L’Encyclopédie/1re édition/SINAï ou SINA

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SINAï ou SINA, (Géogr. anc.) montagne de l’Arabie Pétrée, située dans une espece de péninsule, formée par les deux bras de la mer rouge, dont l’un s’étend vers le nord, & se nomme le golfe de Colsum ; aujourd’hui golfe de Suez ; l’autre s’avance vers l’orient, & s’appelle le golfe Elatinique, aujourd’hui d’Aïla ; elle est à 260 milles du Caire, & il faut dix à douze jours pour s’y rendre de cet endroit-là.

Le mont Sinaï est au levant de celui d’Oreb, sur lequel est le monastere de Sainte Catherine ; comme le mont Oreb est moins haut que celui de Sinaï, l’ombre de ce dernier le couvre au lever du soleil. Il est beaucoup parlé du mont Sinaï dans l’Ecriture, comme Exod. c. xviij. v. 20. c. xxiv. v. 16. c. xxxj. v. xviij. c. xxxiv. v. 2 & 4. Levit. c. xxv. v. 1. c. xxvj. v. 4. 5. &c.

Quoique Thomas de Pinedo, Berkelius, & quelques autres modernes, prétendent que le mont Casius, voisin de l’Egypte, n’est pas différent du mont Sinai ; cependant s’il en faut croire les anciens géographes, & la plûpart des modernes, le mont Casius & le mont Sinai sont deux montagnes différentes, & situées assez loin l’une de l’autre. Ils mettent le mont Casius fort proche de la mer, entre l’Egypte & la Palestine. A l’égard du mont Sinai, ils le placent bien avant dans les terres, sur les confins de l’Idumée & de l’Arabie Pétrée.

Il est certain que le nom de Casius a été donné à plusieurs montagnes ; ainsi l’on pourroit croire que le mont Sinai seroit celui à qui le nom de Casius auroit été donné en premier lieu ; que de là ce même nom auroit passé à la montagne qui sépare la Palestine d’avec l’Egypte ; comme il y a apparence que de cette montagne, il est passé à celle de la Syrie antiochienne.

Nous avons le profil du mont Sinai dans une estampe gravée par Jean-Baptiste Frontana ; & si on compare ce profil avec celui de la montagne que les médailles nous représentent, on trouvera peut-être qu’il y avoit beaucoup de ressemblance entre l’une & l’autre.

Quoi qu’il en soit, Greaves dans sa traduction d’Abulséda, nous apprend une particularité remarquable, dont les historiens n’ont point parlé ; c’est que le roc du mont Sina est d’une espece de très beau marbre de plusieurs couleurs, d’un rouge mêlé de blanc & de noir, & que pendant plusieurs milles on y voit de grands rochers de ce marbre, dont sans doute les anciens ouvrages de l’Egypte ont été tirés, parce que toutes les autres carrieres & montagnes sont d’une espece de pierre de taille blanche, & non de marbre rouge marqueté de noir & de blanc, comme est le roc du mont Sina. (D. J.)