L’Encyclopédie/1re édition/STERCORANITES

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STERCORANITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom que quelques écrivains ont donné à ceux qui pensoient que les symboles eucharistiques étoient sujets à la digestion & à toutes ses suites de même que les autres nourritures corporelles.

Ce mot est dérivé du latin stercus, excrément.

On ne convient pas généralement de l’existence de cette erreur. Le président Manguin l’attribue à Amalaire, auteur du neuvieme siecle ; & le cardinal Humbert, dans sa réponse à Nicetas Pectoratus, l’appelle nettement stercoraniste, parce que celui-ci prétendoit que la perception de l’hostie rompoit le jeûne. Enfin Alger attribue la même erreur aux Grecs.

Mais ces accusations ne paroissent pas fondées, car 1°. Amalaire propose à la vérité la question, si les especes eucharistiques se consument comme les alimens ordinaires, mais il ne la décide pas. Nicetas prétend aussi que l’Eucharistie rompt le jeûne, soit qu’il reste dans les especes quelque vertu nutritive, soit parce qu’après avoir reçu l’Eucharistie, on peut prendre d’autres alimens ; mais il ne paroît pas avoir admis la conséquence que lui impute le cardinal Humbert. Il ne paroit pas non plus que les autres grecs soient tombés dans cette erreur, S. Jean Damascene les en disculpe.

Mais soit que le stercoranisme ait existé ou non, les protestans n’en peuvent tirer aucun avantage contre la présence réelle, que cette erreur suppose plutôt qu’elle ne l’ébranle. Voyez M. Wuitass, traité de l’Euchar. premiere partie, quest. ij. art. 1. sect. 1. p. 416. & suiv.