres des cornes & des piés de chevres.

Pline le naturaliste prend les satyres des poëtes, pour une espece de singes, & il assure que dans une montagne des Indes, il se trouve des satyres à quatre piés, qu’on prendroit de loin pour des hommes ; ces sortes de singes ont souvent épouvanté les bergers, & poursuivi quelquefois les bergeres ; c’est peut-être ce qui a donné lieu à tant de fables touchant leur complexion amoureuse ; ajoutez qu’il est souvent arrivé que des bergers couverts de peaux de chevres, ou des prêtres, ayent contrefait les satyres, pour séduire d’innocentes bergeres. Dès-là l’opinion se répandit que les bois étoient remplis de ces divinités malfaisantes ; les bergeres tremblerent pour leur honneur, & les bergers pour leurs troupeaux ; ces frayeurs firent qu’on chercha à les appaiser par des sacrifices & par des offrandes.

Pausanias rapporte qu’un certain Euphémus ayant été jetté par la tempête, avec son vaisseau, sur les côtes d’une île déserte, vit venir à lui des especes d’hommes sauvages tout velus, avec des queues derriere le dos ; qu’ils voulurent enlever leurs femmes, & se jetterent sur elles avec tant de fureur, qu’on eut bien de la peine à se défendre de leur brutalité. Nos navigateurs revoyent souvent les satyres, ou hommes sauvages tout velus de Pausanias ; ce sont des singes à queue. (D. J.)