L’Encyclopédie/1re édition/VAND’OEUVRE

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VAND’ŒUVRE, (Géogr. mod.) petite ville de France, dans la Champagne, sur la riviere de Barse, à six lieues au levant de Troyes. Longit. 22. 4. latit. 48. 12.

Cette petite ville est la patrie de Nicolas Bourbon, poëte latin qui vivoit sous le regne de François I. Marguerite de Valois le donna pour précepteur à Jeanne d’Albret de Navarre sa fille, & mere d’Henri IV. Il mourut à Condé, vers l’an 1550. Il a laissé huit livres d’épigrammes, sous le titre de nugæ, bagatelles, au sujet duquel du Bellai fit ces deux jolis vers :

Paule, tuum inscribis, Nugarum nomine librum,
In toto libro nil melius titulo.

C’est un bon mot, mais qui ne doit point détruire le mérite de l’ouvrage même, dont Erasme faisoit grand cas. Bourbon étoit fils d’un riche maître des forges, ce qui lui donna lieu de publier son poëme de la forge en latin ferraria. Il décrit dans cet ouvrage tout le travail de la forge, & de l’occupation des ouvriers qui coupoient le bois, qui faisoient le charbon, qui fouilloient la mine, qui la nettoyoient, qui la voituroient au fourneau pour le fondeur, & pour les forgerons ; il les met tous en action, & il ne laisse à son pere que le soin de les payer & de veiller sur le produit.

Il eut un petit neveu, nommé comme lui Nicolas Bourbon, & comme lui très-bon poëte latin. Ce neveu fut de l’académie françoise, & mourut comblé de pensions en 1644. âgé d’environ 70 ans. Ses poésies parurent à Paris l’an 1630. in-12. On fait grand cas dans ce recueil de la piece intitulée : imprecation contre le parricide d’Henri IV. Les deux beaux vers en l’honneur de ce prince, qui sont à la porte de l’arsenal de Paris, sont encore du même poëte ; les voici, quoique tout le monde les sache par cœur, ou si vous voulez, par cette même raison :

Ethna hæc Henrico vulcania tela ministrat,
Tela gigantoeos debellatura furores.

(D. J.)