L’Encyclopédie/1re édition/TAMPON

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TAMPON, (Fortificat.) espece de bouchon qui sert à fermer l’ouverture d’un vaisseau, ou à retenir la poudre dans une arme à feu. Voyez Bourre & Bouchon.

Ce mot est françois, quoiqu’il y en ait qui le dérivent de l’anglois tap, canelle ou robinet.

Quand on charge un mortier ou quelque autre piece d’artillerie, on met ordinairement après la poudre, une petite piece ronde de bois pour séparer la bombe, le boulet ou la cartouche, de la poudre à canon ; cette piece s’appelle un tampon, & sert à donner plus de force au coup de la piece d’artillerie. V. Mortier. Chambers.

Le tampon ou le bouchon, dont on recouvre le fourrage & le boulet, ne contribue en rien à augmenter la violence du coup ; il sert seulement à rassembler la poudre, & à diminuer l’intervalle qui est entré la poudre & le boulet ; c’est une erreur de croire qu’un bouchon plus gros qu’un autre & refoulé par un plus grand nombre de coups, porte plus loin. Si en réfoulant le bouchon, il pouvoit acquérir la dureté d’un corps solide, & une forte adhésion aux parois de l’ame de la piece, comme cela arrive aux balles des carabines ou aux tampons, chassés avec force pour les petards pratiqués dans le roc ; il est constant que la difficulté que la poudre qui s’enflamme, rencontreroit à chasser le boulet, donnant lieu à une inflammation plus complette, il en recevroit une plus grande impulsion : mais l’on doit avoir de ces deux objets un sentiment bien différent, car comme le fourrage est composé de parties flexibles & détachées, qui n’ont aucune adhésion avec les parois de la piece ; quelle résistance peut-il opposer à la violence de la poudre ? A l’égard de la poudre, lorsqu’elle est réunie dans le plus petit volume qu’elle peut occuper naturellement ; il ne faut pas penser qu’en la refoulant pour la réduire dans un plus petit espace, elle en acquiert plus d’activité, puisque ce n’est qu’autant qu’il y a des interstices sensibles entre les grains, que le feu de celle qui s’enflammera la premiere, peut s’introduire pour allumer le reste : ce qui est si vrai, que quand elle est battue & réduite en pulverain dans une arme à feu, elle ne s’allume que successivement ; ainsi l’on peut conclure que le seul avantage qu’on tire du bouchon posé sur la poudre, est seulement de la rassembler dans le fond de la chambre, & d’empêcher quand elle est enflammée, qu’elle ne se dilate autour du vent du boulet.

Quant au bouchon qu’on met sur le boulet, il est absolument inutile, si ce n’est dans les cas où l’on est obligé de le soutenir pour tirer horisontalement ou de haut en-bas ; mais peu importe qu’il soit refoulé ou non, pourvû qu’il ne permette pas au boulet de rouler dans la piece. Saint-Remy, troisieme édition des mémoires d’Artillerie. (Q)

Tampon, s. m. (Hydr.) est une cheville de bois ou un morceau de cuivre applati, rivé & soudé au bout d’un tuyau, à deux piés de la souche d’un jet. Quand on ne se sert que d’un tampon de bois, on le garnit de linge, on frette le tuyau d’une rondelle de fer afin de pouvoir coigner le tampon, sans craindre de fendre le tuyau.

On se sert encore de tampons de bois dans les jauges, pour boucher les trous qui ne servent point. (K)

Tampons, (Marine.) ce sont des plaques de fer, de cuivre ou de bois, qui servent à remédier aux dommages que causent les coups de canon qu’un vaisseau peut recevoir dans un combat.

Tampons ou Tapons de canon, (Marine.) plaques de liége, avec lesquelles on bouche l’ame du canon, afin d’empêcher que l’eau n’y entre.

Tampons ou Tapons d’ecubiers, (Marine.) pieces de bois, longues à-peu-près de 2 piés & demi qui vont en diminuant, & dont l’usage est de fermer les écubiers, quand le vaisseau est à la voile. Il y en a qui sont échancrées par un côté, afin de boucher les écubiers sans ôter les cables, qu’on fait passer par l’échancrure ; au défaut de bois, on fait des tampons avec des sacs de foin, de bourre, &c.

Tampons, s. m. pl. (Archit) ce sont des chevilles de bois, que l’on met dans des trous percés dans un mur de pierre, pour y faire entrer une patte, un clou, &c. ou que l’on met dans les rainures des poteaux d’une cloison, pour en tenir les panneaux de maçonnerie, ou dans les solives d’un plancher, pour en arrêter les entrevoux.

On appelle aussi tampons de petites pieces dont les menuisiers remplissent les trous des nœuds de bois, & qui cachent les clous à tête perdue, des lambris & des parquets. Daviler. (D. J.)

Tampons, en termes de Cloutier d’épingles, ne sont autre chose que deux oreilles de fer qui sont scellées dans une pierre, & dans lesquelles tourne le fuseau ou axe de la meule. Voyez les figures, Pl. du Cloutier d’épingles.

Tampon, s. m. (terme de Graveur.) les graveurs en taille douce se servent d’une espece de molette faite d’une bande de feutre roulée qu’ils appellent un tampon.

Tampon, s. m. (terme d’Imprimeur en taille-douce.) c’est un morceau de linge tortillé pour ancrer la planche.

Tampon, s. m. (terme de Luthier.) c’est la partie de la flûte, ou du flageolet, qui aide à faire l’embouchure de la flûte ou du flageolet, & sert à donner le vent.

Tampon, dans les tuyaux de bois des orgues, est une piece de bois E, fig. 30. Pl. n°. 1. d’Orgue, doublée de peau de mouton, le duvet en dehors, dont l’usage est de boucher le tuyau par en haut ; ce qui le fait descendre d’une octave au-dessous du son que le tuyau rend quand il est ouvert. Le tampon est armé d’une poignée F, placée à son centre, laquelle sert à le retirer ou à l’enfoncer à discrétion, jusqu’à ce que le tuyau rende un son qui soit d’accord avec celui d’un autre tuyau sur lequel on l’accorde.