L’Encyclopédie/1re édition/URE

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URE, s. m. (Hist. nat. des quadrupedes.) en latin urus, & je ne peux mieux rendre ce mot qu’en le francisant ; car le mot de bœuf sauvage ne répond pas aussi bien au terme latin. L’ure est un quadrupede, dont les anciens ont beaucoup parlé ; cet animal a la corne large, le poil noir & court, le corps gros, la peau dure, & la tête fort petite proportionellement à la grosseur du corps. Virgile appelle avec raison ces animaux sylvestres, Georg. l. II. v. 374.

Sylvestres uri, assiduè capræque sequaces
Illudunt.

« Les ures & les chevreuils qui se suivent de près, feroient de grands dégats dans votre vigne ». Servius remarque que les ures de Virgile naissent dans les Pyrénées, & qu’ils sont ainsi nommés du mot grec ὄρος, montagne.

César est le premier romain qui les ait décrits, l. VI. de bell. gallico. Il dit que les ures sont un peu moins grands que les éléphans ; qu’ils ressemblent à un taureau, & qu’ils en ont la couleur & la figure ; qu’ils sont d’une force & d’une vîtesse merveilleuse ; qu’ils se jettent sur tout ce qu’ils apperçoivent, homme ou bête, qu’on les prend dans des fosses ou trapes, & qu’on les met à mort ; il ajoute que les jeunes gaulois s’exerçoient à leur chasse, qu’ils rapportoient les cornes de ces animaux pour témoignage de leur valeur ; que ceux qui en tuoient le plus acquéroient le plus de gloire, que les ures ne pouvoient s’apprivoiser, pas même quand on les prenoit tout petits ; que l’ouverture & la forme de leurs cornes étoit fort différente de celle de nos bœufs ; que les Gaulois les recherchoient avec soin ; qu’ils en revêtoient les bords d’un cercle d’argent, & s’en servoient au-lieu de coupes dans les festins solemnels.

Solin met les ures en Germanie. Pline prétend que les forêts des Indes en sont pleines ; nous savons aussi que l’Afrique en a quantité ; mais les ures de l’Europe different beaucoup des ures de l’Afrique & de l’Asie ; nous en avons parlé avec quelqu’étendue au mot Taureau sauvage. (D. J.)