L’Encyclopédie/1re édition/WINDISCH

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WINDISCH, (Géod. mod.) ville de Suisse, au canton de Berne, dans l’Argaw, à un quart de lieue de Kunigsfeld. Je parle de ce village, parce que c’est ici qu’il faut chercher les restes infortunés de l’ancienne Vindonissa.

Cette ville, dont j’ai déja fait mention, étoit forte par sa situation sur une hauteur, au confluent de deux rivieres rapides, larges & profondes ; je veux dire l’Aare & la Reuss : on est surpris que personne ne se soit avisé dans les derniers siecles, de rebâtir Vindonissa. Les Romains en avoient fait une place d’armes, pour arrêter l’irruption des Germains, comme Tacite le raconte, liv. IV. de son histoire : & c’est ce que nous apprennent encore divers monumens qu’on y a déterrés, comme des inscriptions, des cachets, & des médailles.

Il y a long-tems qu’on y voyoit cette inscription qui parle d’un ouvrage de Vespasien : Imp. T. Vespasianus. Cæs. Aug. VII. Cos. Marti Apollini Minervæ, Arcum Vican. Vindonissenssis Curia, &c.

On y a trouvé des médailles de plusieurs empereurs, depuis Néron jusqu’à Valentinien. Vindonisse fut ensuite une ville épiscopale sous les premiers rois des Francs ; mais Childebert II. en transporta le siege à Constance, vers la fin du sixieme siecle, parce que la premiere de ces deux villes avoit été ruinée par les guerres, dans les tems de la décadence de l’empire romain.

Vindonisse a été un siege épiscopal, mais on ne sait point les noms de ceux qui ont tenu ce siege sous les empereurs romains. Il paroît seulement que cette ville ne fut ruinée qu’avec celles du plat-pays, par les armées de Théodebert, roi d’Austrasie, l’an 611. Depuis ce tems-là Vindonisse n’a jamais été rétablie, & son évêché est demeuré supprimé. Il étoit dans la province nommée Maxima sequanorum, sous la métropole de Besançon. (D. J.)