L’Internationale, documents et souvenirs/Tome I/I,8

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L’INTERNATIONALE - Tome I
Première partie
Chapitre VIII
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VIII


Le troisième Congrès général de l'Internationale, à Bruxelles
(6-13 septembre 1868).


Le troisième Congrès général de l'Internationale eut lieu à Bruxelles du dimanche 6 au dimanche 13 septembre 1868. La Suisse française fut représentée par sept délégués. Six venaient de Genève, savoir : Mermilliod, monteur de boîtes ; Ch. Perron, peintre sur émail ; Quinet, tailleur de pierres ; Graglia, graveur, tous quatre délégués des Sections genevoises[1] ; Adolphe Catalan, délégué de l'Association du Sou pour l'affranchissement de l'individu et de la pensée, section de Genève[2]; J.-Ph. Becker, qualifié de « délégué du Conseil central du groupe des Sections allemandes »[3]. Le septième était mon ancien camarade d'études Fritz Robert, professeur de mathématiques à l'École industrielle de la Chaux-de-Fonds ; il représentait plusieurs Sections jurassiennes : celles de la Chaux-de-Fonds, du Locle, du district de Courtelary[4], de Moutier, de Bienne. Robert avait été choisi comme délégué au défaut de Coullery, qui boudait et avait refusé la délégation[5].

L'acte principal du Congrès de Bruxelles fut son vote dans la question de la propriété foncière. Cette question avait fait l'année précédente, au Congrès de Lausanne, l'objet d'un échange de vues ; et De Paepe s'était trouvé à peu près seul à défendre l'opinion « collectiviste ». Cette fois le sujet fut sérieusement étudié ; une commission de neuf membres présenta au Congrès un projet de résolution disant en substance : Les mines, houillères, carrières, etc., ainsi que les chemins de fer, doivent appartenir à la collectivité sociale ; il doit en être de même du sol arable, des canaux, routes, lignes télégraphiques, et autres voies de communication, et des forêts. Sur une cinquantaine de délégués, trente se prononcèrent en faveur de la résolution, savoir : huit Anglais, quatre Français, quatre Allemands, un Italien et treize Belges ; cinq votèrent contre : un Français et quatre Belges ; les autres, une quinzaine, s'abstinrent[6]. Il fut convenu que la question serait de nouveau mise à l'étude, pour être replacée à l'ordre du jour d'un autre Congrès.

On a souvent dit qu'au Congrès de Bruxelles il n'avait été question que de la propriété collective du sol, et que ce qui concerne l'outillage de la production, machines, etc., avait été laissé en dehors du débat. C'est une erreur. La question des machines avait fait l'objet d'un débat spécial, et les délégués avaient été unanimes à déclarer que les machines, ainsi que tout l'outillage social, devaient appartenir non aux capitalistes, mais aux travailleurs. Le rapport de la Section bruxelloise s'exprimait ainsi : « Le jour où les machines cesseront d'être le monopole exclusif du capital et passeront, avec tous les autres instruments de travail, aux mains des ouvriers constitués en associations agricoles et industrielles, ce jour-là le travailleur sera affranchi, la paix conclue, et la justice régnera. » Le mutuelliste Tolain avait dit : « Dans une nouvelle organisation, le crédit mutuel établi, le salariat tendra à disparaître et donnera (sic) l'outil à l'ouvrier ». Le Congrès vota, sur ce point, la résolution suivante :


Considérant que, d'un côté, la machine a été l'un des plus puissants moyens de despotisme et d'extorsion dans les mains du capitaliste, et que, d'autre part, les développements qu'elle acquiert doivent créer les conditions nécessaires pour la substitution d'un système de production vraiment social au système du salariat ;

Considérant que la machine ne rendra de véritables services aux travailleurs que lorsqu'une organisation plus équitable l'aura mise en leur possession ;

Le Congrès déclare :

1° Que ce n'est que par les associations coopératives et par une organisation du crédit mutuel[7] que le producteur peut arriver à la possession des machines ;

2° Que néanmoins, dans l'état actuel, il y a lieu pour les travailleurs constitués en sociétés de résistance d'intervenir dans l'introduction des machines dans les ateliers pour que cette introduction n'ait lieu qu'avec certaines garanties ou compensations pour l'ouvrier.


Un autre acte, fort important, du Congrès de Bruxelles, fut l'attitude qu'il prit à l'égard de la Ligue de la paix et de la liberté. Cette Ligue, dont le second Congrès devait se réunir à Berne le 21 septembre 1868, avait invité l'Internationale à s'y faire représenter officiellement[8]. Cette fois, la très grande majorité des délégués estima qu'il n'y avait pas lieu d'accepter une invitation de ce genre ; elle résolut de déclarer qu'à ses yeux la Ligue n'avait pas de raison d'être, attendu que l'Internationale suffisait ; et que les membres de l'Internationale qui se rendraient au Congrès de Berne n'y représenteraient qu'eux-mêmes et ne pourraient y parler au nom de l'Association des travailleurs. En conséquence, le Congrès adopta la résolution suivante, contre laquelle trois voix seulement se prononcèrent[9] :


Le Congrès décide :

1° Que les délégués de l'Association internationale qui se rendront à Berne porteront à l'assemblée, au nom de l'Internationale, les différentes résolutions prises aux Congrès de Genève, de Lausanne et de Bruxelles ; mais que toutes discussions, toutes résolutions qui y seront prises n'engageront que leur responsabilité personnelle ;

2° Que les délégués de l'Internationale croient que la Ligue de la paix n'a pas de raison d'être, en présence de l'œuvre de l'Internationale, et invitent cette société à se joindre à elle[10], et ses membres à se faire recevoir dans l'une ou l'autre Section de l'Internationale.


Un fait peu connu, c'est que les membres de la seconde Commission parisienne de l'Internationale, à ce moment détenus à Sainte-Pélagie à la suite de leur condamnation à trois mois de prison, crurent devoir protester contre ce vote du Congrès de Bruxelles, et envoyèrent aux membres du Congrès de Berne l'Adresse suivante :


Aux membres du Congrès de Berne.
Citoyens,

En présence de la résolution prise par le Congrès de Bruxelles, relativement à la Ligue de la paix et de la liberté, les soussignés, membres de l'Association internationale, pensent :

1° Qu'au point de vue des principes qui font la base de l'Association internationale, les délégués, envoyés au Congrès pour délibérer sur un ordre du jour déterminé, n'avaient pas mandat de prendre une résolution de cette importance sans consulter leurs groupes ;

2° Qu'au point de vue de la liberté dont nous poursuivons la conquête, le droit de se croire la seule expression des aspirations d'une époque ne peut appartenir à aucune association isolée ;

En conséquence :

Nous nous plaisons à reconnaître l'utilité de la Ligue de la paix et de la liberté à côté de l'Association internationale des travailleurs, et croyons que la diversité des éléments respectifs qui les composent s'oppose à leur fusion.

Nous regrettons donc l'invitation de se dissoudre adressée à la Ligue par les membres du Congrès de Bruxelles ; cette détermination ne peut engager que ses auteurs.

Nous profitons de cette occasion pour vous envoyer l'expression et l'assurance de nos sympathies.

Prison de Sainte-Pélagie, 17 septembre 1868.

A. Combault, G. Mollin, L. Granjon, B. Malon,
E. Cluseret[11], E. Varlin, Humbert, E. Landrin[12].


Si l'Internationale avait refusé de prendre au sérieux la propagande pacifiste entreprise par la Ligue de la paix et de la liberté, c'est qu'elle avait, sur le chapitre de la guerre, une tactique à proposer qui lui paraissait la seule efficace. Elle avait placé à l'ordre du jour de son Congrès la discussion de cette question : De l'attitude des travailleurs dans le cas d'un conflit entre les grandes puissances européennes. Après un débat auquel prirent part Catalan, De Paepe, Hins, Lucraft, Tolain, J.-Ph. Becker, le Congrès adopta, sur le rapport de Longuet, une résolution qui disait :


Considérant que la justice doit être la règle des rapports entre les groupes naturels, peuples, nations, aussi bien qu'entre les citoyens ; que la cause primordiale de la guerre est le manque d'équilibre économique ;…

Que si la guerre a pour cause principale et permanente le manque d'équilibre économique, et ne peut être par conséquent anéantie que par la réforme sociale, elle n'en a pas moins pour cause auxiliaire l'arbitraire qui résulte de la centralisation et du despotisme ;

Que les peuples peuvent donc dès maintenant diminuer le nombre des guerres en s'opposant à ceux qui les font ou qui les déclarent ;

Que ce droit appartient surtout aux classes ouvrières, soumises presque exclusivement au service militaire, et qu'elles seules peuvent lui donner une sanction ;

Qu'elles ont pour cela un moyen pratique légal et immédiatement réalisable ;

Qu'en effet le corps social ne saurait vivre si la production est arrêtée pendant un certain temps ; qu'il suffit donc aux producteurs de cesser de produire pour rendre impossibles les entreprises des gouvernements personnels et despotiques ;

Le Congrès de l'Association internationale des travailleurs, réuni à Bruxelles, déclare protester avec la plus grande énergie contre la guerre.

Il invite toutes les Sections de l'Association, chacune dans leurs pays respectifs, ainsi que toutes les sociétés ouvrières et tous les groupes d'ouvriers quels qu'ils soient, à agir avec la plus grande activité pour empêcher une guerre de peuple à peuple, qui aujourd'hui ne pourrait être considérée que comme une guerre civile, parce que faite entre producteurs, elle ne serait qu'une lutte entre frères et citoyens.

Le Congrès recommande surtout aux travailleurs de cesser tout travail dans le cas où une guerre viendrait à éclater dans leurs pays respectifs.

Le Congrès compte assez sur l'esprit de solidarité qui anime les travailleurs de tous les pays pour espérer que leur appui ne fera pas défaut à cette guerre des peuples contre la guerre.


Les autres questions qui furent discutées au Congrès de Bruxelles sont les suivantes, au nombre de six :

Des grèves, de la fédération entre les sociétés de résistance et de la création de conseils d'arbitrage chargés de statuer sur l'opportunité et la légitimité des grèves éventuelles. — Les débats montrèrent clairement que le Congrès n'entendait en aucune façon l’arbitrage dans le sens que les partisans de la « paix sociale » ont donné aujourd'hui à ce mot. Le Congrès repoussa énergiquement l'idée d'une organisation de l'arbitrage qui aboutirait à soumettre les différends à un tribunal « constitué moitié de personnes appartenant à la bourgeoisie ou classe exploitante, moitié d'ouvriers ou exploités » ; une semblable organisation ne serait qu'une duperie, et assurerait aux patrons tous les avantages : « un conseil d'arbitrage constitué de la sorte serait le pendant de ce que l'on nomme les Conseils de prudhommes, et l'on sait comment s'y rendent les jugements ». Le Conseil d'arbitrage dont l'Internationale reconnaissait l'utilité devait être composé exclusivement de représentants des sociétés de résistance, et sa mission devait consister à examiner si, dans tel cas donné, au point de vue de l'intérêt ouvrier, il y avait nécessité et opportunité à déclarer la grève. La résolution votée dit :


Le Congrès déclare que la grève n'est pas un moyen d'affranchir complètement le travailleur, mais qu'elle est souvent une nécessité dans la situation actuelle de lutte entre le travail et le capital ;

Qu'il y a lieu de soumettre la grève à certaines règles, à des conditions d'organisation, d'opportunité et de légitimité ;

Qu'au point de vue de l'organisation de la grève, il y a lieu, dans les professions qui n'ont pas encore de sociétés de résistance..., de créer de ces institutions, puis de solidariser entre elles les sociétés de résistance de toutes les professions et de tous les pays... : qu'en un mot il faut continuer dans ce sens l'œuvre entreprise par l'Internationale et s'efforcer de faire entrer le prolétariat en masse dans cette Association ;

Qu'au point de vue de l'opportunité et de la légitimité, il y a lieu de nommer dans la fédération des groupes de résistance de chaque localité une commission formée de délégués de ces divers groupes, qui constituerait un Conseil d'arbitrage, pour juger de l'opportunité et de la légitimité des grèves éventuelles ; du reste, qu'il est nécessaire de laisser, pour le mode de formation de ce Conseil d'arbitrage, une certaine latitude aux différentes Sections, suivant les mœurs, les habitudes et les législations particulières.


De l'instruction intégrale. — Le Congrès entendit plusieurs rapports, et vola ensuite une résolution qui disait :


Reconnaissant qu'il est pour le moment impossible d'organiser un enseignement rationnel.

Le Congrès invite les différentes Sections à établir des cours publics suivant un programme d'enseignement scientifique, professionnel et productif, c'est-à-dire enseignement intégral, pour remédier autant que possible à l'insuffisance de l'instruction que les ouvriers reçoivent actuellement. Il est bien entendu que la réduction des heures de travail est considérée comme une condition préalable indispensable.


Du crédit mutuel entre travailleurs. — La Section bruxelloise avait élaboré un projet de statuts d'une Banque d'échange, sous le nom de Société commerciale du crédit au prix de revient. Le Congrès vota la résolution suivante :


Le Congrès conclut à la fondation de Banques d'échanges basés sur le prix de revient, ayant pour but de rendre le crédit démocratique et égalitaire, et de simplifier les rapports du producteur et du consommateur, c'est-à-dire de soustraire le travail à la domination du capital, et de faire rentrer celui-ci dans son rôle naturel et légitime, qui est celui d'agent du travail.

... Le Congrès, tout en maintenant l'affirmation théorique du crédit réciproque, demande que le projet de statuts présenté par la Section bruxelloise soit envoyé à toutes les Sections pour y être l'objet d'une discussion approfondie, et pour que le Congrès prochain puisse prendre une décision à cet égard.


De la réduction des heures de travail. — La résolution suivante fut votée :


Une résolution ayant été prise unanimement par le Congrès de Genève : que la diminution légale des heures de travail est une condition préliminaire, indispensable pour toutes les améliorations sociales ultérieures, le Congrès est d'avis que l'époque est arrivée de donner un effet pratique à cette résolution, et qu'il est du devoir de toutes les Sections, dans tous les pays, d'agiter cette question partout où l'Association internationale des travailleurs est établie.


De la coopération. — Le rapport présenté par la commission signala le danger de la voie dans laquelle s'étaient engagées les associations coopératives, « ces sociétés de production et de consommation où des ouvriers, tout en protestant contre les étranglements du capital, s'efforcèrent de s'en créer un à leur tour et de percevoir des bénéfices. Constitution en leurs mains d'un capital, perception de dividendes sur les consommateurs, sentiments conservateurs et appétits de jouissances, constitution de rentes, voilà les pensées et les désirs que développèrent une telle conception des sociétés, légitimant ainsi toutes les accusations que les travailleurs jettent journellement sur les détenteurs de capitaux. De telles pratiques en arrivent bien vite à créer une quatrième classe bourgeoise et immobiliste. » Pour éviter un semblable résultat, la commission proposa au Congrès, qui la vota, une résolution indiquant la règle de conduite que devait suivre toute association coopérative constituée selon les principes de l'Internationale, « qui n'ont d'autre but que d'arracher des mains des capitalistes les instruments de la production et de les remettre en celles de ses légitimes propriétaires, les travailleurs eux-mêmes ». Voici cette résolution :


Toute société basée sur les principes démocratiques repousse tout prélèvement au nom du capital, sous quelque forme qu'il se présente : rente, intérêt, bénéfice, et laisse ainsi au travail tout son droit, toute sa juste rémunération.


Des cahiers du travail. — Cette question avait été mise à l'ordre du jour deux mois seulement avant le Congrès, sur l'initiative des Sections belges. Hins expliqua que le « quatrième État » devait préparer aujourd'hui ses cahiers, comme le Tiers-État avait préparé les siens lors de la convocation des Etats-généraux de 1789. Le Congrès de Genève, en 1866, avait prié toutes les Sections de donner des renseignements complets sur la situation des travailleurs dans chaque pays ; il faut que cette décision soit exécutée et que les travailleurs formulent leurs griefs. En conséquence, les Sections belges émettaient le vœu, qui fut appuyé, qu'au Congrès de l'année suivante (1869) toutes les Sections apportassent des rapports complets sur tout ce qui concerne la situation de la classe ouvrière.



  1. Ces Sections sont énumérées dans le rapport fait par Graglia au Congrès (p. 3 du Compte-rendu officiel) : « Nous n'avions que trois Sections à Genève avant la grève ; maintenant nous en avons vingt-quatre, renfermant quatre mille membres : Sections : Section centrale. — Section de Carouge. — Section allemande. — Corps de métiers : Monteurs de boîtes de montres. — Bijoutiers. — Ébénistes. — Menuisiers. — Maçons. — Carrossiers-forgerons. — Gypsiers-vernisseurs. — Charpentiers français. — Charpentiers allemands. — Graveurs. — Gainiers. — Corroyeurs et tanneurs. — Faiseurs de ressorts. — Couvreurs. — Terrassiers. — Ferblantiers. — Fabricants de pièces à musique. — Typographes. — Serruriers-mécaniciens. — Tailleurs de pierres. »
  2. On avait admis au Congrès de Bruxelles, comme aux deux précédents, les représentants de diverses associations qui ne faisaient pas partie intégrante de l'Internationale.
  3. Ce Conseil central avait son siège à Genève, et son organe était le Vorbote, rédigé par Becker. Dans la liste des délégués au Congrès, Becker a indiqué sa profession en ces termes: « Faiseur de balais, ex-colonel de l'armée révolutionnaire allemande ».  
  4. La Section de Saint-Imier et celle de Sonvillier s'étaient fusionnées pour former une Section unique le 1er septembre 1868, sous le nom de Section du district de Courtelary.
  5. Coullery écrivit néanmoins une lettre au Congrès, au nom de la Section de la Chaux-de-Fonds, lettre dont le président donna lecture dans la deuxième séance et qui a été insérée in-extenso au Compte-rendu officiel du Congrès (p. 51). Il y annonçait l'envoi, par la Section de la Chaux-de-Fonds, de quelques montres de sa « fabrique coopérative », et ajoutait : « Toutes nos tentatives resteront infructueuses, si les classes ouvrières, si les associations, si l'Internationale ne veulent pas s'emparer du commerce de consommation... Enlevons le commerce au capital, et alors nous aurons des débouchés. Le capital ne pourra plus spéculer sur le travail. La Banque [ouvrière internationale] doit être une maison centrale de commandes et d'échange. Mais, avant tout, organisons, dans les grands centres, les magasins sous la protection et la responsabilité des sociétés ouvrières, de l'Internationale. Vivent la liberté et la justice ! » Par une seconde lettre, communiquée le 12 septembre, « Coullery adressait au Congrès ses sentiments de fraternité et demandait à faire partie de la députation que le Congrès enverrait au Congrès de la paix et de la liberté, à Berne » (p. 41)
  6. L'abstention des délégués suisses était due à ce que leur mandat ne contenait pas d'instructions sur la question ; mais la plupart d'entre eux étaient revenus du Congrès convertis à l'idée collectiviste. Fritz Robert écrivit, pour faire connaître le débat sur la propriété collective, un compte-rendu du Congrès de Bruxelles, dont le commencement fut publié dans quatre numéros successifs de la Voix de L'Avenir (4-23 octobre 1868) ; la suite de ce compte-rendu parut, sept mois plus tard, dans l’Égalité (numéros du 10 avril au 12 juin 1869).
  7. On voit que, unanimement collectiviste sur la question du but à atteindre, le Congrès, dans sa majorité, restait mutuelliste en ce qui concerne l'indication des moyens à employer.
  8. On trouvera plus loin (p. 72) la lettre adressée au président du Congrès de Bruxelles par le président du Bureau de la Ligue.
  9. L'un des trois opposants était De Paepe ; les deux autres étaient Perron et Catalan. Mais d'autres délégués encore, absents au moment du vote, étaient loin de penser que l'existence de la Ligue de la paix fût inutile : entre autres Charles Longuet, qui, l'année suivante, en 1869, continuait à faire partie de la Ligue et se rendit au Congrès tenu par elle à Lausanne cette année-là.
  10. Le Compte-rendu officiel du Congrès de Bruxelles fait observer, dans une note, que des journaux avaient imprimé, à la place des mots « à se joindre à elle », les mots « à se dissoudre », et, dans la première ligne de ce même alinéa, le mot « déclarent » à la place du mot « croient », et il ajoute : « C'est par erreur que l'on a lu en séance publique un manuscrit sur lequel on avait oublié de modifier ces deux expressions, qui dépassaient la pensée de la commission ».
  11. Le général Cluseret était membre de l'Internationale, mais ne faisait pas partie de la Commission parisienne ; il était détenu à Sainte-Pélagie à la suite d'une condamnation pour un délit de presse.
  12. Deux des membres de la Commission parisienne, Bourdon et Charbonneau, n'ont pas signé cette Adresse, pour des motifs que j'ignore.