La Chanson d’Ève/Ô blanche fleur des airs

La bibliothèque libre.

Société du Mercure de France (p. 122-123).

*

Ô blanche fleur des airs,
Fleur de l’inexistence,
Aux immobiles mers
De radieux silence.

Comme la mort tu luis
Dans un ciel solitaire ;
De toi toute la terre
Est pâle, cette nuit.

Ô lune ! vers tes cimes
D’irrespirable paix,
Quels frissons unanimes
Montent de ces bosquets


Vers tes calmes rivages,
Du sein tremblant des flots,
Quelle plainte sauvage
S’exhale, et quel sanglot !

Ô blanche fleur qui vois
Notre âme inassouvie,
Attire-nous à toi
Au-delà de la vie !