La Bataille des Trente/La cause de la bataille

La bibliothèque libre.

LA BATAILLE DES TRENTE[1]

(26 Mars 1351)

I

la cause de la bataille

Trente Bretons, trente Anglais : un petit nombre, une grande cause[2].

Ces Trente sont, de part et d’autres les champions attitrés de deux vieilles races qui viennent, dans un champ-clos solennel, montrer au monde la vaillance de leur sang, la force de leurs bras et de leurs cœurs, l’invincible antipathie de leurs âmes et de leurs caractères.

Pas un des soixante champions, quoi qu’en ait dit Froissart, ne songeait là à jouter pour l’honneur de « sa dame ou l’amour de son amie[3]. » Le débat était tout autre.

Depuis dix ans se poursuivait la guerre de la succession de Bretagne. Depuis dix ans, depuis six surtout, c’est-à-dire depuis la mort du comte de Montfort qui était le duc de Bretagne pour une partie des Bretons et pour les Anglais, — ces Anglais, sous prétexte de soutenir la cause de Montfort, pressuraient, torturaient la Bretagne par une exploitation sans cœur et sans entrailles. En 1351, dans une circonstance notable, un baron de Bretagne, des plus renommés pour sa vaillance et pour sa vertu, eut l’occasion de reprocher aux Anglais l’odieux de cette conduite, indigne d’hommes se disant chevaliers et chrétiens, et les somma d’y renoncer. La guerre de Bretagne étant avant tout pour les Anglais une très-fructueuse opération commerciale, ceux-ci refusent énergiquement de répudier ce gain honteux, et prétendent en justifier la légitimité. Le Breton indigné s’écrie :

« Dieu soit juge entre nous ! Que chacun de nous choisisse trente à quarante champions pour soutenir sa cause. On verra de quel côté est le droit. » (Laisse 4 du poème, édition Crapelet, p. 15).

Cette cause était grande et haute. Il s’agissait de savoir si, dans l’état de guerre trop fréquent au moyen-âge, les populations inoffensives, les petits et les faibles, surtout les habitants des campagnes, devaient être foulés aux pieds comme un vil bétail, ou si l’on était tenu d’observer envers eux autant que possible la loi chrétienne de l’humanité et de la justice.

C’est depuis peu de temps d’ailleurs qu’on connaît, sinon complètement, du moins plus exactement, tous les maux commis contre la Bretagne par les Anglais dans cette longue et trop longue guerre de Blois et de Montfort.

Il ne s’agit pas ici de ces ravages, de ces pilleries accidentelles exercées par un parti sur le parti adverse : fléau tristement inséparable de toute guerre.

Les Anglais avaient imaginé beaucoup mieux. Peu leur importait qu’on fût ami ou ennemi : d’autant que dans cette lutte de Blois et de Montfort, les habitants des campagnes bretonnes, les paysans, étaient presque partout indifférents à l’objet de la querelle et obéissaient sans résistance au parti qui dominait dans leur voisinage. Il n’y avait donc nul prétexte pour les maltraiter ni les piller. Mais les Anglais n’avaient pas besoin de prétexte pour mettre la Bretagne en coupe réglée. Dans tout le territoire sur lequel ils dominaient, ils imposaient, chaque année, à toutes les paroisses rurales (si soumises qu’elles fussent) des contributions de guerre fort élevées en argent ou en nature, qu’ils appelaient redemptiones, les « raençons, » et c’était bien des rançons, car les paroisses qui ne pouvaient payer devaient être détruites, incendiées et saccagées sans merci (comburari, prædari, destrui). Les Anglais se croyaient très doux, très indulgents, quand avant d’en venir là ils saisissaient les principaux habitants, leur mettaient les fers aux pieds et aux mains et les accablaient de mauvais traitements pour les contraindre à s’exécuter.

À chacune des principales places et forteresses occupées en Bretagne par les Anglais il était ainsi attribué, tout autour d’elle, un nombre plus ou moins grand de paroisses rurales, dont le capitaine de cette place pouvait lever les rançons, c’est-à-dire les contributions arbitrairement imposées par lui, sauf à donner à sa garnison une part du gâteau.

Par les comptes de Gilles de Wyngreworth, trésorier de Bretagne pour le roi d’Angleterre en 1360, nous connaissons les districts ruraux dont les rançons étaient attribuées aux trois places anglaises de Vannes, de Bécherel et de Ploërmel. Cette dernière avait à exploiter quatre-vingts paroisses, dont quelques-unes situées jusque sur la baie de Saint-Brieuc[4]. Quant aux rançons imposées à ces paroisses, citons seulement trois ou quatre exemples : Merdrignac devait payer au terme de Pâques, en nature ou en espèces, une somme répondant à 12 000 francs environ valeur actuelle ; Ménéac, 15 000 fr., — Plumieux, 14 000 fr., — Plémet, même somme, Hillion, 11 000 fr., etc. etc. Et ce n’était là encore que la moitié de leurs rançons ; chacune de ces paroisses en devait fournir autant à la Saint-Michel. — Ce rançonnement des pauvres paroisses bretonnes était on le voit, un vrai brigandage organisé[5].

Veut-on savoir à quel point, à quel excès, les chefs anglais les plus huppés, poussaient ce brigandage ? L’histoire de William Latimer nous l’apprendra. C’était un des capitaines les plus en renom durant la guerre de Bretagne ; il eut pendant longtemps dans cette guerre la garde de la place de Bécherel, l’un des postes anglais les plus militants, auquel on avait attribué les rançons d’un vaste territoire comprenant une centaine de paroisses. Il tenait de plus sur la Rance une autre forteresse, le château de Plumoison[6], qui pillait tous les bateaux de cette rivière. Latimer, grâce à toutes ces rançons et tous ces pillages, revint en Angleterre chargé d’une fortune énorme, et de plus d’une lourde accusation de vol et de brigandage portée contre lui devant le roi par les Bretons et attestée par une enquête solennelle. Longtemps cette accusation dormit. Mais, vers la fin du règne d’Édouard III (en 1376), Latimer étant tombé en disgrâce, elle fut reprise par les Communes anglaises ; il fut prouvé que, grâce aux rançons et extorsions de toutes sortes exercées sur les Bretons tant par lui que par ses agents et officiers, il avait tiré de Bretagne, c’est-à-dire volé aux pauvres Bretons, une somme répondant à plus de trente millions, valeur actuelle. Et malgré tout ce qu’il put dire pour sa défense, il fut par le Parlement condamné à la prison et privé de toutes ses charges[7].

Si effroyable était la misère causée aux campagnes bretonnes par l’affreux régime des rançons sur les paroisses rurales, que le matin de la bataille d’Aurai, les Anglais ayant proposé une trêve pour cinq ans à condition de garder pendant ce temps le droit de lever ces rançons, Charles de Blois s’écria : « Plutôt que de laisser mon peuple, dont j’ai si grand pitié, en proie à de telles angoisses, je préfère m’en remettre aux chances de la guerre, à la volonté de Dieu, et je veux combattre pour le défendre[8]. »

Un autre témoignage, plus décisif encore en un sens puisqu’il émane d’un Anglais, et qui a trait directement à notre sujet, c’est celui de Thomas de Dagworth, le vainqueur de la Roche-Derrien, le lieutenant général du roi Édouard III en Bretagne.

Et Dieu sait qu’il n’avait pas le cœur tendre ce Dagworth, nous en avons vu plus haut une belle preuve (ci-dessus, p. 504). Eh bien, quand il eut pendant quelque temps présidé à l’exécution sur les pauvres paysans de Bretagne de cet odieux supplice des rançons, il fut si vivement touché de leur misère, si révolté d’une telle cruauté, qu’il en prescrivit la suppression :

En son vivant avoit, pour certain, ordonné
Que les menues gens, ceux qui gaignent le blé,
Ne fussent des Anglois plus prins ne guerroyé.[9]

Malheureusement il mourut dans l’année même. On a vu (ci-dessus, p. 509) comme il fut attaqué et massacré traîtreusement par le méprisable mercenaire Raoul de Caours au commencement d’août 1350.

La mort de Dagworth, surtout en de telles circonstances, mit à néant la mesure de justice édictée par lui. Bien plus, pour venger cette mort les chefs anglais redoublèrent de rigueur, de rapacité et de cruauté, et parmi eux se distingua par une brutalité, une férocité toute particulière, messire Robert Bembro, capitaine anglais de la place de Ploërmel :

« Si s’efforça Bembro de tout son pouoir (dit un vieil auteur d’après l’un des manuscrits de notre poème) venger la mort, de Dagorne (Dagworth) non seulement sur les gens d’armes de la partie de messire Charles, mais aussi détruisit-il les terres et les champs, et les hommes laboreux (laboureurs) et cultiveux des terres print et emmena prisonniers en sa garnison de Ploërmel, et les y tint longuement en grant captivité, sans en avoir aucune pitié…

« Quelle chose voyant le sire de Beaumanoir, qui pour messire Charles de Bloys tenoit lors la ville et chastel de Jocelin atout[10] une grant garnison de Bretons, et considérant les oppressions que lesditz Anglois fesoient aux populaires qui n’avoient espace de arer[11] les terres dont eux et les gens d’armes estoient substantez et nourris, ains[12] convenoit és uns estre fuitifs de leurs propres mansions[13], et les autres estoient prins et achietivez[14], il se transporta un jour de la ville de Jocelin à celle de Ploërmel, sur le sauf conduit dudit messire Bembro, pour traiter de la délivrance desditz pouvres laboreux, et qu’ilz pussent dans leurs maisons en seurté demourer[15]. »

Aux portes de Ploërmel un spectacle étrange frappa les yeux de Beaumanoir, un flot amer de colère et de pitié gonfla son cœur. Des troupes de paysans qui n’avaient pu payer leurs rançons, étaient là les fers aux pieds et aux mains, liés deux à deux, trois à trois, comme des bœufs que l’on mène vendre, en butte aux coups des soudards anglais, voués à leurs prisons infectes.

Malgré sa sagesse et sa modération bien connues, Beaumanoir ne peut contenir son indignation. Dès qu’il aperçut Bembro, il lui dit sans arrogance mais d’un ton sévère :

— C’est grand péché à vous, chevaliers d’Angleterre, de tourmenter de la sorte le menu peuple, les pauvres paysans qui sèment le blé et qui nous procurent en abondance le vin et le bétail. S’ils n’y avait pas de laboureurs, où en serions nous ? Voilà trop longtemps qu’ils souffrent, il faut qu’ils aient la paix à l’avenir. C’est là l’ordre, la dernière volonté de votre chef Dagworth ; hélas ! on ne la respecte guère ! Mais vous, Bembro, l’exécuteur attitré de son testament, je vous somme de l’exécuter[16] !

— Taisez-vous, Beaumanoir ! crie arrogamment Bembro. Ne parlez pas de telles misères. Demain Montfort sera duc de toute la Bretagne, Édouard roi de toute la France, et les Anglais maîtres partout en dépit des Français.

Beaumanoir, qui connaissait le personnage, savait comment il fallait le traiter :

— Vous voilà encore, Bembro, avec vos rêves saugrenus et vos ridicules bravades ; je n’en fais aucun cas. Ceux qui crient le plus haut sont souvent les premiers à lâcher pied. Pour agir en homme sérieux, vous et moi, voici ce qu’il faut faire. Il faut nous rencontrer en face l’un de l’autre à un jour fixé, au nombre de trente, quarante, cinquante champions de chaque côté, et nous battre là rudement, loyalement. On verra alors, sans plus de paroles, de quel côté est le droit.

— Par ma foi j’accepte ! dit Bembro[17].

Beaumanoir, qui ne voulait pas être joué par le pèlerin, insiste :

— N’allez pas manquer à votre parole, Bembro. On fait souvent, surtout après dîner, de grandes fanfaronnades que l’on désavoue ensuite, et cela vous est déjà arrivé, car si vous êtes vaillant, vous êtes léger et retors. Vous aviez pris jour naguère avec Pierre Angier pour un combat du genre de celui-ci ; au jour dit, il était à vous attendre au lieu convenu avec soixante cavaliers ; vous, Bembro, on ne vous vit pas. N’allez pas me jouer le même tour, il vous en cuirait[18].

Bembro jure solennellement qu’il sera le premier sur le champ de bataille. Puis on convient du nombre des combattants : trente de chaque bord ; — du lieu de la rencontre : le chêne de Mi-Voie, à moitié route entre Ploërmel et Josselin ; — de la date : le samedi 16 mars 1351[19] ; — et enfin des conditions de la lutte qui furent celles du combat à volonté, c’est-à-dire que chacun des soixante champions eut toute liberté de se battre comme il lui plairait soit à pied, soit à cheval, avec les armes qu’il voudrait, sans autre obligation que d’observer dans ce combat les règles de la loyauté chevaleresque[20].

Ainsi la bataille des Trente ne fut résolue, livrée, que pour convaincre d’ignominie, aux yeux du monde entier, la brutale et féroce rapacité des Anglais envers les pauvres laboureurs. Outre la vaillance incomparable des Bretons dans cette lutte, ce qui en fait la grandeur, ce qui lui assure à jamais l’hommage de l’humanité, c’est d’avoir été soutenue pour la cause même de l’humanité, pour la défense des petits et des faibles, et d’avoir dressé fièrement, devant l’abus de la force pratiqué par une politique sans cœur, la suprême protestation du droit et de la justice.


  1. Extrait du tome III de l’Histoire de la Bretagne, par M. Arthur de la Borderie.
  2. L’histoire du combat des Trente se fonde sur deux témoignages contemporains de l’événement : les Chroniques de Froissart, et un poème ou, si l’on veut, une chronique rimée émanant probablement d’un témoin oculaire, intitulée : La Bataille de XXX. Englois et de XXX. Bretons, ou simplement la Bataille des Trente, — car au moyen-âge et chez nos anciens historiens cette lutte fameuse est toujours appelée bataille et non combat. Le récit spécial assez étendu qu’en donne Froissart est au tome IV de l’édition Luce, p. 110 à 115 et 338 à 340. Deux mentions incidentes de la bataille des Trente se rencontrent encore dans le même chroniqueur, l’une à l’année 1348, même édition, même volume, p. 70 et 302, l’autre à l’année 1377, édit. Luce continuée par M. Raynaud, t. IX, p. 4.

    Quant au poème, l’original n’existe plus ; il en reste deux copies écrites à la fin du XIVe siècle ou au commencement du XVe, l’une en Bretagne, l’autre en Picardie dans laquelle les noms propres sont affreusement estropiés, l’une et l’autre présentant de nombreuses lacunes mais se complétant l’une par l’autre et formant ainsi un ensemble de 38 laisses ou couplets monorimes à la façon des chansons de geste et de 584 vers de douze syllabes. — La copie picarde, ayant appartenu à un érudit du XVIIe siècle nommé Bigot, et dite pour cela Ms. Bigot, existe à la Bibliothèque Nationale dans le ms. fr. 1555, f. 50 vo » à 58 vo ; elle a été éditée par Crapelet en 1827 et en 1835. La copie bretonne, que nous appelons Ms. Didot parce qu’elle provient de la célèbre bibliothèque Firmin Didot, est aussi actuellement à la Biblioth. Nationale, sous la cote nouv. acq. fr. 4165 ; elle se compose de 8 feuillets vélin in-4o et est encore inédite. — Dans nos citations et nos renvois, nous indiquons le chiffre de la laisse à laquelle appartiennent les vers cités ou analysés, et la page de l’édition Crapelet où ils figurent.

  3. Froissart-Luce VI, p. 111 et 338.
  4. Pendant la guerre de Bretagne, pour dominer le pays de Retz et s’approprier le commerce de la baie de Bourgneuf, les Anglais élevèrent au fond de cette baie le fort du Colet. Le roi d’Angleterre livra au capitaine et à la garnison de ce fort trente paroisses sur lesquelles il leur abandonna le pouvoir (le lever « les ranceons, » c’est-à-dire trente paroisses à tondre, piller, ruiner systématiquement ; la charte royale qui organise ce brigandage, datée du 20 mars 1362, nous a été conservée ; ces paroisses sont : Bouaie, Fresnai, Pont Saint-Martin, Rezé, Saint-Lumine de Contais, Port Saint-Père, Saint-Philbert de Grandlieu, le Pallet, Indret, Bouguenais, Saint-Jean de Bouguenais (auj. Saint-Jean de Boiseau), le Pellerin, Sainte-Pazanne, Saint-Hilaire de Chaléon, Brains, Aigrefeuille, Vertou Château-Thébaud, Haute et Basse Goulaine, le Loroux-Botereau, Geneston, Saint-Sébastien près Nantes, Roche-Ballu (en Bouguenais), le Bignon, Pilori (en Cheix), le Coin (auj. S. Fiacre), Montbert, Vallet, Pont-Rousseau, Saint-Léger, Cheix. (Voir Rymer, édit. 1816, III, 2e part. p. 642, cf. René Blanchard, Le pays de Retz et ses seigneurs pendant la guerre de Cent Ans, p. 8-9). On le voit, c’est tout l’Outre-Loire nantais, de la baie de Bourgneuf à la frontière angevine : la ruine de tout un pays savamment organisée, ce n’était pas trop pour l’appétit de ces rapaces.
  5. Sur cette question des rançons voir spécialement, le compte de Gilles de Wyngreworth, de la S. Michel 1359 à la S. Michel 1360, existant à Londres. (Record Office, Exchequer, Q. R. The realm of France, 482/7). Document communiqué par M. J. Lemoine.
  6. Plumoison, dit aujourd’hui Plumasson, répond à la situation actuelle du Chêne-Vert, sur la rive gauche de la Rance.
  7. Rotuli Parliamentorum tempore Edwardi regis III. Rotulus Parliamenti tenti apud Westmon. die Lune proxima post festum S. Georgii, anno regni regis Edwardi III quinquagesimo (1376), p. 324b à 326b (Biblioth. Nat. Imprimés).
  8. Enquête de canonisation de Charles de Blois, 56e témoin, dans D. Morice, Preuves, II, col. 24 ; et Froissard, édition Luce, VI, p. LXXII.
  9. Laisse 3, ms. Didot., cf. édit. Crapelet, p. 14.
  10. Avec.
  11. Moyen de labourer.
  12. Mais.
  13. Maisons.
  14. Retenus en captivité.
  15. Pierre Le Baud, Histoire de Bretagne inédite ; Bibliothèque Nationale, ms. fr. 8266, f. 238.
  16. « Le testament Dagorne (Dagwortth) est bientost oublié
    Executour en estes : qu’il soit exécuté ! »

    (Laisse 3, Crapelet p. 15). Le dernier vers manque dans Crapelet, mais il est dans le ms. Didot.

  17. Laisses 3 et 4, édit. Crapelet, p. 15 et 16.
  18. Laisses 5 et 6 du poème dans le ms. Didot : elles manquent dans le ms. Bigot et par conséquent dans l’édition Crapelet
  19. Jusqu’ici tous les historiens qui ont parlé de la Bataille des Trente la mettent le 27 mars 1351, c’est aussi la date inscrite sur la pyramide commémorative de Mi-Voie. Cette date est fausse d’un jour. D’après le poème contemporain, ce combat fut livré le samedi, veille du dimanche Lœtare Jherusalem, c’est-à-dire du quatrième dimanche de Carème. En 1351, Pâques tombant le 17 avril, le dimanche Lœtare était le 27 mars, et par conséquent la veille de ce dimanche, jour du combat des trente, était non pas le 27 mars, mais le 26. Voir le titre et la conclusion du poème, edit. Crapelet, p. 13 et 25 ; et la laisse 34. Crapelet. p. 30.
  20. Laisse 7, Crapelet, p. 16, Mais dans l’édition Crapelet et ms. Bigot, il manque trois vers de cette laisse et les plus importants ; la voici complète, d’après le ms. Didot :

    Ainsi fut la bataille jurée par tel point,
    Et que sans nulle fraude loyaulment le feroint,
    Et d’un costé et d’aultre touts à cheval seroint,
    Ou trois, ou cinq, ou six, ou toutz, se ilz vouloint,
    Sans election d’armes ; ainxin se combatroint
    En guise et manière que chascun le vouldroint.