L’Encyclopédie/1re édition/SION ou ZION

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SION ou ZION, (Géog.) fameuse montagne d’Asie, dans la Judée, au midi & près de Jérusalem, sur laquelle fut bâti par Salomon le temple du Seigneur, ou pour mieux dire, il étoit sur le mont Moria. David & les autres rois ses successeurs choisirent leurs sépultures sur la montagne de Sion, mais on n’en voit aujourd’hui aucune trace. Ce mont même, dont la beauté est tant vantée dans l’Ecriture, est à présent tellement difforme, qu’on ne devineroit jamais qu’il y eût eu dessus une ville, & moins encore un château royal. Ce château détruit depuis tant de siecles, a été fort renommé chez les Hébreux, par la perte funeste que David y fit de son innocence ; car ce fut du haut de la terrasse où il se promenoit, qu’il laissa échapper un regard inconsidéré sur Bethsabée, femme d’Urie ; & ce fut dans ce même endroit, que le prophete Nathan l’ayant repris de la part de Dieu de l’adultere qu’il avoit commis, il reconnut humblement son crime. La maison de Caïphe, qui étoit proche du mont Sion, est à présent changée en une église que les Arméniens desservent. Les Turcs ont fait une mosquée du saint cénacle. On peut lire le voyage de la Terre-sainte par le P. Nau, sur l’état actuel de la montagne de Sion. (D. J.)

Sion ou Syon, (Géog.) en latin Sedunum, & en allemand Sitten, ville de Suisse, dans le Vallais, dont elle est capitale, sur la petite riviere de Sitten, prés de la rive droite du Rhône, dans une belle plaine, à 20 lieues au levant de Geneve, à 12 au nord d’Aoste.

Cette ville, l’ancienne demeure des Séduniens, est propre, & bien bâtie. Elle n’a point eu de siege épiscopal qu’à la fin du sixieme siecle. Son évêque qui est suffragant de Moustiers, prend ridiculement la qualité de prince de l’empire, quoiqu’il n’en soit plus membre, qu’il n’ait aucune séance aux dietes, & qu’il ne doive aucune obéissance à l’empereur & aux états de l’empire, jouissant de la franchise accordée au corps Helvétique, & autorisée par le traité de Westphalie.

Il a d’autres grandes prérogatives. Il préside aux états du pays avec une autorité, à-peu-près semblable à celle du doge de Venise. La monnoie se bat à son coin, sous son nom, & à ses armes. Il est élu par les suffrages communs des chanoines de la cathédrale & des députés des départemens. L’autorité souveraine est entre les mains de l’assemblée générale du pays, qui est composée d’un certain nombre de députés des sept départemens.

Après l’évêque, celui qui tient le premier rang est le bailli du pays, nommé en allemand Landshaultman, c’est-à-dire, capitaine du pays. Il est juge absolu des causes civiles qui se portent devant lui, & sa charge dure deux ans. Long. de Sion, 24. 2. latit. 46. 8. (D. J.)