L’Exode/4/4

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Oscar Lamberty (p. 254-267).
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IV


Philippe apprit de M. Forestier que Mme Axel Borg se trouvait à Paris. Chaque soir, on la voyait dans les restaurants à la mode, où elle se dévouait à réjouir les officiers. Jamais on ne la rencontrait en compagnie d’un civil. Dans son zèle à servir la cause des Alliés, elle ne distinguait point parmi les uniformes. Toutefois, elle n’étendait pas ses faveurs aux « veinards de l’arrière ». On ne les méritait que par l’héroïsme ; et bien plutôt les eût-elle accordées au moindre lieutenant aviateur qu’au politicien le plus grassement calé dans une automobile.

Quant à son mari, elle l’avait oublié.

Ce fut par Yvonne que Philippe apprit la mort d’Axel.

Pour ne point retarder le départ des Sauvelain, qui l’avaient recueilli chez eux, il était parti chez ses parents. Epuisé par la maladie, par les horreurs de l’invasion, par le dégoût d’un monde où rien ne survivait de ce qu’il avait aimé, il était revenu sous le toit paternel demander un lit pour y fermer les yeux.

Jusqu’à son dernier jour, il se réfugia dans le souvenir de sa femme. Quand le prêtre vint, portant les saintes huiles, Axel détourna son front mouillé de sueur. L’espoir en Dieu ne lui était plus possible. Il se refusait, d’ailleurs, à l’idée d’une autre existence, et il mourut, exprimant le désir que son âme se perdît dans le néant.

Vers ce temps, le Dr Claveaux partit pour le nord de l’Angleterre. Sans attendre le Big Push, il s’était assuré une médiocre situation dans une ville du Yorkshire, où il soignait la colonie des réfugiés.

Il décrivit passionnément à Philippe cette ville sombre et fumeuse, toute en maisons ouvrières, sordidement pareilles, sans une couleur vive, et dont les arbres noirs de suie étaient rabougris et malades comme la population de cet enfer industriel… Gémissant au souvenir de la ville d’Ypres, si claire et si jolie, aux façades sculptées d’ornements, aux balcons de fer si gracieusement tournés, il maudissait l’Allemagne qui n’en laissait que des ruines et l’obligeait à vivre dans un bagne utilitaire.

Il se consolait néanmoins à penser qu’il y gagnait sa vie, modestement à vrai dire, mais sans dépendre d’un comité de secours.

Aussi conseillait-il à Philippe de ne pas se fier davantage à l’optimisme des journaux : « Pour le moment, il est enfantin ; bientôt vous le verrez tragique. Plus que les Anglais, nous en paierons les conséquences. Et si la guerre se prolonge, gare la pauvreté ! »

Philippe, orgueilleux et vulnérable, préférait la mort à la pauvreté ; non qu’il en craignît les privations, mais il redoutait le mépris dont elle s’accompagne, l’abandon où la misère vous laisse, avec votre rage impuissante et la blessure de vos humiliations.

Cependant, il ne suivit point le conseil du Dr Claveaux.

— Sylvain voit les choses en noir, dit-il à Marthe.

— Évidemment. C’est l’influence de la fumée d’usines… D’ailleurs, il y a moyen de résister plus longtemps.

— Comment cela ?

— Mais… en demandant aux Van Weert de loger avec nous : cela diminuerait de moitié le loyer.

C’était le souci de Marthe, ce loyer trop lourd. Le ménage, on le réduisait à la plus tranchante économie, on coupait un shelling en douze morceaux, mais ce loyer, on le payait en pièces d’or, avec des soupirs et le regret de ce bel argent si difficile à retrouver !

— D’autre part, ajouta-t-elle, madame Van Weert pourrait m’aider… car je n’ai pas un moment de repos.

Bien qu’elle eût passé la quarantaine, Mme Van Weert donnait l’impression d’avoir toujours vingt ans. Animée, bavarde, insouciante, elle plaisait par un caractère facile et une indulgence universelle, qui commandait la sympathie. Ni bien ni mal, sans prétentions à l’élégance, elle n’avait souci que d’être heureuse et de contribuer à votre bonheur.

Aussi généreuse qu’imprévoyante, elle était toujours prête à vous rendre ou à vous demander service. Il fallait que M. Van Weert prît garde à cette générosité. C’est pourquoi il tenait les comptes du ménage, et les tenait strictement. Sa femme lui en savait gré, encore qu’il fût assez avare ; heureusement, elle s’inquiétait moins de dépenser à sa toilette que de briller dans la conversation.

C’était sa faiblesse : elle aimait à s’entendre parler. Tout en se plaignant des embarras de l’exil, elle soignait sa diction, faisait un sort à l’e muet, aux redoublements de consonnes, et elle s’excitait, comme les canaris en cage, au bruit joyeux de ses propres chansons.

Après une heure de ses roulades, on se prenait le front dans les mains. Cependant, Mme Van Weert n’avait pas dit un mot qui pût blesser personne, ce qui était si rare et si contraire à la médisance nationale qu’on s’accordait à la déclarer charmante.

Lorsque Marthe lui eut proposé de vivre en commun pour alléger les frais de ménage, Mme Van Weert en fut toute réjouie :

— Quelle chance !… Nous n’avions plus les moyens de nous soutenir dans notre boarding house… Pourquoi ne pas m’avoir demandée plus tôt ?… Si j’avais su !… Mais je vous croyais dans l’abondance !

— Il nous reste environ trois mille francs, dit Marthe. J’espère qu’ils nous suffiront pour traverser la guerre. Malheureusement, nous n’avons ni linge, ni couverts !

— Oh ! ne vous inquiétez pas ! Nous avons quatre malles bien garnies. L’argent seul nous fait un peu défaut, mais on prétend que la guerre se terminera bientôt. Kitchener a trouvé ses trois cent mille hommes.

— Vraiment ?

— On l’affirmait hier, au club des dames anglaises.

— Oh ! alors…

— N’est-ce pas ?… Nous pouvons être tranquilles.

— Tout de même, fit Marthe, s’ils pouvaient se dépêcher un peu… Mon budget n’a pas le temps d’attendre. Et je me demande ce que nous deviendrons, si le Big Push fait long feu.

Bien que la venue des Van Weert allégeât leurs inquiétudes, les Héloir n’en soupirèrent pas moins à les avoir chez eux. C’était la fin d’une intimité de vingt ans.

— Que veux-tu ! dit Marthe, il le fallait, mon ami.

— Je ne dis pas le contraire, mais enfin la maison ne nous appartient plus.

Philippe se plaignait de ne plus trouver un moment de solitude, un coin réservé, où il fût à l’abri des nombreux visiteurs qu’invitaient les Van Weert.

Le mari passait chaque jour une heure à polir ses ongles, taillés en amande et d’une longueur à étonner un mandarin. À les voir, on devinait que le moindre travail était pénible au financier. Aussi tâchait-on de lui en épargner la disgrâce. Il se montrait, d’ailleurs, si maladroit, si incapable du moindre service qu’on s’empressait de l’envoyer en ville, prendre des nouvelles de la guerre et se procurer le journal.

Sa femme, au contraire, toujours prête à se rendre utile, courait à la moindre besogne et répandait une incessante agitation. Elle cassait la vaisselle avec une gaucherie charmante ; elle épuisait en trois jours les provisions de la semaine ; elle rapportait du marché des soles, du saumon, de la volaille à ruiner le budget d’un sénateur, si bien que Marthe en avait des sueurs froides et préférait la laisser au salon bavarder à l’aise en compagnie des visiteurs. L’après-midi, elle se hâtait vers le Club Anglo-Belge, où elle roulait deux ou trois bandes avec un dévouement patriotique ; le soir, enfin, elle tombait dans un fauteuil, épuisée, mais heureuse des nombreux devoirs qu’elle avait accomplis.

Chaque jour, quand Philippe revenait du Refuge, il trouvait Marthe et Lysette plus accablées d’ouvrage.

— Monsieur Van Weert est parti ?

— Il est allé lire les dépêches, à l’Hôtel de ville.

— Et sa femme ?

— Elle est au Club des Dames Anglaises.

Lysette minaudait alors :

— Croix-Rouge et five o’clock.

— Tais-toi, mauvaise langue ! réprimandait la mère.

Et, pour adoucir son mari, elle ajouta :

— Que veux-tu ! Comme disait madame Grassoux, il faut bien s’entr’aider.

Vers la fin de janvier, découragé des lenteurs de la guerre, Philippe rentrait chez lui, le front pensif, lorsque les Van Weert l’accueillirent tout radieux.

— Enfin, le voilà ! cria-t-on, dès qu’il ouvrit la porte.

— Eh bien ! que se passe-t-il ?… Les Allemands sont repoussés ?

— Pas encore, dit M. Van Weert, mais il s’agit d’autre chose… Imaginez-vous, mon cher, qu’on nous emmène en province !

— Ah !… qui cela ?

— Un Anglais, marchand de cuir à Smokefield. Un monsieur très bien, vrai gentleman, et qui parle français comme vous et moi… Nous l’avons reçu en votre absence.

— Il venait pour moi ?

— Mais… fit M. Van Weert, qui parut gêné, c’est toute une histoire.

Ici, Mme Van Weert se précipita dans la conversation :

— Voyons, mon ami, tu oublies de dire que Marthe était sortie. Cela est essentiel. Il faut commencer par là.

— Ma chère, je croyais avoir mentionné ce détail. Quoi qu’il en soit, monsieur Robinson… vous ai-je dit que notre généreux bienfaiteur s’appelle Robinson ?… Peu importe ! Toujours est-il que monsieur Robinson, envoyé par le docteur Claveaux, est venu vous faire visite… Il a résolu d’accueillir chez lui une famille de réfugiés belges.

Philippe, levant une main qui arrêta l’éloquence du financier, dit avec force :

— Merci, je n’accepte pas l’hospitalité !

À cette déclaration, les Van Weert se sentirent soulagés. Le mari poussa un soupir de satisfaction :

— Je me disais bien que vous n’accepteriez pas !… Je me rappelais, d’ailleurs, que vous aviez des fonds chez les Grassoux… Entre nous, mon cher, permettez-moi de vous dire que je ne comprends pas vos scrupules. Que diable ! en temps de guerre, il ne faut pas rougir de réclamer ce qui vous est dû… Mais, laissons cela ! Je me suis donc permis de dire à monsieur Robinson que je n’étais pas certain que vous accepteriez sa proposition, mais que, s’il pouvait nous la transférer, elle serait accueillie avec infiniment de reconnaissance.

— Avons-nous bien fait ? demanda l’excellente Mme Van Weert, qui ne se sentait pas à l’abri de tout reproche.

— Certainement, répondit Philippe, il ne fallait pas manquer une occasion si favorable.

— Surtout, reprit M. Van Weert, que nous devrons attendre trois ans encore avant que cette satanée guerre finisse.

— Comment… trois ans ?

— Il paraît, mon pauvre Philippe. C’est l’avis de lord Kitchener… Monsieur Robinson assure, de son côté, que les Anglais font à Dunkerque et à Boulogne des baux de trois ans. Ce qui donne à penser que les sphères officielles sont moins optimistes que la presse.

— Trois ans ! répétait l’écrivain, en marchant de long en large. Bien vrai, il serait plus simple de nous supprimer tout de suite !… Si j’avais encore la force de porter un fusil, j’aurais du moins la gamelle assurée, puis Marthe pourrait accepter de quoi vivre du gouvernement…

— Mais, mon ami, interrompit doucement sa femme, si la guerre dure trois ans, nous aurons besoin que tu nous soutiennes. Il y a ici des millions de jeunes gens plus capables que toi de porter un fusil.

— Je le sais ; mais encore faudra-t-il que je trouve une situation. Et je vois ce qui se passe au Refuge. On y est généreux, on ne se refuse pas à nourrir, à loger les Belges ; mais on ne fait aucun effort pour les aider à se procurer du travail. Alors, que deviendront les vieux ? Va-t-on les entretenir jusqu’à la fin de la guerre ?… Trois ans !… Bon Dieu !… C’est impossible !

— Mon cher Philippe, dit M. Van Weert, dont la voix chevrotante prit un accent pathétique, ne vous excitez pas ! Si nous partons, c’est pour vous préparer le chemin. Une fois sur place, nous verrons à vous trouver une situation convenable. Claveaux déjà s’en occupe. Pour ma part, je compte vous donner un coup d’épaule… Qui sait ?… Peut-être monsieur Robinson consentira-t-il à m’avancer des capitaux ? Nous pourrions lancer une affaire. Dès lors, vous pensez bien que je ne vous oublierai pas !

Le lendemain, ravis de l’aubaine qui leur tombait du ciel, les Van Weert firent leurs adieux à la famille Héloir.

Quand la porte se ferma, Philippe dit à sa femme :

— Cette fois, il n’y a plus à hésiter. Il faut que j’aille aujourd’hui même chez les Grassoux.

L’après-midi, vers deux heures, il sonna donc à la maison de l’industriel, située dans le quartier riche, parmi des arbres et des jardins. Il neigeait, tout était silencieux et immobile. Ici ne parvenait point l’agitation des réfugiés. Un policeman secouait son caban au coin de la grille d’un parc solitaire. Dans la rue, on n’entendait que le bruit des bidons qu’un laitier déposait sur les seuils des villas. Un cheval baissait la tête — un cheval blanc, dont le poil semblait jaune et sale au milieu de la neige immaculée.

Comme on tardait à lui ouvrir, Philippe sonna plus fort. Après une nouvelle attente, il commença de s’inquiéter, croyant qu’on l’avait aperçu à travers le rideau. Mais, décidé à ne pas quitter la place, il secoua le carillon si bien qu’une porte s’ouvrit à la maison voisine, où une bonne parut, les mains sur les oreilles.

Nobody at home ! cria-t-elle, puis elle rentra, faisant claquer le vantail.

Les Grassoux étaient-ils sortis ? Cela parut invraisemblable à Philippe, qui se rappelait leur crainte de se mouiller les pieds, leur terreur des courants d’air, les sonneries de téléphone et l’arrivée du médecin, au premier symptôme de migraine ou d’un rhume de cerveau.

Mais alors, où les trouver ? Le soupçon lui vint qu’ils avaient quitté la ville, bien qu’il n’osât croire qu’ils fussent partis sans un mot d’adieu, comme des voleurs se sauvent.

Pour savoir à quoi s’en tenir, il se rendit chez l’agent de location, qui lui apprit que les Grassoux se trouvaient en Italie.

— Les misérables ! pensa l’écrivain, tout en écoutant le récit de leur brusque départ.

L’agent de location l’estimait ridicule et le contait avec un dédaigneux sourire : Un sous-marin allemand venait de couler un navire de guerre britannique dans le chenal, en vue des côtes anglaises. Madame Grassoux, aussitôt, s’était affolée ; elle vit l’Angleterre sans pain, les dreadnougts impuissants malgré leurs canons, et, dans sa frayeur, elle avait entraîné sa famille, en dépit des risques de torpillage entre Folkestone et Calais.

Ayant conté cette histoire, l’agent de location, avec le dessein de rassurer son auditeur, donna cours à une méprisante ironie :

— Peuh ! fit-il, ces sous-marins allemands, nous les péchons comme des cabillauds… Don’t be alarmed, sir, we are ail right !

Et, avec une soudaine politesse, il ajouta, en reconduisant l’écrivain :

— Puis-je vous rappeler que le prochain terme est payable dans huit jours ?

Ce soir-là, on fit une visite à Mme Fontanet, avec l’intention de lui proposer les chambres où Mme Van Weert avait eu l’obligeance de laisser des draps.

Elle avait aussi prêté des couverts, du linge de table, toute une malle d’objets de ménage, dont elle pouvait se passer. Mme Fontanet, ne possédant guère de bagages, trouverait donc chez les Héloir tout le confort de sa pension de famille.

Quand Marthe l’eut embrassée, la vieille dame se prit à gémir.

— Voyons, dit Philippe, vous, si vaillante, vous perdez courage ?

— Oh ! soupira-t-elle, on le perdrait à moins. Est-ce une existence que nous menons ici ?… Et ce climat ! Je suis percluse de rhumatismes ! Encore, si l’on voyait que la guerre avance ; mais, depuis la fin d’octobre, elle n’a plus fait un pas… Alors, que voulez-vous ! je pleure et me décourage.

Elle se plaignait ainsi dans un fauteuil, près d’un feu clair, au bruit soyeux de la neige tombante.

— C’est le mal du pays qui la ronge, dit Lucienne, maman voudrait retourner à Bruxelles, se sentir dans sa maison.

— Et les Allemands ? objecta Philippe.

— Oh ! fit Mme Fontanet, je tâcherais de les oublier…

C’est ma fortune surtout qui m’inquiète.

Marthe pensa la consoler, en lui proposant d’habiter ensemble, de faire des économies, de résister jusqu’au printemps.

— Mais pourquoi ne pas retourner en Belgique ?

reprit la vieille dame avec insistance.

— Impossible ! dit l’écrivain, je ne pourrais vivre sous les Allemands. Pour moi, le retour, c’est la forteresse ou un coup de fusil. Je ne saurais me taire en Belgique ; et, un beau jour, il m’arriverait de dire tout haut ce qu’il n’est permis que de penser… Alors, quoi ?

Mme Fontanet garda le silence ; Lucienne baissa les paupières, et Marthe n’osa point donner suite à sa proposition.

En retournant chez elle, assombrie par cet accueil, qui ne lui laissait aucun espoir de persuader Mme Fontanet, Marthe dit à Philippe :

— Elle est butée. Elle partira.

L’écrivain, cependant, croyait que Lucienne déciderait sa mère à patienter jusqu’au printemps.

— Il n’y a guère d’apparence, dit Marthe, tu connais Lucienne, elle finit toujours par céder.

— Tu crois ?

— Cela ne fait pas question. Madame Fontanet se meurt d’impatience à l’idée de revoir sa maison. Serrés l’un contre l’autre sous un parapluie qu’ils poussaient à travers une bourrasque de neige, ils avancèrent un moment, silencieux et pensifs. Philippe songea qu’il ne s’était pas informé si Marthe aussi ne se mourait point du même désir.

— Mais toi ? demanda-t-il, tu ne me dis rien. Que veux-tu faire ?

Elle regarda son mari, croyant qu’il faiblissait dans sa résolution, à l’idée du départ probable de Lucienne :

— Cela dépend de ce que tu décideras, mon ami.

— Oh ! quant à moi, c’est tout décidé, je reste. Mais je me demande s’il ne vaut pas mieux que tu retournes avec Lucienne et madame Fontanet.

— Non, fit-elle simplement, nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve. Et ce n’est pas le moment de se séparer, quand viennent les mauvais jours.

Philippe ne répondit que par une pression du bras, et Marthe parla d’autre chose, comme si la pudeur les retenait de toucher à leurs sentiments intimes. Tous deux savaient pourtant qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre et que, dans la misère même, ils ne se quitteraient pas.