L’Encyclopédie/1re édition/SUR UN PIÉ

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SUR UN PIÉ, (Rubannerie.) passer sur un pié, se dit lorsque dans un patron, il n’y a que 12 marches écrites au lieu de 24 qui devroient y être, ce que l’on verroit dans une Planche où le patron seroit écrit sur un pié, & se comprendroit aisement par la comparaison de cette Planche avec une autre où le dessein seroit sur deux : expliquons ceci ; une haute-lisse qui est toujours la premiere, c’est-à-dire, la plus près du porte-rame de devant venant à lever, leve avec elle, toutes les rames qu’elle porte suivant le passage du patron. La seconde levant à son tour, fait le même effet, excepté que toutes les rames qui laissoient sur la premiere, vont prendre sur celle-ci, & ainsi des autres alternativement. Ceci entendu, on voit que lorsqu’on dit sur un pié, on sous-entend que toute rame doit avoir son contraire, & que par conséquent un point noir, autrement appellé pris, doit avoir pour répétition un point blanc appellé laissé, ou pour mieux le faire entendre, un point désigne deux hautes-lisses ; donc si un point fait un pris sur la premiere haute-lisse, il fera un laissé sur la seconde ; au contraire, s’il fait un laissé sur cette premiere, il fera un pris sur la seconde ; il est donc presque inutile d’écrire un patron sur deux piés ; & ce n’est que pour satisfaire à la routine de certains anciens ouvriers, que l’on s’assujettit encore à cet usage. Des figures montreroient mieux encore ce dont il s’agit. Si on voyoit les rames des extrémités ou bords de l’ouvrage, qui a 80 rames de large ; on ne verroit lever sur la premiere marche de ce patron que tous les points noirs de cette largeur de 80, & à l’autre marche le contraire. Ce qui est dit ici, doit servir de regle pour expliquer ce que l’on entend par deux piés.