L’Encyclopédie/1re édition/SORA

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SORA, (Géog. anc.) nom commun à plusieurs villes. 1°. C’est une ville de l’Asie mineure dans la Paphlagonie. 2°. Ville de l’Arabie déserte, aux confins de la Mésopotamie. 3°. Ville de l’Inde en deçà du Gange selon Ptolomée, l. VII. chap. j. ses interpretes croient que c’est à présent Bisnagar. 4°. Ville de la Phénicie. 5°. Ville d’Italie, dans la Campanie, selon Strabon, & dans le Latium, selon Ptolomée. Tite-Live en fait une colonie romaine. Elle fut saccagée par l’empereur Frédéric II. sous le pontificat de Grégoire IX. On ne sait par qui elle a été rétablie, mais c’est actuellement un évêché qui releve du saint siege.

C’est dans l’ancienne Sora, ville de la Campanie, que naquit Quintus-Valérius-Soranus. Il florissoit au cinquieme siecle de Rome, & passoit pour le plus savant homme qui eût paru entre les auteurs latins, litteratissimum togatorum omnium, dit Cicéron, l. III. de Oratore. Il observa dans ses ouvrages une méthode que Pline a pris soin d’imiter ; c’est qu’il y joignit des sommaires qui faisoient que chaque lecteur pouvoit choisir ce qui lui convenoit, sans avoir la peine de lire le tout. Deux vers qui nous restent de Soranus, semblent témoigner qu’il pensoit que Dieu est la cause immanente de toutes choses ; opinion qui ne differe point du spinosisme. Voici ces deux vers.

Jupiter omnipotens, rerumque, deûmque rex,
Progenitor, genitrixque deûm, deus unus, & omnis.

(D. J.)

Sora, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, dans la terre de Labour, au royaume de Naples, près de la riviere de Carigliano, à vingt lieues au sud-est d Rome. Elle a titre de duché, & un évêque qui n releve que du saint siege. Elle a été bâtie sur le ruines de l’ancienne Sora, qui fut saccagée & brûlée par l’empereur Frédéric II. sous le pontificat de Grégoire IX. Long. 31. 15. lat. 41. 46.

Baronius (César), savant cardinal, naquit à Sora, en 1538, & mourut à Rome, bibliothécaire du Vatican, en 1605, à 68 ans.

Il a donné les annales ecclésiastiques en latin, ouvrage qui contient en 12 tomes in fol. l’histoire ecclésiastique, depuis Jesus-Christ, jusqu’à l’an 1198. Baronius entreprit cet ouvrage à l’âge de 30 ans, pour réfuter les centuriateurs de Magdebourg. C’étoit une grande entreprise, & au-dessus des forces de l’auteur, d’autant plus que son manque de connoissance de la langue greque, devoit le détourner de ce travail. En s’y dévouant, il auroit dû se contenter de rapporter les faits de l’histoire ecclésiastique, sans entrer dans des controverses de parti, & dans les intérêts de la cour de Rome ; enfin son style n’est ni pur, ni le moins du monde agréable.

Le savant P. Pagi, de l’ordre de S. François, a fait une critique des annales de Baronius en 4 vol. in-fol. dont le premier parut en 1697, & les trois derniers en 1705. D’autres savans, Casaubon, le cardinal Norris, Richard de Montaigu, Blondel, & M. de Tillemont, ont publié leurs remarques critiques sur les annales de Baronius. Un libraire de Lucques en a donné une nouvelle édition, avec les corrections de ces savans au bas des pages. Le meilleur, sans doute, seroit de composer une nouvelle histoire de l’Eglise, exacte, complette, & exempte des défauts & des milliers de fautes qui se trouvent dans celle du cardinal napolitain.

Peu s’en fallut qu’il ne succédât à Clément VIII. mais le cardinal de Véronne s’expliqua si fortement pour lui donner l’exclusion, qu’il fit changer les suffrages : Monseigneur illustrissime, dit-il au cardinal Spinelli, qui soutenoit Baronius, « ce sujet n’est point propre à soutenir le fardeau du pontificat ; il n’est ni théologien, ni canoniste, ni versé dans les sciences ; c’est un écrivain piquant, & rapsodiste : tant s’en faut qu’il fût bon à gouverner l’église universelle, que je doute fort qu’il sçût gouverner une eglise particuliere ». Enfin l’Espagne lui donna l’exclusion pour la papauté, à cause de son livre de la Monarchie de Sicile, & la douleur qu’il en eut abrégea le cours de sa vie. (D. J.)

Sora, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) nom donné par le peuple de Guinée, à une espece de buisson dont les feuilles sont de la grandeur & de la figure de celles du séné ; les habitans du pays les font bouillir dans l’eau, & en prennent la collature, contre toutes sortes de douleurs d’entrailles. Transact. philos. n. 231. (D. J.)