L’Encyclopédie/1re édition/SCALDES

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SCALDES, s. m. pl. (Hist. anc.) c’est ainsi que les anciens peuples du nord nommoient leurs poëtes. Les vers étoient le seul genre de littérature qui fût cultivé chez eux ; c’étoit la seule façon de transmettre à la postérité les hauts faits des rois, les victoires des peuples, & la mythologie des dieux. On rendoit les plus grands honneurs aux scaldes ou poëtes, ils étoient souvent de la naissance la plus illustre, & plusieurs souverains se glorifioient de ce titre. Les rois avoient toujours quelques scaldes à leur cour ; & ces derniers en étoient chéris & honorés ; ils leur donnoient place dans les festins parmi les premiers officiers de la couronne, & les chargeoient souvent des commissions les plus importantes. Lorsque ces rois marchoient à quelque expédition, ils se faisoient accompagner des scaldes, qui étoient témoins oculaires de leurs exploits, les chantoient sur le champ de bataille, & excitoient les guerriers aux combats. Ces poëtes ignoroient la flatterie, & ils ne louoient les rois que sur des faits bien constatés. Un roi de Norwege nommé Olaüs Triggueson, dans un jour de bataille, placa plusieurs scaldes autour de sa personne, en leur disant avec fierté, vous ne raconterez pas ce que vous aurez entendu, mais ce que vous aurez vu. Les poésies des scaldes étoient les seuls monumens historiques des nations du nord ; & c’est chez elles que l’on a puisé tout ce qui nous reste de l’histoire ancienne de ces peuples. Voyez l’introduction à l’histoire de Danemark par M. Mallet.