L’Encyclopédie/1re édition/SCARDONA

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SCARDONA, (Géogr. anc.) Scardon, dans Strabon, l. VII. les derniers lieux que Ptolomée, l. II. c. xvij. marque sur la côte de la Liburnie, sous l’embouchure du Titius & la ville Scardona, qu’il met à la gauche de l’embouchure de ce fleuve, & qu’il comprend cependant dans la Liburnie.

Il ne seroit pas sans exemple qu’un fleuve fût réputé faire la borne d’une province, & qu’une ville située au-delà de ce fleuve, mais pourtant sur son rivage, eût appartenu à la même province. Aussi n’est-ce pas là la difficulté : elle consiste plûtôt en ce que les descriptions modernes de la Dalmatie, marquent les ruines de Scardona près de la Scardonius, à la droite de l’embouchure du fleuve Titius, au lieu que Ptolomée place cette ville à la gauche de ce fleuve, nommé aujourd’hui Kerca.

Casimit Freschot, dans ses mémoires géographiques, dit en parlant de Scardona, pag. 289 : le ruine delle sue antiche forticazioni, e citadella si vedono poco longhi del lago, chiamato da Latini Scardonio ; in volgare Proclian, e a destra del fiume Kerca, ch’é l’anticho Titio, quale col suo corso mette li confini all’antica Liburnia e Dalmazia. Il faut donc dire, ou que la ville Scardona n’a pas toujours été à la gauche du Titius, ou qu’il y a une transposition dans Ptolomée, qui devoit placer Scardona avant l’embouchure du Titius.

On voit que la ville Scardona étoit considérable, puisqu’on l’avoit choisie pour le lieu de l’assemblée générale de la province, & qu’elle se trouvoit le siége de la justice pour les Japydes & pour quatorze villes de la Liburnie ; ce qu’on appelloit conventus Scardonitanus. Cette ville, selon Pline, l. III. c. xxij. étoit à douze mille pas de la mer, sur le bord du Titius, in amne eo (Titio).

Aujourd’hui Scardona n’est remarquable que par son siége épiscopal, sous la métropole de Spalatro. Cet évêché y fut transféré de Belgrade sur la mer en 1120 ; elle a été cependant ci-devant une place de force, & très-considérable. En 1322, durant les troubles de Hongrie, les habitans de Scardona s’étant ligués avec ceux d’Almissa, pour exercer la piraterie, diverses autres villes qui souffroient de ces pirateries, s’unirent avec les Vénitiens pour les arrêter ; & comme la partie ne se trouva pas égale, la ville de Scardona fut saccagée dans cette occasion.

En 1411 les Vénitiens acquirent Scardona du roi de Bosnie, qui la leur remit avec Ostrovizza pour cinq mille écus d’or, & ils la garderent jusqu’à l’arrivée des Turcs, qui la prirent en 1522. Mais bientôt après les Vénitiens la reprirent d’assaut, & la démantelerent en 1539. Les Turcs s’y étant établis depuis, en furent encore chassés par les Vénitiens, qui la réunirent à leur domaine en 1684. (D. J.)

Scardona, (Géogr. mod.) même nom des anciens ; ville ruinée de la Dalmatie vénitienne, à sept milles au nord-ouest de Sebenico, dans une presqu’île formée par une petite riviere. Les Vénitiens acquirent cette ville en 1411, du roi de Bosnie. Les Turcs la leur enleverent en 1522 ; mais elle est restée toute démantelée depuis l’an 1684, à la république de Venise, qui y entretient une garnison. Son évêché est suffragant de Spalatro. Long. 33. 50. lat. 44. 20. (D. J.)