L’Idylle éternelle/Épilogue

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Paul Ollendorff, éditeur (p. 89-92).


EPILOGUE


Toujours, toujours, tant qu’on verra
Des jeunes hommes en ce monde,
Tant qu’un charme doux sortira
D’une fillette rose et blonde,
 
On verra dans les champs fleurir
L’Idylle, l’Eternelle Idylle,
Et dans les cœurs jeunes courir
Une flamme ardente et subtile.

Et l’on entendra la chanson,
La douce chanson idyllique,
Vibrer avec un grand frisson
Dans toute âme mélancolique.




Se laisser prendre au charme exquis
D’une lèvre où l’on voudrait lire,
Se savoir tout entier conquis
Dès l’instant qu’on la voit sourire ;

Avoir l’indicible ferveur
Des longues nuits où l’on médite,
Heureux ou triste, et très rêveur,
Sur la parole qu’elle a dite ;

Sentir son âme s’enflammer
Et que tout se résume en Elle,
Aimer, aimer, aimer, aimer !
— Et c’est là l’Idylle Eternelle.





Et toujours, tant que l’on verra
Des amoureuses en ce monde
Et qu’en nos âmes vibrera
La chanson troublante et profonde,

Les jeunes hommes dans leurs vers
Chanteront leurs mignonnes reines
Et les ciels bleus et les bois verts
Confidents discrets de leurs peines,

Et feront, oh ! l’exquis tourment,
Dans leurs odelettes graciles,
Alterner éternellement
L’Art et l’Amour, ces deux Idylles.