La Bâtarde (Pont-Jest)/XV

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E. Plon (p. 282-297).

XV

VIERGE ET PHRYNÉ

Ce fut seulement lorsqu’il arriva rue de Flandre que M. du Longpré réfléchit à l’effet qu’allait produire la présence de Jeanne dans son hôtel.

En admettant que Blanche fût retirée chez elle et ne vit pas la fillette ce soir-là, il ne serait pas possible de la cacher le lendemain. Semblable dissimulation était d’ailleurs loin de sa pensée. Que faire alors ? Paul se le demandait encore lorsque sa voiture, après avoir franchi la grille de la maison, s’arrêta devant le perron de l’aile qu’il habitait.

Ne sachant trop quel parti adopter et fort embarrassé, somme toute, de sa fille qu’il avait enveloppée dans sa pelisse et qui s’était endormie, il la prit dans ses bras et gagna sa chambre à coucher, où il étendit doucement le précieux fardeau sur son lit.

Cela fait, s’apercevant qu’il était à peine onze heures, il sonna son valet de chambre, et il allait donner à cet homme l’ordre de prier madame Dormeuil de le rejoindre si elle n’était pas couchée, quand il entendit ouvrir la porte de la galerie qui reliait son appartement avec les autres parties de l’hôtel.

Presque au même instant mademoiselle du Longpré apparut.

Le créole fit signe à son domestique de sortir et, fort ému, s’avança vers la jeune fille.

— Pardonnez-moi, mon ami, lui dit-elle, de venir chez vous à pareille heure ; mais j’étais à ma fenêtre lorsque vous êtes rentré, j’ai vu que vous n’étiez pas seul, et j’ai pensé que je pouvais vous être utile.

— Blanche ! supplia M. du Longpré en rougissant.

— Il vaut mieux, poursuivit-elle, pour nos gens et pour nous-mêmes, qu’il en soit ainsi. De plus, cette chère enfant serait fort mal ici.

Il serait impossible de rendre l’adorable accent de bonté avec lequel mademoiselle du Longpré avait prononcé ces mots, ni de peindre le sourire maternel qui rayonnait sur ses lèvres décolorées, pendant qu’elle se dirigeait vers le lit où, réveillée, la fille de Gabrielle venait de s’asseoir.

— Si vous saviez ! dit Paul à sa cousine, au moment où elle passait près de lui.

— Je ne veux rien savoir, répondit-elle en lui serrant la main ; quoi que vous ayez fait, quoi que vous coûte l’accomplissement de votre devoir, je vous approuve.

Tant d’abnégation et tant de douceur brisaient plus encore M. du Longpré que toutes les luttes odieuses qu’il avait dû subir. Il ne trouvait pas un mot pour exprimer sa reconnaissance et son admiration.

Jeanne voyait sans étonnement s’approcher d’elle cette femme qui lui était inconnue ; son âme, encore bercée par ces songes heureux que Dieu donne aux enfants, la prenait sans doute pour son ange gardien.

— Voulez-vous m’aimer, chère petite ? lui demanda Blanche en s’agenouillant auprès du lit.

— Aimez-vous mon ami ? dit la fillette en répondant par cette question naïve à la question qui lui était adressée.

— Oui, je l’aime, fit mademoiselle du Longpré en se tournant vers Paul, qui baissait les yeux pour cacher ses larmes.

— Alors, moi, je vous aime de tout mon cœur !

Et comme si elle ne fût sortie du sommeil que pour prononcer ces paroles, l’enfant laissa tomber sa tête alourdie sur l’épaule de la jeune fille qui lui tendait les bras.

Quelques minutes plus tard, Jeanne dormait profondément dans la chambre de Blanche. La vierge se faisait mère pour veiller sur le repos de celle qui lui coûtait le bonheur.

Une fois seul, Paul tomba dans un fauteuil et put enfin donner un libre cours aux sanglots qui l’étouffaient.

Laissons l’infortuné à son désespoir et retournons aux Champs-Élysées, pour y assister à un spectacle d’un tout autre genre que celui dont l’hôtel de la rue de Flandre venait d’être le théâtre.

Aucun des invités de mademoiselle Berthier n’était venu la troubler, il est vrai, pendant son entretien avec M. du Longpré ; mais, bien qu’elle eût duré dix minutes à peine, la scène que nous avons retracée dans le chapitre précédent n’avait pas passé inaperçue pour tout le monde.

La présence du créole d’abord, que personne ne connaissait, sauf MM. Dusert et de Joigné, avait éveillé la curiosité de bon nombre de gens, jaloux des attentions de Gabrielle ; puis, lorsqu’on avait vu cet étranger seul dans le boudoir avec la maîtresse de la maison et M. de Martry, on s’était enquis bien vite du nom et de la situation sociale de ce privilégié.

Ne pensant certes pas commettre une indiscrétion, car il ne se doutait guère de ce qui allait se passer peu d’instants après, M. de Joigné n’avait pas hésité à satisfaire la curiosité générale, et c’est ainsi qu’on avait appris que l’inconnu s’appelait Paul du Longpré et était un des industriels millionnaires de Paris.

Il n’en fallut pas davantage, vu le milieu où nous avons conduit nos lecteurs, pour que les plus piquantes suppositions prissent immédiatement leur essor. Le nouveau venu fut bientôt désigné comme la victime par le sacrifice de laquelle mademoiselle Berthier allait signaler sa rentrée dans l’arène de la galanterie.

On ne pensait guère que la terrible fille d’Ève voulût faire plus encore qu’un amant de celui dont quelques-uns peut-être enviaient déjà le sort.

Gabrielle, on le conçoit aisément, n’en fut que plus entourée lorsqu’elle rentra dans le bal, où, soit parce qu’elle voulait détourner les soupçons, soit parce que son orgueil satisfait la disposait à la bonté, elle fut plus charmante que jamais avec tout le monde.

Seuls, MM. Dusert et de Joigné ne s’approchèrent pas d’elle. Médiocrement flattés du rôle forcé qu’ils venaient de jouer, ils se souciaient peu de se retrouver en présence de celle qui le leur avait imposé, et ils ne songeaient, au contraire, qu’à se retirer. Ils étaient déjà dans le vestibule lorsque M. de Martry les rejoignit.

— Messieurs, leur dit-il, après les avoir attirés sur le perron, là où personne ne pouvait l’entendre, je ne réclame pas votre discrétion à l’égard de ce que vous savez, ce serait émettre un doute offensant à votre endroit, mais j’ai une prière à vous adresser.

— Faites, monsieur, répondit pour lui et pour ses amis M. de Joigné, qui connaissait depuis longtemps l’ancien officier de marine comme un fort galant homme.

— Vous avez entendu M. du Longpré promettre à mademoiselle Berthier de l’épouser, reprit le commandant. J’ignore comment Gabrielle remplira la promesse qu’elle a faite en ce qui concerne sa fille ; mais ce dont je suis certain, c’est que si elle donne satisfaction complète à notre ami sur ce point, il ira jusqu’au bout et tiendra sa parole. Or, si ce mariage a lieu, je vous prie, afin que cette triste aventure ne s’ébruite pas trop, d’en être avec moi les témoins. S’il ne s’accomplit pas, au contraire, et si, comme nous devons le craindre, malgré tous les efforts que je ferai pour m’y opposer, M. Berney s’en prend à M. du Longpré de l’abandon de sa maîtresse, je vous demande instamment de vous joindre également à moi dans ce second cas. De cette façon, quoi qu’il arrive, mariage ou rencontre, cette déplorable histoire restera tout à fait entre nous.

M. de Joigné consulta du regard MM. Dusert, mais pour affirmer aussitôt à M. de Martry que, dans quelque occurrence que ce fût, ses amis et lui se tiendraient à sa disposition.

Le commandant les remercia chaleureusement tous trois, et pendant qu’ils descendaient le perron de l’hôtel, il rentra dans les salons pour se mettre à la recherche de Richard.

À tout prix, certes, il désirait éviter un conflit entre MM. Berney et du Longpré, mais il voulait également user de tous les moyens pour arracher ce dernier à la honte et au malheur qui le menaçaient.

La première personne que M. de Martry aperçut en franchissant le seuil du salon fut Richard, qui vint droit à lui.

— Je craignais que vous ne fussiez déjà parti, lui dit le peintre en le prenant par le bras, et je le regrettais vivement, car j’ai un renseignement à vous demander. Qu’est-ce donc qu’un M. du Longpré que vous avez présenté ce soir à Gabrielle ? On ne parle que de lui.

— M. du Longpré, répondit le capitaine de vaisseau, en affectant la plus parfaite indifférence, est un de mes vieux amis que tu ne connais pas. Tout fraîchement débarqué, il désirait voir la reine la plus à la mode de notre monde.

— J’ai déjà entendu ce nom-là.

— Peut-être, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. As-tu causé avec Gabrielle depuis quelques instants ?

— Non.

— Eh bien ! à la fin du bal, mais à la fin seulement, demande-lui ce qu’elle a fait de Jeanne.

— De Jeanne ? Son institutrice a dû venir la chercher, il y a déjà longtemps, pour la coucher.

— C’est possible.

— Je ne vous comprends pas.

— Il est inutile que tu me comprennes davantage.

— Qu’y a-t-il de nouveau ? C’est encore de Gabrielle que vous voulez parler ?

— Oui, c’est d’elle ; mais, si tu ne me promets pas d’être calme et de m’obéir aveuglément, je te jure que je t’abandonne, et cette fois, tout à fait.

— Dites, je vous donne ma parole de suivre vos conseils.

— Alors, sans avoir l’air de trop surveiller Gabrielle, prends garde à elle ; interroge-la à propos de sa fille, sans toutefois pousser les choses trop loin ; exige, autant que possible, qu’elle fixe le jour de votre départ, et viens me trouver, rue du Cirque, demain à midi. Surtout, ne sois pas faible et lâche une fois de plus, et ne te donne pas en spectacle. Moi, je me sauve. À demain.

Le commandant avait prononcé ces derniers mots en riant, car il venait d’apercevoir mademoiselle Berthier qui se dirigeait de son côté, et il tenait à lui faire prendre le change à l’égard de son entretien avec son amant.

Puis il serra la main du peintre et s’esquiva, pour fuir les questions de la jeune femme.

Lorsque celle-ci arriva près de Richard, il était seul et avait réussi, par hasard, à mettre un tel masque d’indifférence sur sa physionomie qu’elle ne supposa rien qui fût de nature à l’alarmer.

— Que te racontait donc Martry si gaiement ? lui demanda-t-elle.

— Oh ! pas grand’chose de fort intéressant, répondit l’artiste ; le commandant, qui, tu le sais, a beaucoup d’esprit, passait en revue tes invités. À propos, où donc est Jeanne ?

— Il y a plus d’une heure qu’elle n’est plus là.

— Elle est couchée ?

— Elle dort depuis longtemps.

Et comme ce sujet de conversation lui plaisait peu, elle feignit d’être appelée par un de ses amis et quitta brusquement Richard.

Cinq minutes après, M. Berney frappait au second étage, à la porte de l’appartement que l’institutrice occupait avec son élève.

Miss Brown, qui lisait, vint immédiatement ouvrir.

— Jeanne est remontée ? lui demanda Richard.

— Mademoiselle dort, répondit l’Anglaise.

— Je veux l’embrasser.

Sans attendre la permission de l’Anglaise, le peintre s’avança vivement jusqu’auprès du lit de l’enfant et en releva les rideaux. Le lit était vide.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? fit-il en se retournant vers miss Brown. Où est Jeanne ?

— Mais, monsieur, madame ne vous a donc pas averti ?

— Non, de quoi ? Expliquez-vous !

— Il y a déjà plus d’une heure, à la suite des observations de M. de Martry, madame a jugé qu’il était préférable que sa fille ne restât pas à l’hôtel, surtout pendant une nuit de bal, et j’ai reconduit mademoiselle chez madame Brétigny.

Malgré l’assurance avec laquelle l’institutrice avait récité cette leçon que lui avait faite mademoiselle Berthier, M. Berney comprit qu’elle mentait et qu’il devait y avoir un tout autre motif à la disparition de l’enfant. Mais, comme il ne lui convenait pas de discuter avec miss Brown, il affecta d’être convaincu et se contenta de répondre :

— En effet, ce n’est pas ici la place de Jeanne ; madame a eu raison de la renvoyer à sa pension ; cependant elle aurait dû me prévenir.

Et sans prolonger sa visite, il descendit en courant. Seulement, au lieu de rentrer dans les salons, il prit à la hâte son chapeau, sortit furtivement de l’hôtel, et, sautant dans une des voitures qui stationnaient devant la maison, il ordonna au cocher de le conduire avenue d’Eylau.

Arrivé à l’institution de madame Brétigny, il sonna. On tarda à venir, puis enfin une domestique ouvrit.

— Mademoiselle Berthier est-elle rentrée ce soir à la pension ? demanda-t-il à cette femme.

— La petite Jeanne ? fit la domestique toute surprise.

— Oui, Jeanne Berthier.

— Du tout, monsieur.

— Vous en êtes certaine ?

— J’en suis très sûre, c’est moi qui veille ! Est-ce que mademoiselle Berthier doit revenir ?

— Oui ; je la pensais déjà ici, et comme elle est un peu souffrante, je désirais prendre de ses nouvelles.

— Sa mère l’aura sans doute gardée près d’elle.

— C’est probable ! Je regrette de vous avoir dérangée inutilement. Tenez, voilà pour votre peine.

Richard mit cinq francs dans la main de la domestique et remonta en voiture.

Dix minutes plus tard, il rentrait à l’hôtel. Son absence avait duré une demi-heure à peine ; personne, pas même Gabrielle, ne s’en était aperçu.

Toutefois le peintre évita de rencontrer immédiatement sa maîtresse, car, bien qu’il s’efforçât de se rappeler toutes les recommandations de M. de Martry, il craignait de ne pouvoir rester maître de lui-même.

La soirée, d’ailleurs, tirait à sa fin. Bientôt les derniers invités disparurent, et mademoiselle Berthier, envoyant un bonsoir amical à Richard, remonta chez elle.

M. Berney hésita pendant quelques instants ; puis prenant tout à coup un parti, il gravit d’un bond l’escalier qui menait à l’appartement de Gabrielle, et, sans frapper, il en ouvrit brusquement la porte.

La jeune femme venait de quitter sa robe de bal ; sa femme de chambre la décoiffait.

Dans la glace devant laquelle elle était assise, elle reconnut Richard, dont la pâleur annonçait les dispositions hostiles.

— C’est bien ! dit-elle à sa domestique, je me déshabillerai seule.

Et lorsque celle-ci se fut retirée, elle ajouta en s’adressant à son amant, mais sans se retourner et avec un calme parfait :

— Comment, te voilà ! Je te croyais parti !

— Tu vois qu’il n’en est rien, répondit-il sèchement. J’ai à te parler.

— De qui s’agit-il ?

— Pourquoi m’as-tu dit que Jeanne était remontée dans sa chambre ? J’y suis allé, elle n’y est pas.

Comprenant que M. Berney savait une partie de la vérité, mademoiselle Berthier fronça légèrement les sourcils et fit volte-face en répondant :

— Je ne t’ai pas dit que Jeanne était auprès de miss Brown, mais qu’elle était couchée et dormait depuis longtemps. Ce n’était pas le moment de t’en dire plus.

— Où est l’enfant ?

— M. de Martry m’avait déjà fait observer plusieurs fois qu’il était plus convenable que ma fille restât confiée aux soins de madame Brétigny, je n’avais pas voulu me rendre à ses conseils ; mais, ce soir, il est revenu avec tant d’insistance sur le même sujet qu’il m’a convaincue. J’ai fait alors reconduire immédiatement Jeanne à sa pension.

—Tu mens ! j’arrive de l’avenue d’Eylau ; ta fille n’est pas plus chez madame Brétigny que près de miss Brown.

Gabrielle, qui n’avait pu s’empêcher de bondir sous le démenti du peintre, parvint rapidement à se dominer.

— Ah ! tu sais cela, lui dit-elle ; eh bien, soit ! je vais te donner tout de suite l’explication que j’avais remise à demain. Le père de Jeanne est arrivé à Paris ; il me menaçait de bruit, de scandale ; Martry m’en a fait part, et, pour en finir avec lui, pour éviter ses démarches, ses visites, j’ai préféré lui remettre son enfant.

— Ainsi, tu as abandonné ta fille ?

— Je ne l’abandonne pas ! Aurais-tu préféré que son père vint la chercher ici et s’y rencontrât avec toi ?

— Et ce père, qui est-ce ? Peut-être cet étranger, ce M. du Longpré que le commandant t’a présenté ce soir.

— Tu es fou ! Il était d’autant plus nécessaire que la situation de Jeanne fût régularisée que nous allons partir et que son père qui connaît, je ne sais comment, mes projets de voyage, ne nous eût pas laissé un moment de repos. Ne te monte donc pas autant la tête pour une chose si naturelle et qui devait arriver fatalement un jour, mais fais tranquillement ta malle !

— Moi !

— Oui, toi ! Je ne veux pas descendre à Nice dans un hôtel. Or, pendant que je terminerai ici mes préparatifs, il faut que tu ailles nous découvrir quelque jolie villa sur la côte. Tu trouves encore cela extraordinaire ?

— Si extraordinaire que je ne te crois pas ! Tu mens, tu mens encore, mais je ne serai pas ton jouet une fois de plus !

En prononçant ces mots, Richard, qui n’était plus maître de sa colère, bondit vers la cheminée et y saisit un petit poignard dont mademoiselle Berthier se servait pour ouvrir ses lettres.

Gabrielle le suivait du regard, mais sans faire un mouvement pour se défendre.

Elle avait fini de se décoiffer, ses longs cheveux dénoués tombaient sur son sein ; ses lèvres de pourpre étaient entr’ouvertes ; de ses bras nus elle détachait, en se cambrant, les derniers liens de son corsage.

— Tu prépares de nouveau contre moi quelque machination odieuse, s’écria son amant ivre de rage et en faisant, le bras levé, un pas vers elle. Je veux savoir la vérité tout entière, ou prends garde !

— Je ne t’ai rien caché, je n’ai rien de plus à te dire, et tu sais bien que tu ne m’effrayes pas, répondit mademoiselle Berthier de sa voix enchanteresse.

— Prends garde, te dis-je, répéta Richard, ne me pousse pas à bout ; parle, parle, si tu ne veux pas que j’en finisse pour toujours avec tes infamies et mes tortures. Ah ! réponds-moi, ou je te tue !

Et le malheureux, les yeux injectés, la bouche écumante, la physionomie bouleversée, s’élança vers la jeune femme, qu’il parcourait de ses regards tout à la fois haineux et lascifs.

— Frappe donc, lui dit-elle hardiment, en faisant, d’un léger mouvement d’épaules, glisser ses derniers voiles jusqu’à terre et en offrant sa poitrine de marbre au poignard de son amant.

Phryné se souvenait de l’Aréopage.

Richard poursuivit sa course en jetant un cri, mais un cri d’amour, et ce fut à genoux, suppliant et désarmé, qu’il tomba près de Gabrielle.