L’Encyclopédie/1re édition/SEYAH

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SEYAH, s. m. (Hist. mod.) especes de moines turcs ; ils ont des monasteres, mais lorsqu’ils en sont une fois sortis, ils n’y rentrent plus, & passent le reste de leur vie à courir de côté & d’autre & à faire les vagabonds. En leur donnant leur congé, leurs supérieurs les taxent à une somme d’argent, ou à une certaine quantité de provisions qu’ils sont obligés d’envoyer au couvent, faute dequoi l’entrée leur en est fermée. Lorsqu’un seyah arrive dans une ville, il va au marché ou dans la salle qui est auprès de la grande mosquée, là il crie de toute sa force, ô dieu, envoyez-moi cinq mille écus, ou mille mesures de riz, &c. Après avoir reçû les aumônes des ames dévotes, le moine mendiant va faire le même métier dans un autre endroit, & vit toujours errant jusqu’à ce qu’il ait amassé la somme à laquelle il a été taxé. Il y a chez les Indiens & dans les états du grand-mogol une grande quantité de ces pieux fainéans, qui viennent souvent infester les états du grand-seigneur, à qui ils sont si fort à charge, qu’un visir fit dire au grand-mogol qui avoit fait des offres de services au sultan, que la plus grande faveur que sa majesté Indienne pût faire à son maître, étoit d’empêcher que les religieux mendians de ses états n’entrassent sur ceux de sa hautesse. Voyez Cantemir, Hist. Ottomane.